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ACC

dire, qu’ils augmentent tous les jours. Acad. Fr.

ACCUMULÉ, ÉE. part. Accumulatus, Congestus. Ce mot vient d’accumulatio, accumulare. Ad & cumulus, monceau.

ACCURBITAIRE. adj. m. qui se dit d’un ver du corps humain. Le ver qu’on appelle le Tænia, ou le solitaire, ou ver plat, quelques-uns le nomment Ver accurbitaire. M. Valisniéri prétend que les vers accurbitaires sont un amas de plusieurs petits vers joints ensemble, & qui se tiennent les uns aux autres pour éviter plus surement quelques dangers, tels que seroient certains sucs dangereux contenus dans les intestins. Rien n’est plus singulier que les preuves qu’il apporte de cette étrange supposition. Nous parlerons du Tænia, ou Solitaire en sa place.

ACCURSE. s. m. Accursius. Nom propre de trois savans Italiens. Les deux premiers, père & fils, célèbres Jurisconsultes du xie siècle, & le troisième, savant Critique du xvie siècle.

ACCUSABLE. adj. Qui peut être accusé. Danet. Le même Auteur n’a pas été si hardi dans son Dictionnaire Latin & François, où il s’est contenté de rendre accusabilis, par digne d’être blâmé ou repris ; repréhensible ou blâmable. On trouve accusabilis, Accusable dans le petit Dictionnaire de Boudot. On le trouve aussi dans le Dict. de l’Acad. Fr. Notre Langue a bien des mots qui ne valent pas celui-là. Tout ce qu’on peut faire, c’est de lui souhaiter une bonne fortune.

ACCUSATEUR, ACCUSATRICE. s. m. & f. Celui ou celle qui accuse, qui impute un crime à quelqu’un, & en poursuit la réparation en Justice. Accusator, accusatrix. Par le Droit civil il n’y avoit point d’accusateur public. Chaque particulier, soit qu’il eût intérêt au crime public, ou non, pouvoir accuser, & conclure au châtiment de l’accusé. En France il n’y a que le Procureur-Général, ou les Substituts préposés dans chaque Siége, qui se puissent constituer accusateurs ; c’est à eux seuls qu’appartient la vengeance publique. La partie civile ne peut conclure qu’à la réparation, & aux intérêts, & non pas à la punition du criminel. Mais il requiert la jonction des gens du Roi qui ont seuls droit de conclure à la punition corporelle. C’étoit autrefois une chose odieuse, que de passer pour accusateur. Quintilien l’a dit avant moi, & a mis en proverbe, Accusatoriam vitam agere. Et parce qu’il y eut un Brutus qui fit à Rome cet infame métier, & qui fut appellé l’Accusateur, Cicéron l’appelle pour cela le déshonneur de la famille des Juniens. Balz.

☞ Se rendre Accusateur, être reçu Accusateur. Nul ne peut être reçu Accusateur en France, à moins qu’il n’ait un intérêt personnel dans la poursuite du crime. L’Accusateur défère un crime à la justice, en se déclarant partie civile. Le dénonciateur révèle aussi un crime, mais dont la réparation ne l’intéresse point personnellement, & sans se rendre partie civile, Voyez ces mots.

☞ Ce mot s’emploie au figuré. Au dernier jour nos peines se présenteront comme autant de cruels Accusateurs. Nicol. En quelque endroit que se trouve un parricide, il rencontre un Accusateur, un Juge & un Bourreau. Le Maître.

ACCUSATIF. s. m. Terme de Grammaire. C’est le quatrième cas des noms qui se déclinent. Accusandi casus, accusativus. Il marque & désigne le terme d’une action, ou d’un rapport, le sujet où passe l’action du verbe, ou de la préposition. Un verbe actif régit l’accusatif. Il y a des prépositions qui demandent après elles un accusatif. En François l’accusatif est semblable au nominatif.

ACCUSATION. s. f. En Jurisprudence, c’est en général la délation d’un crime ou d’un délit faite en Justice, ou par une partie privée, ou par la partie publique. Accusatio. C’est une action en justice par laquelle on impute un crime à quelqu’un, dont on poursuit la réparation. Dans cette action, la partie civile demande réparation des torts que lui a occasionnés le crime ou délit, ou des dommages & intérêts ; & la partie publique conclut à des peines corporelles. Vous ferez bien de prévenir une accusation si redoutable, ou de la repousser vigoureusement, si elle est déjà formée. Ablanc. Susciter une accusation capitale. Il y a vingt chefs d’accusation contre ce criminel. L’accusation des crimes privés n’étoit recevable par le Droit Romain qu’en la bouche de ceux qui y avoient intérêt : pour les crimes publics, l’accusation pouvoit être intentée par quiconque la vouloit entreprendre. La poursuite d’un délit particulier s’appeloit simplement action. Autrefois en France si l’accusation étoit grave, il en falloit venir à un combat ; si elle ne l’étoit pas, tout accusé étoit tenu de se purger du moins par serment. Il n’y étoit reçu qu’en faisant jurer avec lui des gens de sa profession, de son sexe, de sa parenté, ou du moins de son voisinage, gens sans reproche, domiciliés, & connus de l’accusateur. Le Juge en fixoit le nombre : il pouvoit les nommer d’office ; on les tiroit quelquefois au sort. C’étoit ordinairement l’accusé qui les présentoit ; & rarement en laissoit-on le choix à l’accusateur. Le Gendre.

Accusation, se dit par extension, de toute imputation qu’on peut faire à quelqu’un pour quelque faute que ce soit. Vous m’accusez de paresse, de peu d’exactitude : cette accusation est sans fondement.

☞ Accusation, synonyme de confession. Déclaration sincère de ses péchés, faite au Prêtre dans le tribunal de la pénitence. Confessio. Il faut faire une sincère accusation de ses péchés au Prêtre.

ACCUSER. v. a. Intenter une action criminelle contre quelqu’un, soit en son nom, soit sous le nom de la partie publique, qui est toujours le Procureur-Général, ou son Substitut. Accusare. Il n’appartient qu’au mari d’accuser sa femme d’adultère. On a accusé de concussion un tel Officier. Caton, l’homme le plus juste de son siècle, avoit été accusé 42 fois, & absous 42 fois. Dans l’esprit de la plûpart des gens, c’est assez d’être accusé pour être coupable. Voit. Un homme de bien accusé injustement, ôte à la prison même ce qu’elle a d’ignominieux. Bouh.

Accuser, signifie quelquefois simplement, reprocher. Imputer à quelqu’un une faute, grave ou légère, un dèfaut, un ridicule. Tous ses amis l’accusent de paresse à faire réponse aux lettres. On accuse les François de légéreté & d’imprudence.

On accuse souvent de beaux yeux, dont toute la force est dans la foiblesse du cœur qu’ils ont blessé. S. Evr. Je ne m’accuse que de trop de délicatesse pour mes amis, bien loin de les négliger. Id.

Ma juste impatience
Vous accusoit déjà de quelque négligence. Rac.

Accuser, signifie aussi, impugner un acte, contester sa validité à cause de quelque défaut essentiel. Impugnare. Accuser un acte de faux. Accuser un testament de suggestion.

Accuser, signifie aussi, confesser sa faute, ou nommer, déclarer ses complices. Confiteri. Il faut accuser ses péchés. Il faut qu’un pénitent s’accuse franchement de ses péchés, les déclare au prêtre dans le tribunal de la confession. Ce criminel a tout avoué, il a accusé tous ses complices. Il a accusé bien des gens dans son testament de mort.

☞ On dit d’un criminel qui avoue son crime, qu’il s’accuse lui-même. Le remords a quelquefois obligé les criminels à s’accuser eux-mêmes. Les persécuteurs semblent s’accuser eux-mêmes de n’être pas bien convaincus de l’évidence & de la force de leurs raisons, puisqu’ils emploient la violence.

Accuser, signifie aussi simplement, déclarer. Enunciare. On dit à certains jeux de cartes, accuser son jeu, accuser son point ; & en style de Marchands, accuser la réception d’une lettre ; pour dire, déclarer ce que les règles veulent qu’on déclare. Déclarer combien on a de point ; déclarer qu’on a reçu une lettre.

Accuser. Terme de Peinture, donner une idée juste de ce qui est couvert, par les surfaces de ce qui couvre. Accuser les os, les muscles sous la peau. Accuser le nu par les plis des draperies. Acad. Fr.