Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/275

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on a pu tomber dans une erreur aussi palpable, comment on n’a pas vu que 1| haut prix des grains n’est pas la cause mais l’effet de leur disette. Prétendre baisser les prix sans faire cesser la disette, c’est aller contre la nature des choses, c’est vouloir que ce qui doit être cher soit à bon marché, c’est vouloir rendre les prix indépendans de la rareté ou de l’abondance, c’est vouloir l’absurde.

Si, ce qui est heureusement impossible, on parvenait à faire vendre les grains au-dessous de leur prix vénal, on aggraverait le mal auquel on prétend remédier. La baisse du prix occasionerait une plus grande consommation que celle que permet l’approvisionnement, et la famine, qu’on aurait pu éviter par le haut prix, serait rendue inévitable par le bas prix : on ferait donc évidemment le contraire de ce qu’on devrait faire, et les peuples auraient plus à souffrir de l’impéritie des gouvernemens que dés calamités des saisons. Heureusement les mesures des gouvernemens contre le commerce des grains sont impuissantes pour en faire baisser le prix vénal ; on n’en a rien à craindre à cet égard ; mais elles n’en sont pas moins malfaisantes sous d’autres rapports.

Ces mesures éloignent de ce commerce les négocians probes et éclairés dont le principal objet eût été d’égaliser les approvisionnemens sur tous les points du pays, et de rendre les souffrances partout supportables par le nivellement des privations. Ce soulagement ne peut plus avoir lieu