Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
ALE

ALEVINAGE. s. m. Poisson que rebutent les Marchands, & que les pêcheurs rejettent dans l’eau pour peupler, quand ils en trouvent dans leurs filets. C’est un terme générique qui se dit de tous les petits poissons.

ALEVINER. v. a. Empoissonner un étang, en y jetant de l’alevin. Ces mots viennent du grec Ἁλιεύς, pêcheur. Ἁλς, signifie la mer, d’où vient Ἁλιευίσκος, ouvrage composé sur la pêche.

ALEVINÉ, ÉE. part. Etang aleviné.

ALEUROMANCE, ou ALEUROMANTIE. s. f. Divination qui se faisoit chez les Anciens avec de la farine. Aleuromantia. C’est de là qu’Apollon étoit appelé Ἀλευρόμαντος, comme qui diroit Aleuromancier, parce qu’il donnoit par le moyen de la farine, des oracles qui découvroient les choses cachées. On appelle autrement cette espèce de divination Alphitomantie.

Ce mot vient d’ἄλευρον, farine, & μαντέια, divination.

ALEXANDRA. s. f. Alexandra. Nom de femme. Il y a eu depuis le retour de la captivité de Babylone trois Reines des Juifs, nommées Alexandra.

ALEXANDRE. s. m. Alexander. Nom d’homme. Le premier que l’on trouve qui ait été appelé Alexandre, est Pâris, fils de Priam. Il y a trois Rois de Macédoine, trois d’Egypte, deux d’Epire, autant de Syrie, autant des Juifs, deux Empereurs Romains, & huit Papes, qui ont porté le nom d’Alexandre. De tous les Alexandres, le plus célebre est Alexandre de Macédoine III du nom, dit le Grand, fils de Philippe, vainqueur des Perses & de l’Asie.

Quoi donc, à votre avis, est-ce un fou qu’Alexandre ?
Qui ? Cet écervelé qui mit l’Asie en cendre !
Ce fougueux l’Angeli, qui de sang altéré,
Maître du monde entier s’y trouvait trop serré ?

Boil.

Boileau a pris cette idée de Sénéque, Ep. 94. Agebat infelicem Alexandrum furor aliena devastandi, &c.

Que crois-tu qu’Alexandre, en ravageant la terre,
Cherche parmi l’horreur, le tumulte & la guerre ?
Possédé d’un ennui, qu’il ne sauroit dompter,
Il craint d’être à soi-même, & songe à s’éviter.

M. Tourreil finit ainsi le caractère qu’il a fait d’Alexandre. Après avoir dit que c’étoit un ambitieux, un superbe, &c. Enfin, conclut-il, une espèce d’insensé, qui las de n’être qu’un homme, se déclare fils de Jupiter, se déifie ensuite, & fait si bien que ses exploits couvrent presque le ridicule de sa divinité. Tout cela compose dans un Alexandre un Héros à part ; & lui forme un caractère, dont la singularité n’admet point de comparaison. Ce nom, qui est grec, est formé d’ἀλεξω, je chasse, je repousse, j’aide, je défens, & de ἄνερ, homme, & signifie défenseur, protecteur des hommes.

L’Ordre de Saint Alexandre Néefski. Ordre militaire institué par la Czarine le 6 Avril 1725, en faveur de ceux qui auroient le rang de Majors généraux, ou d’autres titres plus éminens. Les marques d’honneur de cet Ordre sont un cordon rouge & une croix rouge, sur laquelle Alexandre Néefski est représenté à cheval avec cette devise : Pour le travail & la patrie. Gaz. 1725. p. 217. C’est le Souverain de Moscovie qui confére cet Ordre.

ALEXANDRETTE. Alexandria. Ville de Syrie, sur le golphe d’Ajazzo. Les Turcs la nomment Scanderone. Alexandrette est le port d’Alep, dont elle est éloignée de 20 lieues au couchant. Alexandrette est presque ruinée, & l’air en est si mauvais, qu’il y a peu d’habitans. On dit qu’au lieu de couriers on se sert de pigeons, qui ont des petits, qu’on porte d’Alep à Alexandrette, & qu’on lâche ensuite à Alexandrette, après leur avoir attaché au cou un petit billet, qu’ils ne manquent point de porter à Alep ; & que c’est ainsi qu’on y donne avis des vaisseaux arrivés, & de leur cargaison. Sa longitude est de 68 d. 0. m. Sa latitude, 38 d. 10 m. Cette ville, selon le P. Feuillée, est à 55°, 51′, 33″ de longitude, & 36°, 30′, 0″ de latitude nord.

ALEXANDRIE. Alexandria. Nom de plusieurs villes ; la plus fameuse est Alexandrie d’Egypte, surnommée la Grande, bâtie par Alexandre le Grand 332 ans avant Jésus-Christ. Elle est située entre un des sept bras du Nil, appelée par les latins Ostium Canopicum, l’embouchure de Canope, & est assez près de l’île de Pharos, qui est aujourd’hui une péninsule. La longitude d’Alexandrie est de 58 d. 20 m. & sa latitude de 31 d. 25 m. Cette ville, selon Chazelle, est à 47°, 45’, 33″ de longitude, & 31°, 11’, 0″ de latitude septentrionale. Alexandrie est célébre dans l’Histoire ecclésiastique. L’Eglise d’Alexandrie fut fondée par S. Marc vers l’an 50 de Jésus-Christ, & la 7e année de Néron, & elle a eu titre de Patriarchat, qu’elle conserve encore. C’étoit le Patriarche d’Alexandrie, qui indiquoit tous les ans le jour de Pâque. Voyez Marmol, Liv. XI. c. 14. où il décrit cette ville.

Le Lac d’Alexandrie. Alexandria lacus : Marcotis Arapotes, Maria, ou Marea, à sept lieues d’Alexandrie, au midi. On l’appelle le Lac d’Antacon & de Bucheira, du nom de deux petites villes voisines. Autrefois Maréotide.

Les autres villes de ce nom sont l’une dans l’Albanie, au pied du mont Caucase, sur la mer Caspienne, que les habitans appellent aujourd’hui Derbent, & les Turcs Demircapi, c’est à dire, portes de fer. Une troisième dans le Cabul vers le 117e d. de longitude, & le 32e d. 30 m. de latitude. Une quatrième dans l’Aric, province d’Asie, entre la Parthie & la Bactriane, au 3e d. 30 m. de longitude, & 38 d. 50 m. de latitude. Quelques-uns l’appellent Burgien. Une cinquième dans la Carmanie, au 100e d. de longitude, & au 30e d. 30 m. de latitude : & une sixième dans la Margiane.

Ces villes tirent leur nom d’Alexandre le Grand leur fondateur, comme on le peut voir dans Quint-Curce, Liv. IV. c. 8. & Liv. VII. Dans Pline, Liv. VI c. 16, 23, 25, & dans Etienne le Géographe.

L’Empereur Commode nomma aussi Carthage Alexandria commoda Togata, suivant ce que dit Lampridius.

Alexandrie de la Paille. Alexandria Statelliorum. Ville épiscopale d’Italie, dans le Milanez, sur le Tanaro. Elle fut bâtie en 1178 par ceux de Milan, de Crémone & de Plaisance, qui suivoient le parti du Pape Alexandre III, contre l’Empereur Frédéric Barberousse. Sa longitude de 30°, 30’, & sa latitude, 45°, 54’. On dit qu’elle fut d’abord nommée Césarée, & ensuite Alexandrie, du nom d’Alexandre III. On a dit qu’elle avoit eu le surnom de la Paille, parce que les Empereurs y recevoient une couronne de paille. C’est une fable. D’autres disent, que l’Empereur voulant qu’elle fût nommée Césarée, les habitans s’obstinerent à retenir le nom du Pape, & que pour cela l’Empereur la nomma par mépris, Alexandrie de la Paille. D’autres prétendent qu’elle fut ainsi nommée, parce que ses murailles n’étoient bâties que de paille & de bois, enduits de terre. Cela paroît plus vraisemblable.

Il y a aussi une ville nouvelle en Pologne qui s’appelle Alexandrie. Elle est dans la Volhinie, au Palatinat de Lusuc sur le Horin.

ALEXANDRIN, INE. s. m. & f. adj. Qui est d’Alexandrie, ou qui appartient à cette ville. On ne le dit guère de l’Alexandrie d’Egypte. Les Alexandrins étoient railleurs & voluptueux. Les Alexandrins soutinrent un rude siége contre César. La Bibliothèque Alexandrine ramassée par les libéralités de Ptolomée Philadelphe, & par les soins de Démétrius de Phalere, fut brûlée pendant ce siége. La Chronique Alexandrine, ou d’Alexandrie, est un ramas de plusieurs Auteurs Grecs fait sous Heraclius, auquel elle finit. Elle fut trouvée en Sicile vers le milieu du XVIe siècle. Raderus, Jésuite, qui l’imprima en 1615 à Munich, lui donna le nom de Chronique Alexandrine, parce qu’il trouva le nom de Pierre d’Alexandrie à la tête de la copie qu’il eut de cet ouvrage. Cependant ce n’étoit pas le titre de l’ouvrage, mais un passage faussement attribué à Pierre d’Alexandrie. M. Du Cange a imprimé depuis en 1688, la Chronique d’Alexandrie sous le nom de Chronique Paschal. C’est la meilleure édition.