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ASS

des Gentils’hommes ou des Officiers royaux. Assembler le Parlement, se dit lorsqu’on assemble tout le corps, que les Enquêtes, & les Requêtes viennent en la Grand’Chambre, comme lorsqu’il faut vérifier les Edits, recevoir un Conseiller, &c.

Ce mot vient de adsimulare, composé de ad & de simul, comme qui diroit, simul ponere. Ménag.

On dit proverbialement, qu’un homme a bientôt assemblé son conseil ; pour dire, qu’il prend vite ses résolutions, qu’il se détermine promptement.

Assembler, se dit aussi des choses, & signifie joindre ensemble, ramasser. Jungere, copulare. Assembler les feuilles d’un livre pour le relier. Assembler le linge, le coudre en paquets pour le mettre à la lessive. Assembler ses lettres, pour lier, ou pour composer une forme d’Imprimerie. Il ne faut pas prendre pour sublime une certaine grandeur bâtie sur de grands mots assemblés au hasard. Boil.

Je vous connois ; je sais tout ce que je m’apprête ;

Et je vois quels malheurs j’assemble sur ma tête.
Racine.


Pour assembler un fonds de deux mille pistoles,

Combien, nouveau Protée, a-t-il joué de rôles ?
Renard.

☞ Dans plusieurs Arts, en Menuiserie, en Charpenterie, assembler, signifie mettre toutes les pièces à leur place, après qu’elles ont été taillées ; les emboîter, les enchâsser, de manière qu’elles ne fassent plus qu’un tout. Compingere, copulare. Il faut assembler les panneaux de cette porte.

Assembler un cheval, terme de Manége. C’est lui tenir la main, en serrant les cuisses, de façon qu’il se raccourcisse, pour ainsi dire, en rapprochant le train de derrière de celui de devant ; ce qui lui releve les épaules & la tête. Encyc.

Assembler, se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, & devient par-là récip. Il signifie se rendre, se trouver dans un même lieu. Convenire, in unum coire. Les Citoyens s’assembloient tous dans un même endroit du palais. Il n’y a point de lieu où ceux qui sont bien intentionnés pour le salut de la République puissent s’assembler. On dit aussi que deux rivières s’assemblent ; pour dire, qu’elles se joignent, qu’elles se mêlent ensemble.

ASSEMBLÉ, ÉE. part. Congregatus, convocatus, copulatus, compactus.

ASSEMBLEUR. s. m. Qui assemble. La Fontaine, dans une de ses Fables, donne à Jupiter tonnant la qualité d’Assembleur des nuages.

Tout l’Olympe s’en plaignit,
Et l’Assembleur des nuages
Jura le Styx, & promit
De former d’autres images.

☞ Ce mot ne peut passer que dans le style badin & familier.

ASSENCHIUF. Ville de Turquie, en Asie. Assanchiufa. C’est l’ancienne Scaphe. Elle est dans le Diarbeck, sur le Tigre, à l’orient de Nisibe, aujourd’hui Nesbin.

ASSENER. v. a. Porter un coup justement où l’on a dessein de frapper. Certo ictu destinatam corporis partem petere. Il a bien assené son coup sur la tête où il visoit. Il ne se dit point des armes à feu, ni de l’artillerie. Ménage dérive ce mot de assignare, c’est-à-dire, ferire signum.

Je voudrois à plaisir sur ce mufle assener

Le plus grand coup de poing qui se puise donner.
Mol.

☞ Joachim Du Bellay parle d’Assener comme d’un mot qui avoit été, & qui n’étoit plus en usage de son temps. Assener, dit-il, pour frapper où on visoit, & proprement d’un coup de main, est un de ces bons mots que nous avons perdus par notre négligence. Cela pouvoit être vrai du temps de Du Bellay ; mais j’ai vû ce terme employé par de bons écrivains, & je ne ferois pas difficulté de m’en servir aujourd’hui. Multa renascentur quæ jam cecidere.

Dans les vieilles Coutumes, on disoit un douaire assené, ou titre d’assenement, lorsqu’un père avoit assigné quelques biens ou héritages à ses filles, ou à ses enfans puînés pour les avantager.

ASSENÉ, ÉE. part.

☞ Dans le grand Vocabulaire, qui a copié le Dict. de l’Acad. Fr. assener, c’est porter un coup violent, frapper rudement. Ce mot paroit renfermer deux idées, porter un coup surement & fortement. Il semble que c’est dans ce sens qu’on le prend ordinairement. C’est d’ailleurs la signification primitive, comme on peut le voir par le témoignage de Du Bellay.

☞ ASSENS. Petite ville de Dannemarck, dans l’ile de Fionie, sur le petit Pelt, avec un bon port.

ASSENSATEUR. s. m. Flatteur, complaisant. Assentator, adulator. Il est vieux, & hors d’usage.

ASSENTEMENT. s. m. Vieux mot. Accord, consentement. Assensus, consensus. Advint que les Barons de France se assemblerent à Courbeil, & machinèrent entre eux d’un commun assentement qu’ils feroient que le Comte de Bretagne se esleveroit contre le Roi. Joinville.

ASSEOIR. v. a. irrégulier. Mettre dans un siège. Asseoir un malade. Asseoir un enfant. Asseyez cette femme à cheval.

☞ Il s’emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Il se conjugue de la manière suivante. Indic. prés. Je m’assieds, tu t’assieds, il s’assied, nous nous asseyons, vous vous asseyez, ils s’asseyent. (Vaugelas voudroit que l’on dit, ils s’assient ; mais il n’est pas suivi en cela.) Imparf. Je m’asseyois, nous nous asseyions, vous vous asseyiez. Prét. Je m’assis. Fut. Je m’asseyerai, ou je m’assierai. Impér. Assieds-toi, qu’il s’asseye, asseyons-nous, asseyez-vous, qu’ils s’asseyent. Sub. prés. Que je m’asseye, que nous nous asseyions, que vous vous asseyiez. Imparf. Que je m’assisse, que tu t’assisses, qu’il s’assit, qu’ils s’assissent. Part. Act. S’asseyant, & non pas s’assoyant. Part. passif. Assis. Les temps composés de ce verbe se forment de l’auxiliaire être : Je me suis assis, je me fus assis, je m’étois assis, &c. Restaut. Il s’assit, il souffle… il s’assit, il se repose… il revient enfin à la solitaire, où il se fixe, où il se lasse, où il s’assit, où il oublie de dîner. La Bruyère. Dans tous ces exemples l’Auteur confond le prétérit avec le présent de l’indicatif, dont la troisième personne est, il s’assied. Il y en a qui disent assisons-nous, ou sisons-nous ; d’autres assoyons-nous, ou soyons-nous. Il faut dire asseyons-nous, Ce verbe signifie se mettre sur un siège, se reposer. S’asseoir sur des bancs, sur des chaises, sur des gasons. S’asseoir à terre. S’asseoir sur son cul comme un singe. Les Païens faisoient asseoir leurs Héros à la table des Dieux. Nous nous assîmes proche la statue de Platon. On n’oseroit s’asseoir chez le Roi.

Asseoir, se dit aussi de ce qu’on met à demeure dans une situation convenable, poser sur quelque chose de ferme, de solide. Collocare, ponere. Asseoir une colonne sur sa base. Asseoir une figure sur son piédestal. Asseoir des bornes en quelque lieu. Asseoir des machines. Vaug. Asseoir un mur sur un fondement solide. Asseoir un bâtiment dans une situation agréable. On a des poseurs pour asseoir les pierres. On dit aussi à l’armée. Asseoir son camp, pour dire, placer son camp en quelque lieu. On dit aussi qu’un essaim d’abeilles, qu’un ciseau s’est allé asseoir sur un tel buisson, ou un tel arbre, pour dire, qu’il s’y est amassé, qu’il s’y est allé reposer, percher.

On dit au Manège, faire asseoir un cheval sur les hanches, pour dire, les lui faire plier, lorsqu’on le galope, ou qu’on l’arrête ; le faire aller avec la croupe plus basse que les épaules. On le dit aussi de la manière dont le cavalier est à cheval. La bonne manière de s’asseoir fait plus que toutes les autres aides. Newc. Etant dans la selle, il faut s’asseoir sur la fourchure, & non pas sur les fesses. Id.