Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/287

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qu’ils ont acquise reste stationnaire. Si, comme on le verra au mot Richesses, elles consistent dans l’excédant des produits sur les besoins, dans l’aisance, les commodités et les jouissances physiques, morales et intellectuelles, l’état progressif des grains et de la population leur est tout-à-fait inutile et peut même leur être contraire.

Mais de ce que la progression des subsistances n’est pas une condition absolue et indispensable de la progression de la richesse, il ne s’ensuit pas qu’on ne doit pas mettre le plus grand prix à leur abondance. Aussi n’y a-t-il sur ce point aucun dissentiment ni parmi les écrivains ni parmi les gouvernemens. Tous conseillent ou prescrivent l’abondance des grains, parce qu’elle assure la subsistance du peuple, la stabilité du gouvernement et la tranquillité générale ; mais on est arrêté par une grande difficulté qu’il n’est pas facile de surmonter. L’abondance des grains produit leur bon marché ; le bon marché décourage le producteur et le porte à restreindre la production afin de se préserver de l’abondance qui le ruine.

De là sont nés deux systèmes :

Le monopole du marché national en faveur du producteur ;

Et outre ce monopole, une prime pour l’exportation des grains.

Mais aucun de ces systèmes n’a produit l’effet qu’on en attendait dans les deux pays les plus éclairés de l’Europe.