tion des objets matériels qui supplée à leur abondance et la perpétue. On n’a pas encore de notions suffisantes de l’étendue des accumulations qu’un pays peut effectuer ; ne fussent-elles capables de suffire qu’aux besoins d’une année, et cela n’est pas impossible, un peuple est à l’abri des calamités de la pauvreté et de la misère, et pourrait se dire véritablement riche. On doit donc regarder l’accumulation comme un des plus grands moyens de richesse.
Si la bonté de la nature fournissait à tous les habitans d’un pays les objets matériels qui composent la richesse, et si elle les leur dispensait dans la proportion de leurs désirs, le pays serait riche au plus haut degré, et l’on ne serait jamais dans le cas d’apprécier la valeur des objets qu’il consomme ; la richesse serait entièrement indépendante de sa valeur.
Mais comme la nature n’est libérale envers l’homme qu’autant qu’il mérite ses bienfaits par son travail, et que les hommes ne jouissent des produits de leur travail, que par l’échange qu’ils font de ceux qu’ils ont de trop avec les produits des autres travaux, il en résulte que l’abondance des objets matériels sans la possibilité de leur échange réduirait le pays le plus abondant à une pauvreté absolue. Tous éprouveraient le sort de Tantale, et seraient condamnés au supplice de la faim, de la soif et de tous les besoins physiques, au milieu de l’accumulation et de l’accroissement