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ASS

qui se fait entre Marchands, qui moyennant certaine somme répondent des vaisseaux, des marchandises que les autres exposent sur la mer. Voy. Assurance.

Assurer la hauteur. Cela se dit par quelques pilotes, qui donnent beaucoup d’horizon à l’arbalétrille, afin d’attendre monter le soleil, & de mieux l’observer dans le temps qu’il commence à baisser.

Assurer son pavillon, c’est tirer un coup de canon en arborant le pavillon de sa nation.

Assurer le grain. Terme de Corroyeur. C’est donner au cuir la dernière façon qui forme entièrement ce grain, qu’on voit du côté de la fleur dans les vaches & veaux à chair grasse, ou blanche, & dans les cuirs de couleur. Quand le grain est assûré, il ne reste plus qu’à donner le dernier lustre au cuir.

Assurer une couleur. Terme de Teinture. C’est la rendre plus fine, moins capable de s’évaporer, & de changer.

On dit en termes de Vénerie, assurer un faucon, ou un autre oiseau ; pour dire, l’apprivoiser, & empêcher qu’il ne s’effraie par la vue des gens. Cicurare. Ce qu’on fait en l’éveillant, en le baignant, & par toutes les manières qui lui donnent de l’assurance & du courage.

Assurer la bouche d’un cheval ; c’est en termes de Manége, accoutumer un cheval à souffrir le mors. Equi os fingere.

☞ ASSURÉ, ÉE. part. pass. & adj. Qui est stable, qui ne chancelle pas. Firmus. Cette table est mal assurée.

Assuré, se dit en morale & signifie solide. Certus Ce mot dans ce sens à un rapport particulier à la durée des choses. Dans tous les bons gouvernemens les fortunes sont assurées, lorsqu’elles sont légitimes. La faveur des Princes ne fut jamais un bien assuré. M. l’Abbé Girard. Syn.

Assuré, signifie aussi vrai, dont on ne peut pas douter. Dans cette signification il a du rapport au témoignage des hommes. Les événemens ne peuvent être mieux assurés que par l’attestation des témoins oculaires, ou par l’uniformité des relations. M. l’Abbé Girard. Syn.

☞ M. Corneille dans Pompée a dit nouvelle assurée. On apprend des nouvelles sûres. On dit bien cette nouvelle m’a été assurée par tels & tels : mais on ne dit point une nouvelle assurée.

Assuré, signifie encore qui a des raisons pour être persuadé d’une chose. On est assuré d’un fait ou d’un trait d’Histoire. M. l’Abbé Girard. Syn. Assuré dans cette signification a encore du rapport au témoignage des hommes.

Assuré, signifie encore hardi, qui n’a point de crainte. Audax. Contenance assurée, mine assurée, regards assurés. Il se prend quelquefois en mauvaise part, & alors il se met ordinairement devant le substantif. Un assuré menteur. Un assuré voleur. Ac. Fr.

Assuré, ée. On dit en termes de Teinturier, une couleur assurée ; c’est celle qui n’est point sujett à devenir changeante, & dans laquelle on n’a rien omis de ce qui peut contribuer à la rendre parfaite.

Assuré, se dit en termes de Manége, pour accoutumé. Fictus, eruditus, exercitus. Mon cheval a la bouche assurée. Les mulets sont si assurés des pieds, qu’ils sont la meilleure monture qu’on puisse avoir dans des chemins pierreux & raboteux. Newc.

Assuré. Ce mot, en termes de Marine, signifie, garanti, rendu sûr contre toutes sortes d’accidens. Vadatus. Mon vaisseau est assuré. Toutes nos marchandises sont assurées.

ASSURETTE. s. f. Terme de commerce de mer usité dans le Levant. C’est la même chose qu’assurance.

ASSUREUR. s. m. Ne se dit que des Marchands qui assûrent les vaisseaux sur mer, ou leur chargement, & qui en répondent. Sponsor. Les assureurs ne portent point les dommages arrivés par la faute du maître, ou des matelots, ni les pertes qui viennent du vice propre de la chose. Voyez l’Ordonnance de la Marine de 1681.

Dans presque tous ces mots françois écrits par deux SS, on n’en prononce qu’un ; l’autre ne sert qu’à montrer l’origine des mots, & empêcher qu’on ne prononce comme s’il y avoit un Z ; ce qu’il faudroit faire s’il n’y avoit qu’un S, parce qu’il seroit entre deux voyelles.

ASSUS, ASSO. Ville maritime de l’Asie mineure. Assus. Elle étoit sur les confins de la Troade & de la Mysie vis-à-vis de l’île de Lesbos. S. Jérôme dit qu’elle fut aussi nommée Apollonie. Elle fut le siége d’un Evêque suffragant d’Ephèse. Elle se nomme encore aujourd’hui Asso. Les Traducteurs de Mons & le P. Bouhours, Act. XX, 13, 14, disent Asson. Pour nous, nous montâmes sur un vaisseau, & nous allâmes jusqu’à Asson, où nous devions reprendre Paul… Lors donc qu’il nous eut rejoint à Asson, nous allâmes tous ensemble à Mitylène. Mons. Nous autres, nous étant embarqués nous fîmes voile vers Asson, où nous devions prendre Paul… Or, quand il nous eut joint à Asson, nous le prîmes, & nous allâmes à Mitylène. Bouhours. C’est qu’ils ont lu dans la Vulgate navigavimus in Asson : cùm autem convenisset nos in Asson, & qu’ils ont cru que c’étoit un neutre. Cependant la construction devoit les faire douter ; & ils devoient voir que l’accusatif Asson pouvoit aussi-bien venir d’Assos, ou Assus, que de Asson. Etienne de Bysance eût levé leur doute : ils y eussent vu Ἄσσις. Le même Auteur, & sans aller si loin, le texte grec des Actes des Apôtres leur eût appris, qu’Asson étoit féminin, εἰς τὴν Ἄσσον, & qu’ainsi le nominatif étoit Ἄσσος, Assus. Il est vrai néanmoins que Ptolomée l’appelle Ἄσσον ; mais il est le seul, & ce pourroit être une faute de copiste.

ASSUTINAT. s. m. Sorte de graine d’une qualité très-chaude, dont on fait un assez grand usage en plusieurs endroits des Indes Orientales, soit dans l’apprêt de certains ragoûts du pays, soit dans la Médecine. Elle se tire de Surate.

ASSYRIE. Assyria Ancienne contrée d’Asie. L’Assyrie étoit bornée au nord par la grande Arménie, qui la bordoit aussi au couchant ; elle avoit la Suziane & une partie de la Babylonie au midi, & au couchant la Mésopotamie, dont le Tygre la séparoit. Maty. Voyez Ptolomée. Pline, Liv. V. chap. 12. dit qu’elle faisoit partie de la Syrie, & que dans la suite elle fut appelée Adiabène. Strabon comprend dans l’Assyrie la Babylonie, & tous les pays d’alentour ; c’est-à-dire, qu’il a pris l’empire d’Assyrie pour l’Assyrie propre. Denys le Géographe, v. 769 & suiv. & 971. appelle Assyrie les environs du Thermodoon, ou la Cappadoce, aussi bien qu’Apollonius, Liv. III des Argonautes ; & Justin ou Trogue Pompée dit, après Hérodote, que les Assyriens sont ceux qui dans la suite ont été appelés Syriens. Tout cela dans le même sens ; c’est-à-dire, qu’ils ont pris tout l’empire des Assyriens pour l’Assyrie. La capitale de l’Assyrie étoit Ninive. L’Assyrie est maintenant partagée entre les Turcs & les Perses. La partie qui obéit au Grand-Seigneur, & qui est la moindre, retient encore aujourd’hui le nom d’Assyrie, ou d’Arzerum, qui en a été fait par corruption.

ASSYRIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. Qui est d’Assyrie. Qui appartient à l’Assyrie. L’empire des Assyriens est le premier empire du monde, ou du moins un des premiers. Il dura 1300 ans jusqu’à Sardanapale, qui en fut le dernier Empereur. Assur fut le premier, ou selon d’autres Nemrod fils de Chus. Dans les Auteurs anciens, les Phéniciens & les Syriens sont très-souvent appelés Assyriens, & cela, ou par erreur, & parce qu’ils ont confondu, comme j’ai déjà dit, l’empire d’Assyrie avec l’Assyrie, ou parce que la Syrie ayant pris ce nom du nom phénicien de la ville de Tyr, qui est צור, Tsur, ou Sur, d’où elle a été nommée Syria, & Suria ; les Syriens ont été appelés צוריים, Syrim, d’où s’est fait Syrii, & avec l’article הצוריים Hyssurim, ou Hyssuriim, d’où s’est pu faire Assyrii, qui est le même nom, quant au son, que celui des Assyriens, quoique fort différent d’origine & de sens, comme on le verra tout-à-l’heure. Ainsi la pourpre Assyrienne, la couleur, la laine Assyrienne dans les Poëtes, est la même chose que la pour-