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BLA

Une traduction d’une épitaphe de l’Arétin, dit :

Son encre noircit la mémoire
Des Monarques, de qui la gloire
Est vivante après le trépas ;
Et s’il n’a pas contre Dieu même
Vomi quelqu’horrible blasphème,
C’est qu’il ne le connoissoit pas.

L’Italien est plus serré, & d’un style plus badin & plus enjoué :

Qui giace l’Aretin Poëta Tosco,
Che d’ognun disse malo, for che di Dio
Scusando si col dir io n’ol conosco.

Blasphème. Comme il y a une parole intérieure, & une extérieure, il y a deux sortes de blasphème, l’un intérieur, qu’on appelle blasphème de cœur ; & l’autre extérieur qu’on appelle blasphème de bouche. On peut aussi donner le nom de blasphème extérieur au mépris qu’on fait de Dieu par des mouvemens de tête, & par des gestes outrageans & injurieux. Conf. d’Angers.

On peut être coupable du blasphème extérieur en trois manières. La première s’appelle énonciation ; c’est quand en affirmant ou niant quelque chose, on fait injure à Dieu, comme lorsqu’on lui attribue ce qui ne lui convient pas, ou qu’on s’efforce de lui ôter ce qui lui convient. La seconde manière est quand on blasphème avec imprécation & exécration contre Dieu, lui souhaitant du mal & le maudissant, qui est le péché des démons & des désespérés. La troisième manière, quand on parle de Dieu & de ses attributs d’une manière outrageante, ou avec mépris, ou par moquerie. Confér. d’Angers.

On appelle blasphème contre le Saint-Esprit, quand on résiste à la vérité, comme en attribuant ses œuvres au démon, ainsi que faisoient les Juifs, qui disoient que les miracles que faisoit J. C. Venoient de la puissance de Béelzébuth.

C’est aussi un blasphème que d’attribuer à la créature ce qui ne peut convenir qu’à Dieu, par exemple, ceux qui disent qu’une chose qu’ils affirment, est aussi vraie, qu’il est vrai qu’il y a un Dieu, que Dieu est au Ciel, &c. font véritablement un blasphème, parce qu’ils égalent la créature à Dieu.

Blasphème, se dit aussi des paroles impies & injurieuses que l’on dit des Saints, des choses saintes, des mystères de la Religion. ☞ Il peut avoir les mêmes espèces & les mêmes qualités que celui qui se fait directement contre Dieu. Voyez saint Augustin, saint Thomas, les Théologiens Scholastiques, & les Casuistes. Voyez sur les blasphèmes & les Blasphémateurs, le VIe titre du Liv. III, du Traité de la Police de M. de la Mare.

Blasphème, se prend quelquefois, en style bas & burlesque, pour un adjectif, & signifie Blême, pâle.

Voyant Damon blême
Je dis à l’instant,
Tu changes biens promptement
En ta mine blasphème
Ton teint de safran.

☞ BLASPHÉMER. v. n. Proférer un blasphème, des blasphèmes. Atroces in Deum voces jactare, impia in Deum verba proferre, profundere. Vous blasphémez. Vous ne sauriez dire cela sans blasphémer. Blasphémer contre Dieu.

☞ On l’emploie quelquefois activement. Parler ainsi, c’est blasphémer le saint Nom de Dieu.

Blasphémer, se dit quelquefois dans un sens plus étendu, pour médire, dire du mal de quelqu’un. Maledicere. C’est ainsi que saint Paul le prend sans son Épître à Tite, C. III, v. 2. Avertissez-les… de ne parler mal de personne. Bouhours. Il y a dans le grec & dans la Vulgate, de ne blasphémer personne. Saint Augustin le prend encore dans ce sens au second livre des mœurs des Manichéens, C. II. On dit non-seulement blasphémer quelqu’un, ou quelque chose, mais encore blasphémer contre quelqu’un, ou contre quelque chose. Ils blasphèment contre la Majesté souveraine. Bouh, Saint Jude, v. 8. Pour eux, ils blasphèment contre tout ce qu’ils ignorent. Id. Ibid. v. 10.

Blasphémer, se dit dans les mêmes sens que blasphème. Voyez ce mot.

Nicot dérive ce mot du grec, βλάπτειν φήμην, c’est-à-dire, blesser l’honneur & la réputation. Eustathius le dérive de βάλλειν ταῖς φήμαις, attaquer par ses discours.

BLASTENGE. s. f. Vieux mot. Ressentiment. Blastinguer signifioit blâmer.

BLATIER. s. m. Marchand qui va acheter du blé dans les greniers de campagne, pour le transporter & le revendre dans les marchés des villes & gros bourgs. ☞ Celui qui achète le blé, disent élégamment les Vocabulistes, sur les greniers de campagne ou sur quelques marchés, pour l’exposer sur d’autres marchés. Frumentarius. Il y avoit à Paris, au temps de saint Louis, une Communauté de Blâtiers, & ce Prince leur donna des Statuts, comme à tous les autres corps des Marchands & Artisans. M. de la Mare les rapporte dans son Traité de la Police, Liv. V, tT. II, c. 2. Il y a plus de trois siècles que ceux qui composent cette ancienne Communauté, à Paris, ont été réduits à ne vendre des grains qu’à petite mesure ; qu’ils se trouvent nommés dans les Règlemens, Revendeurs de grains, Regratiers, ou Grainiers ; & que ceux qui font le grand commerce, ont pris le nom de Marchands de grains. Ainsi le nom de Blâtier est demeuré à certains petits Marchands forains, qui vont avec des chevaux ou des ânes, chercher du blé dans les campagnes éloignées des grandes villes & des rivières, & l’amènent à somme dans les marchés de proche en proche, jusqu’à ce qu’il soit arrivé aux lieux où il s’en fait une plus grande consommation ; ou bien, proche des rivières, où ils le vendent aux Marchands qui chargent pour les provisions des grandes villes. De la Mare. Traité de la Police, Liv. V, T. VI. L’on a autrefois agité la question sur ce commerce de Blâtiers, s’il étoit plus utile que dangéreux au public. Id. ibid. Où il rapporte le pour & le contre.

Ce mot s’est fait de bladum, blé ; d’abord on a dit Bladier, & puis, par le changement du d en t, qui arrive souvent, Blatier, & pour rendre l’a long, Blâtier.

BLATTA BYZANTIA. s. m. Terme de Pharmacie, ou ungis odoratus. C’est un coquillage long comme la moitié du petit doigt, mince & de couleur de châtaigne. Il renferme un petit poisson longuet, rouge, odorant, qui se trouve dans les lacs des Indes Orientales, & qui a l’odeur du Nard : les coquilles n’ont point d’odeur lorsqu’elles n’ont plus le poisson. On a trouvé que ce coquillage venoit de Constantinople, autrefois Byzance, à cause de sa ressemblance à l’ongle. Et c’est ce qui lui a fait donner le nom de blatta byzantia, comme on l’appelle unguis.

☞ BLATTE. s. f. Blatta. On a appelé de ce nom plusieurs petits insectes de différentes espèces. Aujourd’hui, selon Linnæus, on ne doit reconnoître, sous le nom de blatte, que les insectes dont les Antennes sont longues & menues, & dont les enveloppes, ou fourreaux des ailes sont membraneuses, & qui ont la poitrine aplatie, arondie & bardée : telles qu’on en trouve sur les lunettes des latrines, dans les bains, les étuves & les boulangeries. Encyc.

☞ BLAUBEREN. Petite ville d’Allemagne, en Souabe, dans les états du duc de Wirtemberg.

☞ BLAVET. Petite ville de France, en Bretagne, sur la rivière du même nom, diocèse de Vannes. Il n’est presque plus parlé de Blavet depuis que le Port Louis a été bâti sur la même rivière, une demi-lieue au dessous. Cette nouvelle ville a presqu’entièrement détruit l’ancienne.

☞ La rivière de Blavet a sa source au diocèse de Quimper-Corentin, & son embouchure dans l’Océan, à Port-Louis, dont on vient de parler.

BLAVET. Voyez Bluet.

BLAYE. Ville de France, dans le Bourdelois, en Guienne. Bluvia.

BLAYER. Voyez Bladage, & Blairie.