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BOR

Ainsi, selon Galien, le borborygme ne fait que peu de bruit & n’est pas fréquent, & non-seulement il a le son d’un liquide, mais il sort avec un peu d’humidité. Le borborygme est proprement un bruit qui se fait entendre dans les gros intestins par des vents ou flatuosités qui les distendent & courent de cellules en cellules dans leurs circonvolutions. Ce bruit ou murmure est un symptôme ordinaire des indigestions, des coliques, des affections hypocondriaques & histériques. Il dépend des mêmes causes & demande les mêmes remèdes, particulièrement les carminatifs. Ce mot est grec, Βορϐορυγμος, intestinorum tumultus : il vient du verbe Βορϐορυζω, strepidum edo, je fais du bruit. Col de Villars.

☞ BORCKLOEN. Petite ville du pays de Liège, au Comté de Loez ou Loolf, entre Tongres & S. Tron.

☞ BORCKHOLT, Borcholtum. Petite ville d’Allemagne, en Westphalie, dans l’Etat de l’Evêque de Munster, sur l’Aa.

BORD. s. m. Ce qui termine, ce qui est aux extrémités de quelque chose, parties les plus éloignées du milieu d’une étendue limitée. Ora. Le bord de la mer, Littus. Le bord de l’eau, ripa. Il ne fut pas plutôt à l’autre bord du Fleuve, qu’il fut enveloppé par les ennemis. Ablanc. Bord d’une fontaine, margo. Bord d’un précipice, crepido. Bord d’un fossé, labrum.

On ne repasse point le rivage des morts,
Et l’on ne voit jamais deux fois les sombres bords. Rac.

On dit aussi, le bord d’un verre, rouge bord, une rasade d’une assiète, le bord d’une jupe, le bord d’un manteau. Ora.

Ce mot est pur allemand. Ménage dit que le françois & l’allemand viennent du latin Orlum, qui a été fait de Ora, d’où nous avons fait aussi ourlet. De Gange prétend qu’on a dit bordus dans la basse latinité, en la signification de bord.

Bord, signifie aussi, un ruban, un galon, une dentelle, qu’on met aux extrémités d’un chapeau, d’une jupe, & sur des coutures, ou sur les ouvertures des habits. Limbus.

Bord, ou Boqdare, en Botanique margo. On dit, cette feuille est dentée par les bords. Ce pétale a les bords échancrés.

Bord, en termes de Marine est souvent synonyme à vaisseau. Il est allé à bord de l’Amiral. Navis Pretoria. Il lui a donné à dîner sur son bord. Il a obligé ce vaisseau ennemi d’abattre le pavillon, & de venir à son bord. Etre à bord c’est être sur le vaisseau. Aller à bord, pour dire, aller au vaisseau.

On appelle aussi un vaisseau de haut-bord un grand bâtiment à voiles, à la différence des galères, pataches, & des petits bâtimens qu’on appelle de bas-bord.

On appelle bas-bord, le côté gauche du navire. Latus sinistrum ; & tribord, dextribord ou tienbord, le côté droit, eu égard à la main du patron, qui est à la poupe. Latus dextrum.

On dit des vaisseaux corsaires, qu’ils courent le bon bord ; pour dire, qu’ils piratent ; & figurément on le dit des femmes impudiques, qui courent dans les mauvais lieux. On dit aussi, renverser le bord, ou changer le bord ; pour dire, revirer le navire, & naviger sur un autre aire de vent. Rendre le bord, c’est venir ancrer, ou donner fond dans quelque port ou rade. On dit, courir bord sur bord ; pour dire, louvoyer & gouverner tantôt à droite, tantôt à gauche. Courir même bord que l’ennemi, c’est faire les mêmes mouvemens, gouverner comme lui. On appelle, faire un bord, ou une bordée, la route qu’on fait jusqu’à ce qu’on soit obligé de virer, & de mettre à l’autre bord.

Lorsque deux vaisseaux se rangent de fort près, & presque à se toucher par leurs travers, on dit qu’ils font bord-à-bord. On dit de bord à bord, pour dire, louvoyer autant sur un côté du vaisseau que sur un autre. On dit, un bord qui alonge ; pour dire, que la bordée que l’on court, lorsque le vent est contraire, sert à la route. On dit encore que l’on a fait un bon bord, pour dire, que l’on a gagné ou avancé à sa route étant au plus près du vent.

Bord à la terre, Bord au large. Terme qu’on emploie, lorsqu’on parle d’un vaisseau qui court à la mer, & recourt à terre.

Plat-Bord. s. m. Terme de Marine. Les plats-bords d’un bateau sont les pièces de bois qui font le dessus du bordage d’un bateau, & qui règnent d’un bout à l’autre. Dans les bateaux foncets, le plat-bord a environ dix-huit toises de chaque côté. Summa lateris pars ; tignum lateris summum, ou superius. Caron.

Bord, se dit poëtiquement au pluriel, pour dire, des régions environnées d’eau. Les bords Africains. Les bords Indiens. Acad. Fr.

On appelle bord de bassin, la tablette de marbre ou de pierre, ou le cordon de gazon ou de rocaille qui pose sur le petit mur circulaire, carré, ou à pans d’un bassin d’eau. Labrum.

☞ Dans l’usage ordinaire, bord à bord, se dit encore adverbialement en parlant des liqueurs qui remplissent toute la capacité de ce qui les contient. Le vin est bord à bord du verre. L’eau de la rivière est bord à bord du quai.

On dit proverbialement & figurément, qu’un homme est sur le bord d’un précipice ; pour dire, qu’il est en danger de faire une grande chute ; qu’il est sur le bord de la fosse, pour dire, qu’il est vieux ; qu’il a la mort sur le bord des lèvres ; pour dire, qu’il est à l’agonie. On dit aussi, qu’on a une chose sur le bord des lèvres, quand on a de la peine à nommer une chose, qu’on nommera facilement quelque temps après. On dit aussi, boire de rouges bords ; pour dire, boire des verres tout pleins de vin.

Bord, a aussi signifie autrefois, un bâtard à ce que dit du Cange ; d’où Covanuvias a dérivé le mot de bordel, & croit que ce mot venait de burdo, qui signifie un mulet engendré d’un cheval & d’une ânesse. Nothus.

BORDAGE. s. m. Terme de marine. Ce sont les planches qui couvrent les côtes ou les membres du navire en dehors : celles du dedans s’appellent ferrage, ou vaigres. Marginum navis constructio. Les deux planches qui sont des deux côtés de la quille s’appellent particulièrement gabords. Les bordages sont des planches fort épaisses. Tabula crossior. ☞ Il y en a de plusieurs sortes qui ont différens noms suivant les différentes parties auxquelles on les applique.

Bordage, en termes de coutume, est un droit seigneurial dû sur une borde, loge, hôtel, ou maison baillée pour faire les vils services du Seigneur, laquelle ne peut être vendue, donnée, ni engagée par les bordiers ou débiteurs de ce droit. Vectigal clientelaris casæ.

☞ BORDAILLE. s. f. Terme de rivière. Il se dit de la partie d’un bateau foncet, voisine des rebords.

BORDAT. s. m. Petite étoffe, ou tissu étroit, qui se fabrique en quelques lieux d’Egypte, particulièrement au Casse, à Alexandrie, & à Damiette.

BORDAYER. v. n. Terme de Marine. Gouverner tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, lorsque le vent ne permet pas de porter à route. Navim dextrorsùm ac sinistrosùm moderari. Il signifie aussi faire des bordées. Quelques-uns disent bordeger.

BORDE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois une petite maison de campagne. Agrestis casa, mapale, rusticum prædiolum. Bord est un mot saxon qui signifie maison, ou une petite ferme de campagne. De ce mot on a fait aussi autrefois borderie, qui signifioit une petite ferme ; & bordier, pour signifier le Fermier ou le Metayer. Quelques-uns le dérivent de Boaria, c’est-à-dire, lieu à tenir des bœufs. On a dit aussi bourde, & ce mot signifioit une logette, une maisonnette. Ne trouverez meshui ne bourde ne maison.

Dans le grand Terrier d’Angleterre, on trouve des gens appelés Bordarii, que nous pouvons nommer en françois Bordiers. Ils sont distingués des Serfs, Servi, & des Villains, Villani ; & il paroît qu’ils étoient d’une condition inférieure à ceux-là. Ils étoient ainsi appelés du nom bord, qui est le même que le François borde, & qui, selon M. Harris, signifie non pas maison, mais une petite partie de terre, qu’on leur donnoit, à charge