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APO

connoisse point Jésus-Christ ; & alors c’est infidélité : ou en abandonnant seulement la religion catholique, & renonçant à quelques-uns de ses dogmes, quoiqu’on reconnoisse Jésus-Christ & le christianisme pour la vraie religion, & alors c’est hérésie. L’une & l’autre espèce s’appelle apostasie, & ceux qui y tombent, Apostats. Mais il faut, comme je l’ai dit, que l’on ait été d’abord dans le christianisme, & dans la religion catholique, & qu’on l’ait ensuite abandonnée ; car être né dans l’infidélité ou dans l’hérésie & y persister, ce n’est point apostasie, ni dans le droit, ni dans l’usage de notre langue. Luther soutint publiquement son apostasie dans la Diète de Vormes. Bouhours.

L’Apostasie de l’obéissance, en la prenant dans toute son étendue, se trouve dans tout péché mortel, selon Saint Thomas. Dans un sens plus étroit, c’est lorsqu’un sujet ou subalterne s’oppose aux commandemens justes de ses supérieurs. En ce sens le mot d’apostasie n’est point en usage dans notre langue, nous disons révolte, rebellion. L’espèce la plus griève de cette apostasie est le schisme, Voyez Apostat.

APOSTASIER. v. n. Tomber dans l’apostasie, devenir apostat. Catholicam religionem, vel institutum religiosum deferere. Les esclaves chrétiens sont dans un danger perpétuel d’apostasier.

APOSTAT, ATE. adj. Transfuge, déserteur qui quitte la vraie religion, ou qui renonce à ses vœux. Catholicæ religionis, vel instituti religiosi desertor. L’Empereur Julien a été surnommé l’Apostat. Moine apostat. Femme apostate.

☞ On le dit aussi substantivement, en parlant d’un homme qui a renoncé à la foi, ou d’un religieux qui a renoncé à ses vœux. C’est un apostat.

Il y a cette différence entre l’hérétique & l’apostat, que l’hérétique n’abandonne qu’une partie de la foi, & que l’apostat n’en conserve plus rien. De la Mar. Cette différence n’est pas vraie. Le catholique qui se fait hérétique, quoique l’on professe encore dans le parti hérétique qu’il embrasse plusieurs points de foi comme les catholiques, est cependant apostat ; & il est hérétique & apostat tout à la fois ; mais celui qui est né dans l’hérésie est simplement hérétique, & n’est point apostat.

Apostat. s. m. & f. Se dit aussi, mais par une espèce de métaphore, des vices contraires à d’autres vertus qu’à la religion, & alors il faut y ajouter le nom de la vertu, que blesse celui qu’on nomme apostat. Proditor virtutis alicujus, illius contemptor, hostis ab illa alienus. Si je n’ai pas pour mon prochain la charité que Jésus-Christ me commande….. quand je livrerois mon corps au fer & au feu… tout ce que je pourrois endurer de supplices & de tourmens seroit perdu pour moi….. je serois comme martyr, confesseur de la foi, mais indigne confesseur, parce que je serois en même temps apostat de la charité. Bourdal. Exhort. II. p. 361. Je ne veux plus entendre parler de cet homme, c’est un apostat de l’amitié. Il s’est rengagé dans le monde & dans les compagnies : c’est un apostat de la dévotion & de la retraite.

Apostat, se disoit autrefois proprement de celui qui avoit faussé la foi promise à son capitaine. Transfuga, desertor. On le dit encore de ceux qui changent de parti, & se rangent dans le parti opposé. Vous nous avez abandonné, vous êtes un apostat. Les Turcs traitent les Persans d’apostats, comme ayant altéré & corrompu la religion de Mahomet. Smith.

Ce mot vient du latin apostare, qui signifie, mépriser, violer. Dans son origine le mot d’apostat ne signifioit autre chose que prévaricateur ; & on disoit apostare leges ; pour dire, pécher contre la loi. Du Cange. Le mot d’apostare vient d’ἀπὸ & ἵστημι, sto, je me tiens à part.

☞ APOSTÈME. s. m. Terme de Chirurgie. Les Médecins le prononcent & l’écrivent ainsi. Dans le monde on dit apostume. C’est une tumeur contre nature qui vient à quelques parties du corps, causée par quelques humeurs corrompues qui aboutit souvent à une suppuration. Apostema, suppuratum. L’apostème procède d’une humeur fixée en quelques endroits du corps & hors de son lieu naturel. On l’appelle autrement Abscès, & ce mot est plus usité.

☞ Ce mot vient du grec ἀπόστημα, qui est dérivé du verbe ἀποστάσϑαι, qui signifie abscedere, c’est-à-dire, se départir d’un lieu pour se ranger & se cantonner en un autre.

☞ On dit figurément & proverbialement, il faut que l’apostème creve ; pour dire, qu’une colère ou quelqu’autre passion cachée, quelque conjuration ou affaire secrète, vienne enfin à éclater.

☞ APOSTER. v. a. Corrompre, gagner des gens pour les engager à faire une méchante affaire : engager quelqu’un à se trouver dans un lieu, soit pour observer, soit pour exécuter quelque chose. Il ne se prend guère qu’en mauvaise part. Adornare, subornare, apponere. Les calomniateurs ont des témoins apostés, pour déposer faussement contre leurs parties. Cet acte est signé par une personne apostée, qui a pris le nom ou l’habit d’un autre pour tromper le Notaire, ou les concractans. Les Grands ont des gens apostés pour semer de fausses nouvelles, selon que leurs intérêts les y obligent. Les filous ont toujours près d’eux des gens apostés, afin de ne se point trouver saisis des vols qu’ils font. Je vous demande une grâce, qui est, que vous ne vous imaginiez pas que j’aie aposté ce vieillard. Port-R.

APOSTÉ, ÉE. part. Subornatus, appositus.

Ce mot vient de positus, de pono.

APOSTHÈME. Voyez Apostème.

APOSTILLATEUR. s. m. Celui qui a fait des apostilles, des notes sur un ouvrage. Ce terme est employé par les Jurisconsultes.

APOSTILLE. s. f. Annotation ou renvoi qu’on fait à la marge d’un écrit pour y ajouter quelque chose qui manque dans le texte, ou pour l’éclaircir, & l’interpréter. Adscripta ad marginem annotatio. Plusieurs Auteurs ont commenté le Droit par de simples notes & apostilles. Un Notaire est obligé de parapher avec les parties toutes les apostilles d’un contrat. ☞ On met des apostilles au bas d’une lettre. On mande par apostille ce qu’on a oublié d’insérer dans le corps de la lettre.

Apostille. Contentio. Se dit au Palais en parlant des débats & contestations qui se font lors de l’examen des comptes, ou des jugemens qui sont rendus sur chaque article. Les apostilles se mettent sur le compte de la Chambre de la main de l’Auditeur qui les rapporte. On disoit anciennement postil, postilla, & ce mot venoit de positus. Voyez Postille.

APOSTILLER. v. a. Adscribere. Mettre des apostilles, qui se dit tant des notes & remarques qu’on fait sur les livres, que des additions qui se font sur les minutes des contrats, & de ce qu’on met dans les marges des comptes, & de ce qu’on ajoute au bas d’une lettre.

APOSTILLÉ, ÉE. part.

APOSTIS. s. f. Terme de Marine. Deux longues pièces de bois de 8 pouces en carré, tant soit peu abaissées : l’une est le long de la bande droite, & l’autre le long de la bande gauche d’une galère, depuis l’espale, (les Vocabulistes disent depuis l’épaule) jusqu’à la conille, chacune portant toutes les rames de la chiourme par le moyen d’une grosse corde.

Apostis. s. m. C’est, des rameurs qui sont sur une même rame, celui qui touche le vogue-avant, c’est-à-dire, le second en comptant du côté du courcie. Secundus remex. L’Apostis est un peu moins élevé que le vogue-avant, parce que la couverte d’une galère est en dos d’âne.

APOSTOILE. s. m. C’est ainsi qu’on appeloit anciennement le Pape. On trouve ce mot dans Pasquier, Hugues de Bercy, la Bible de Guyot, Villehardouin, &c.

De notre pere l’Apostoile
Voulsisse qu’il semblast l’étoile.

APOSTOLAT. s. m. Dignité ou ministère d’Apôtre. Apostoli munus, Apostolica dignitas, Apostolatus. S. Matthias vint par la voie du sort à l’Apostolat. Nous avons reçu par notre Seigneur Jésus-Christ la grâce