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ADU — Æ

Les Astronomes, ou plutôt quelques Charlatans, qui se mêlent d’astrologie judiciaire, appellent Adultères du soleil & de la lune, leurs éclipses, quand elles se font en quelque manière contre les règles de l’Astronomie, comme il arrive aux éclipses horizontales. Car quoique le soleil & la lune soient diamétralement opposés, ils ne laissent pas de paroître en même temps sur l’horizon. On en a vu une à Paris le 16 Juin 1666. On tient que de semblables éclipses doivent arriver tous les 19 ans, mais ces éclipses horizontales, que l’on juge à propos d’appeler irrégulières, ne sont pas moins périodiques ni moins régulières que les autres, & dépendent des mêmes causes. Il n’y a point aujourd’hui de petit Astronome, qui ne sache que quoique la lune & le soleil soient pour lors diamétralement opposés, cependant la réfraction fait paroître l’un & l’autre plus élevés. Ainsi lorsque ces astres sont précisément dans l’horizon, la réfraction les fait paroître au-dessus de l’horizon, l’un au couchant & l’autre au levant. 3.o Il est très certain que non-seulement de semblables éclipses, mais aussi toutes les autres éclipses arrivent dans le même ordre & avec très-peu de changement au bout de 19 années, & un peu plus d’une heure. C’est là-dessus qu’est fondé le nombre d’or ou l’ennéadécaétéride de Méton l’Athénien. Il est vrai qu’on a trouvé que Méton s’est trompé, parce qu’il avoit compté qu’au bout de 19 ans juste, les mêmes phases & les mêmes éclipses revenoient sans aucune différence ; et c’est pour cela que dans la réformation du calendrier on a abandonné, ou du moins corrigé le nombre d’or. Mais il est toujours certain que cette différence est très-petite ; & nous avons encore en Astronomie bien des pratiques fondées là-dessus. 4.o Cette différence, toute petite qu’elle est, suffit pour faire qu’une éclipse horizontale, qui revient à peu-près la même au bout de 19 ans & une heure, ne soit plus horizontale dans le même pays, parce que n’arrivant pas à la même heure, le soleil & la lune ne se trouvent plus dans l’horizon, mais l’un dessus & l’autre dessous. Il est vrai cependant que dans le grand nombre d’éclipses qui arrivent pendant l’espace de 19 ans, il est difficile qu’il n’y en ait quelqu’une d’horizontale dans chaque pays. Bien plus, il est très-vrai qu’il n’y a aucune éclipse de lune qui ne soit horizontale à l’égard de quelque endroit de la terre ; savoir, à l’égard de celui qui a pour lors les deux astres dans son horizon : dans l’année 1703, l’éclipse de lune du 3 Janvier a été horizontale, & celle du 23 Décembre le fut encore d’une manière plus remarquable à Paris & dans bien d’autres endroits.

ADULTÉRER. v. n. Commettre le crime d’adultère. Adulterari, Adulterare. Ces deux personnes ont plusieurs fois adultéré ensemble. Celui qui convoite la femme d’autrui, a déjà adultéré dans son cœur. ☞ Ce mot a vieilli & ne se dit plus. Tous nos traducteurs disent commettre l’adultère. Il a déjà commis l’adultère dans son cœur.

Adultérer. v. a. Gâter une chose qui est pure, en y mêlant des choses qui ne le sont pas ; où falsifier un médicament, en y ajoutant quelque drogue qui en diminue la valeur & la qualité. Corrumpere. Ce mot n’est plus d’usage. On dit altérer, falsifier. ☞ Les grands Vocabulistes définissent ce mot comme étant de l’usage ordinaire, & trouvent qu’il n’a vieilli que dans le sens de commettre un adultère. Ils ne seront pas crus sur leur parole.

ADULTÉRESSE. Femme adultère. C’est un mot dont s’est servi Bayle dans la deuxième édition de son Dictionnaire, Rotterdam, 1702. T. I. p. 144, col.2, lig. 6. Il est fâcheux que ce mot ne soit pas françois, & que nous n’ayons qu’adultère pour signifier tout à la fois & le crime d’infidélité conjugale, & le mari & la femme qui le commettent. Les Latins, qui ont un mot pour chacune de ces choses, sont bien mieux partagés que nous de ce côté-là.

ADULTÉRIN, INE. adj. Fils ou fille qui sont nés d’un adultère. Terme de droit dont on ne se sert guère que dans le barreau. Nothus, Notha. Les bâtards adultérins sont incapables de bénéfices. Les enfans adultérins sont plus odieux que ceux qui sont nés de personnes libres. Le Droit Romain leur refusoit même le nom d’enfans naturels, comme si la nature les eût désavoués. ☞ Ils ne pouvoient demander des alimens à leurs peres & meres. Le droit Canonique suivi en France a une disposition plus conforme à l’équité. Quia non est tam donatio quàm debiti præstatio.

ADVOATEUR. s. m. Advocator. Terme de Coutume. On appelle en certains pays, Advoateur, celui qui trouvant des bestiaux en dommage sur ses terres, les appelle, les prend, les avoue comme s’ils étoient à lui.

ADVOCASSER. Voyez Avocasser.

ADVOCASSERIE. Voyez Avocasserie.

ADVOCAT. s. m. Voyez Avocat.

ADVOLER. v. n. Ce mot qui signifie, aller vîte pour se rendre en quelque lieu, est vieux, & tout-à-fait hors d’usage. Advolare. Mézerai s’en est servi : Mais lui étant advolé à Paris.

ADVOUATEUR. s. m. Terme de Coutume. Celui qui reclame & reconnoît pour sien du bétail qui a été pris en métas sur les terres d’autrui.

ADVOUÉ. Voyez Avoué.

ADVOUER. Voyez Avouer.

ADVOUERIE. Voyez Avouérie.

ADURÉ, ÉE. part & adj. Vieux mot, qui veut dire, endurci au travail, comme si l’on disoit, qui est devenu dur. Duratus, induratus.

ADUSTE. adj. m. & f. Terme de Médecine, qui ne se dit que du sang & des humeurs, quand elles sont brûlées par une trop grande chaleur naturelle. Adustus. Un tempérament aduste. La mélancholie est une bile noire, & aduste. Un sang est aduste, lorsqu’à raison d’une chaleur extraordinaire, les plus subtiles parties étant séparées, les plus grossières restent chargées de lie, & toutes noires, comme si elles étoient brûlées. Harris. Il est mieux dans l’usage ordinaire de dire, un sang brûlé.

On le trouve au figuré. Tetricus, Austerus. C’est la bile qui domine dans l’humeur de ce Magistrat, & cette humeur aduste imprime sur son front une négative perpétuelle. Balz. Cet exemple ne doit pas être imité.

ADUSTION. s. f. Terme de Médecine. Etat de ce qui est brûlé. Ustio, Adustio. Ce mot ne se dit ainsi que le précédent, qu’en parlant du corps humain. Sa maladie est causée par une adustion d’humeurs.

ADY.

ADY. s. m. Palmier qui croît dans l’île de Saint-Thomas. C’est un très-grand arbre, excédant en hauteur le pin ; son tronc est fort, droit, nu, partant seul de sa racine, d’un bois clair & léger. Il est plein de suc. Ses feuilles ressemblent à celles du Palmier qui porte le coco. Son sommet est garni d’une multitude de branches. Si l’on coupe ces branches, ou si l’on fait une ouverture au tronc, il en sort des larmes, ou un suc, que les Indiens ne manquent pas de recevoir dans des vases. Il leur tient lieu de vin. Cette liqueur enivre aisément. Dict. de James.

ADZ.

ADZEL. Bourgade de Livonie. Adzelia. Elle est dans la contrée de Lettonie, sur la rivière de Teydéra, au-dessous de la ville de Walmes.

Æ.

Æ. Diphtongue. On l’a bannie de tous les mots qui viennent du latin. On écrit César, l’Enéide, Egyptien avec un E simple. Æ n’est point, à proprement parler, une diphtongue en François, Si ce n’est une diphtongue d’écriture. Car pour le son que forme ce double caractère, il est très simple, & ne diffère point du son de la voyelle. Voyez au mot Diphtongue. Cependant, parce qu’on s’obstine encore à retenir l’Æ, sur-tout dans les mots purement latins, l’on en mettra encore quelques-uns avec cette diphtongue.

Æ. s. m. Vieux mot venant d’ætas, dont il garde la seule diphtongue æ. Âge, vie. Poësie de Thibaut, Roi de Nav.