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foi : & Episcopius croit que Dieu n’a élu personne de toute éternité ; mais qu’il élit les fidèles dans le temps, lorsqu’ils croient actuellement. Il ne parle qu’en des termes fort douteux & ambigus de la prescience de Dieu, laquelle croit la grande forteresse dans laquelle Arminius d retranchoit. Ces mêmes Arminiens d’aujourd’hui croient que la doctrine de la Trinité des personnes dans une seule essence, n’est point nécessaire au salut ; qu’il n’y a dans l’Ecriture aucun précepte, par lequel il nous soit commandé d’adorer le S. Esprit ; que Jésus-Christ n’est pas un Dieu égal au Père ; que la foi en Jésus-Christ, par laquelle nous sommes sauvés, n’a point été condamnée, ni n’a point eu lieu sous la vieille alliance. La plupart évitent avec soin le mot de satisfaction de Jésus-Christ. Episcopius cependant dit, Jésus-Christ par sa passion a satisfait jusque-là à Dieu, qu’il l’a rendu propice à tout le genre humain. Ils pressent avec grand soin la tolérance de toutes les opinions de ceux qui professent la religion chrétienne, soutenant que tous les chrétiens s’accordent dans les points les plus importans, & comme l’on appelle, essentiels & fondamentaux de la religion ; que jusqu’ici il n’a point été décidé par un jugement infaillible, qui sont ceux d’entre les chrétiens qui ont embrassé la religion la plus véritable & la plus conforme à la parole de Dieu ; que pour cet effet, tous peuvent s’unir pour composer un seul & même corps d’Eglise, & qu’ils doivent s’aimer comme frères ; que l’on ne doit contraindre personne à condamner & à quitter ses sentimens, ou a approuver & suivre ceux autrui.

Si Arminius revenoit au monde, ajoute l’Auteur de ce petit livre, il ne reconnoitroit assurément pas pour ses disciples la plûpart de ceux qui portent son nom. Il y en a cependant qui n’ont rien ajouté à ses sentimens, mais les uns & les autres s’accordent tous en ce point, qu’on doit tolérer tous les chrétiens, ou pour ne composer tous ensemble qu’une même Eglise, ou pour permettre à chacun la liberté de sa religion. Les principaux Ecrivains de la secte des Arminiens, sont Arminius, Episcopius & Grotius. On y peut ajouter Courcelles, qui a composé un corps de Théologie, où il a mis en abrégé ce qui se trouve plus étendu dans les gros livres d’Episcopius, & y ajoute de son fond plusieurs autres choses. Les Sociniens néanmoins mettent ce Courcelles au nombre de leurs Ecrivains.

ARMIRO. Armira. Il y a la ville d’Armiro dans l’ile de Candie. Armiro en Grèce, est dans la Thessalie, au fond du golfe d’Armiro, entre Zéiton & Démétriade.

Le golfe d’Armiro ou de Vollo. Sinus Amiranus, ou Pelasgicus, ou Demetriacus, est dans l’Archipel, sur la côte de Thessalie, entre le golte de Salonique & celui de Zéiton, & il prend son nom tantôt de la ville d’Armiro y & tantôt de celle de Vollo, qui sont sur ses bords.

Armiro, est encore le nom d’une montagne de Portugal. Mons Armirus. Elle est aux confins de l’Alentéjo & de l’Estramadure d’Espagne, près de la ville de Portalégre. On croit que c’est l’Herminius des anciens, que d’autres prennent pour la Strella de nos jours, montagne plus voisine de la mer.

Armiro. Rivière de l’île de Candie. Armirus. Elle coule dans le territoire d’Armiro, près de Castel-Malvesi, & se décharge dans la Méditerranée ; près de Puleo Castro. On la prend pour l’Oaxes des Anciens.

Armiros. Sauvages de l’Amérique, qui habitent le long de la rivière de la Plata. Alvaro donna le nom de Vera à la province qu’ils habitent.

ARMISTICE. s. m. Suspenfion d’armes pour un petit espace de temps. Induciæ. Les troupes du Roi voyant expirer le terme de l’armistice, se mirent en état de passer le Rhin. Les plus pressantes sollicitations auprès des Puissances qui étoient en guerre, pour les engager à convenir d’un armistice, & à entrer en négociation… L’Armistice a été agréé par toutes les Puissances. Merc. Janv. 1736.

Ce mot est formé de deux mots latins, arma, & stare, qui veulent dire étant joints en un, que les armes sont en repos, <se que les expéditions militaires cessent.

Armistice, suspension d’armes, trève. Les Vocabulistes nous donnent ces trois mots comme parfaitement synonymes, puisqu’ils ne les distinguent par aucunes nuances. Ils désignent tous trois une cessation de tous actes d’hostilités entre deux partis qui sont en guerre : mais chacun paroit avoir son caractère particulier. Armistice & suspension d’armes paroissent synonymes, en ce qu’ils désignent une cessation d’hostilité pour un petit espace de temps ; mais le terme de suspension d’armes est plus du langage ordinaire, celui d’armistice, qui est presque tout latin, paroit plus fait pour les savans. Trève est une cessation d’actes d’hostilités peur un temps plus long, & cette convention se fait ordinairement par écrit.

ARMOA. Petite rivière de la Morée. Armoa. Elle est dans l’Arcadie, & se décharge dans l’Alphée. Quelques Géographes croient que c’est l’Amarynthus des Anciens, rivière du Péloponnèse.

ARMOGAM. s. m. Terme de Marine, qui signifie, le beau temps qui est propre à naviguer. Tempus navigationi idoneum. Quand le maître perd son armogan, s’il arrive du dommage au navire, il le doit payer au marchand. ☞ On ne le dit que sur la Méditerranée.

ARMOIRE. s. f. Meuble de bois, fait en forme de buffet, qui sert à serrer des habits, ou autres hardes. Armarium. On trouve armoris. & armoria dans la plus basse latinité, qui se dit d’un coffre ou armoire, qui étoit dans l’église proche l’autel. Voyez Act. Sanct. Jun. T. II, p. 101, C. & 103, C. Armoire à tant de tiroirs, de guichets. On l’appelle ainsi, à cause qu’on y fermoit autrefois les armes, & maintenant les titres de familles, & mille autres choses. C’étoit aussi le lieu où les anciens chevaliers tenoient leurs habits de joûtes & de tournois, leurs écus & leurs armes.

Armoire a vaisselle. C’est un ouvrage de menuiserie, qui sert à mettre la vaisselle & autres choses de cette nature, appartenant à la cuisine.

ARMOIRIE. s. f. On appelait ainsi autrefois les œillets de Poëtes, Voyez Œillet.

ARMOIRIES. s. f. pl. Marques de noblesse & de dignité, composées régulièrement de certaines figures & d’émaux, données ou autorisées par les Souverains pour la distinction des personnes & des maisons. Insignia gentilitia. Les plus belles armoiries, selon l’art, & les plus belles à voir, sont les moins chargées, & celles dont les figures sont faites de simples traits, comme les partitions & les pièces honorables. Il n’y a que quatre couleurs & deux émaux, qui entrent dans les armoiries. ☞ Il est défendu aux roturiers de porter des armoiries timbrées. Faire peindre ses armoiries. On se sert plus ordinairement du mot armes quand on peut éviter l’équivoque des armes ordinaires. Blasonner des armes. Quelles sont vos armes ?

Ce mot vient d’armure, à cause qu’on peignoit autrefois sur les écus, les casques & les cottes d’armes des Chevaliers, les marques qu’ils avoient prises pour se distinguer les uns des autres, tant à la guerre, que dans les tournois.

Les Savans ne font pas d’accord sur l’origine des armoiries. Favin prétend qu’elles ont été dès le commencement du monde ; Ségoin, du temps des enfans de Noé ; d’autres, du temps d’Osiris ; ce qui est appuyé par quelques passages de Diodore de Sicile ; d’autres, du temps des Hébreux, parce qu’on a donné des armes à Moyse, à Josué, aux douze tribus, à Esther, à David, à Judith, &c. d’autres, aux temps héroïques, & sous l’empire des Assyriens, des Médes & des Persans, s’appuyant sur Philostrate, Xénophon & Quint-Curce. Quelques-uns prétendent qu’Alexandre régla les armoiries & l’usage du blason. Le P.Monet veut qu’elles aient commencé sous l’empire d’Auguste ; d’autres, pendant les inondations des Goths ; & d’autres, sous l’empire de Charlemagne. Chorier, dans son Hist. du Dauphiné, T. I, p. 97, remarque que les Tires étoient les boucliers des Gaulois, qui les couvroient entièrement ; que chaque soldat y faisoit peindre quelque marque qui lui étoit propre, & par la vue de laquelle