Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/463

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Malthus veut en effet qu’on détermine l’échelle de la fécondité des travaux sur la matérialité de leurs produits, et par conséquent il reproduit, sans s’en apercevoir, l’erreur qu’il vient d’abandonner, confirme les conséquences d’un principe dont il reconnaît la fausseté, incorpore la vérité avec l’erreur, et compose un monstre révoltant.

Si, comme on ne peut le méconnaître, tout travail est productif jusqu’à concurrence de sa valeur vénale, c’est sur cette valeur et non sur la matérialité de leurs produits que doit se former l’échelle de leur fécondité respective : toute autre règle serait fausse et arbitraire.

Si en effet les économies, employées à l’entretien des services, stimulent les travaux productifs d’objets matériels, beaucoup plus que les économies placées dans les manufactures, je ne vois pas comment ces services ne seraient pas plus productifs de la richesse que les travaux productifs d’objets matériels.

« La grande objection contre l’échelle de fécondité des divers travaux, dit M. Malthus, est qu’elle fait dépendre la fécondité du travail du paiement qu’il reçoit, et non de la qualité de ses produits, tandis qu’il est une foule de travaux qu’on ne paie pas, et qui sont aussi productifs que ceux qu’on paie. Tels sont ceux dont les produits, propres aux subsistances et aux autres nécessités de la vie, sont consommas sans échange, et par conséquent ne nécessitent aucun paiement. »