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aussi-tôt, sans qu’on puisse lui donner aucun secours. La poudre de ce fruit brûlé est très-bonne dans les ulcères malins & invétérés, si on en jette dessus.

COCHLEARIA, s. f. plante anti-Scorbutique, qu’on appelle autrement herbe aux Cuillers. Voyez ce mot. Cette plante croît d’ordinaire dans les lieux marécageux, & elle se plaît sur tout à l’ombre. Il s’en trouve grande quantité dans la Hollande & dans l’Angleterre, ce qui lui a fait donner le nom de Batava & de Britannica. On ne se sert en Médecine que de ses feuilles. Si on les fait seulement tremper dans l’eau, & qu’on se serve de cette eau en gargarisme, c’est un très-bon spécifique contre la pourriture des gencives. Si on en met dans le bain, on en voit des effets merveilleux pour la guérison des membres perclus. Il y a une maladie en Allemagne nommée Stomacace ou Scelotybe, pour la guérison de laquelle cette plante est employée avec succès. Malimbrochius a donné un Traité sur cette plante, qu’il a intitulé Cochlearia curiosa. Il y apprend la manière d’en tirer du vin, du syrop, de l’eau distillée, &c. Il y explique toutes ses propriétés, & particulièrement celle qu’elle a contre la pourriture, & tous ses usages particuliers.

COCHOIR. Voyez Toupin.

COCHOIS, s. m. terme de Cirier. Outil de bois, dont les Epiciers-Ciriers se servent pour équarrir leurs flambeaux.

COCHON, s. m. animal quadrupède, à piés fourchus, & qui ne rumine pas. Sus. Il est de la même espèce que le Sanglier. Cet animal, le plus brut de tous les quadrupèdes, est assez connu. Des langues de cochon fumées, fourrées, &c. Un groin de cochon, des côtelettes de cochon, des piés de cochon, que quelques-uns appelle bas de soie. Les Mahométans ne mangent point de cochon, par ce qu’ils le regardent comme un animal immonde.

Les Athlètes mangeoient de la chair de cochon, & ils en faisoient cinq ou six repas par jour. En effet l’expérience apprend que ceux qui en mangent plus souvent, comme les paysans & le menu peuple, sont aussi plus forts que nous, & plus capables d’exercices violens & continus. Baudelot.

Ménage dérive ce mot de ciacco, signifiant la même chose, qu’il dérive du grec σύῦαξ ? (suuax ?). Voyez ses raisons.

On dit, en termes fort bas, d’un homme qui ne songe qu’à manger & à dormir : Qu’il mène une vie de cochon, que c’est un gros cochon. Ventricosus, helluo, pingui omaso tensus. On appelle aussi de petits yeux, des yeux de cochon.

Cochon de lait. Petit cochon qui tête encore. Porcus lacteus. Les cochons de lait sont fort bons rotis & à la daube. La chair des cochons de lait est trop chargée d’humidité superflue, & trop visqueuse, pour être mise au nombre des meilleurs alimens. On estime plus celle d’un jeune porc, qui est hors de dessous la mere, & qui a commencé à prendre un nourriture plus solide que le lait : elle est d’un goût exquis, & d’un usage bien meilleur pour la santé. De la Mare, Tr. de la Pol. T. XXII, où il cite Galien, Brueryn, Campeg. Isaac. Jud. & Simeon Sethi. Cochon qui ne tête plus. Porcus à lacte depulsus.

☞ On appelle Langueyeurs de cochons, certains Officiers commis dans les marchés de cochons pour les visiter sous la langue, afin de voir s’ils sont ladres.

Cochon & pourceau, considérés comme synonymes. Le mot de cochon convient à ces animaux à tout âge. Un cochon de lait. Un vieux cochon. Pourceau ne se dit que des grands. On ne dit point un pourceau de lait.

Cochon d’Inde est un petit animal qui grogne comme un cochon, & qui n’est pas plus gros qu’un lapin. Porcus Indicus. ☞ Ses oreilles sont arrondies & transparentes. Il n’a point de queue : son poil, qui est court, peut être comparé à celui de nos cochons. Il y a dans l’Amérique une espèce particulière de cochon, qui a un évent sur les reins comme un nombril. La chair en est aussi bonne & aussi saine que celle de nos porcs-sangliers.

Cochon d’eau, que les Portugais nomment Capivard. Voyez ce mot.

Cochon-Maron, nom qu’on donne dans les Îles de l’Amérique aux cochons qu’on y a apportés des autres pays, & qui sont devenus sauvages. Encyc.

Cochon, terme de Métallurgie. On appelle ainsi un mêlange impur de métal & de scories, qui bouche quelquefois les fourneaux où l’on fait fondre les métaux.

☞ Dans l’affinage on s’en sert pour désigner le gonflement ou le soulevement des cendres dans la coupelle. Acad. Fr.

☞ COCHONAU, s. m. ou MARONETTE. Espèce de râle qui passe en Normandie à la fin de Septembre. La couleur de son corps tire sur l’olive, moucheté & tigré de taches blanches. Les plumes de ses aîles & de sa queue sont noires. Il a les piés extraordinairement longs, ainsi que les doigts qui sont menus, avec de petits ongles presque droits, très-pointus & de couleur d’Améthiste. Celle de son bec est grise, le cou presque sur l’estomac, & les côtés sont couleur d’olive, semés de petits points blancs ; l’estomac & le ventre sont d’un gris-sale. La longueur de son corps est de huit pouces & un quart. La tête est menue, le dessus d’un brun olive, mêlé d’un peut de noir. Les deux mâchoires sont d’un jaune-verdâtre, un peu orangé.

COCHONÉE. s. f. La quantité de cochons qu’une truie fait en une portée. Porcellum partus. On a vu des truies qui ont eu jusqu’à trente-sept cochons d’une cochonnée.

COCHONNER, v. n. faire de petits cochons. Porcellos fœtus edere. Les truies cochonnent deux fois l’année.

COCHONNERIE, s. f. saleté, malpropreté. Squalor, spurcities.

COCHONNET, s. m. petit corps fait d’os, ou d’ivoire, taillé à douze faces, qui sont douze pentagones marqués de points depuis un jusqu’à douze. On le roule sur une table pour jouer, comme si c’étoit un dé. Tessera lusoria duodecim habens facies totidem notatas numeris à primo as duodecimum. Les enfans jouent au 'cochonnet.

On appelle aussi jouer au cochonnet, lorqu’on joue à la boule en se promenant, & qu’on change à chaque coup de but. ☞ Celui qui a gagné le coup, c’est-à-dire, qui a mis plus près du but, jette une boule ou une pierre au hasardà chaque fois, qu’on appelle le cochonnet, & selle sert de but aux joueurs pour ce coup-là seulement. Ambulando globis ludere projiciendo globum vel lapidem pro scopo.

COCHYNO, nom de lieu. C’est l’ancienne Ephestia. Voyez ce mot.

COCKIEN, s. f. monnoie du Japon, qui vaut environ quatre florins d’Hollande, ou à peu près huit francs de notre monnoie présente. Cakienus numerus.

Le total des revenus du Roi & des Grands Seigneurs du Japon monte à dix-neuf millions trois cens quarante-cinq mille cockiens. 19345000 La Table & la garderobe du Roi, & l’entretien de son palais à quatre millions de cockiens. 4000000 La Garde du corps qui comprend les principaux de la Noblesse, monte à cinq cens mille cockiens. 500000.

Ainsi la dépense de la maison du Prince, jointe à ce qu’il donne aux principaux Seigneurs du pays,