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Universel, comme celui de Gemma, & à même titre. On lui donne aussi le nom d’Analemme.

Un quatrième astrolabe est celui de M. de la Hire, & dont il a donné la description dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de l’an 1701, p. 255. Les défauts communs des trois premiers astrolabes, sont d’altérer tellement les figures des constellations, qu’elles ne sont pas faciles à comparer avec le ciel, & d’avoir en quelques endroits des degrés si serrés, qu’ils ne laissent pas assez d’espace aux opérations.

Comme ces deux défauts ont le même principe, M. de la Hire y a remédié en même temps, en trouvant une position de l’œil, d’où les divisions des cercles projetés, fussent très sensiblement égales dans toute l’étendue de l’instrument. Les deux premiers astrolabes plaçoient l’œil au pôle du cercle ou du plan de projection, le troisième à distance infinie, & ils rendoient les divisions inégales dans un ordre contraire. M. de la Hire a découvert un point moyen d’où elles sont suffisamment égales. Il prend pour plan de projection celui d’un méridien, & par conséquent fait un astrolabe universel, & il place l’œil sur l’axe de ce méridien, prolongé de la valeur de son sinus de 45 degrés, c’est-à-dire, que si le diamètre ou axe du méridien est supposé de 200 parties, il le faut prolonger de 70 à peu près. Delà s’ensuit une projection avec tous les avantages qu’on peut désirer.

C’est sur cette manière de projection, comme la plus conforme au globe que l’on puisse trouver, que M. de la Hire a construit les deux planisphères célestes qu’il a donnés au public, & dont les pôles de l’écliptique sont au centre, l’écliptique en faisant le cercle extérieur.

Le P. Briet, Jésuite, dans ses parallèles de la Géographie ancienne & nouvelle, L.IV, C. 5, propose la manière de décrire ainsi un planisphère terrestre, en l’écrasant, pour ainsi dire, par les pôles. Il ajoute que cette méthode a l’approbation de tous les Géographes & Cosmographes, & qu’ils souhaitent, mais en vain, que toutes les tables générales fussent tracées sur ce plan : qu’il en avoit cependant deux de cette forme qui étoient poussées jusqu’au Capricorne, mais qu’il est mieux de ne les point étendre au-delà de l’équateur. C’est ce qu’a fait M. de la Hire, substituant pour le ciel les pôles de l’écliptique à ceux du monde, & l’écliptique à l’équateur.

ASTROLOGIE. s. f. ☞ Suivant son étymologie, ce mot signifie la connoissance du ciel & des astres, & il ne signifioit que cela dans son origine. Mais on appelle maintenant astronomie, ce qu’on appeloit autrefois astrologie, & l’on entend par astrologie, un art chimérique qui enseigne à juger des effets & des influences des astres, & à prédire les événemens, par la situation des planètes, & par leurs différens aspects. Astrologia. On. l’appelle autrement Judiciaire. Astrologia divinans. Ceux qui les premiers ont étudié les mouvemens des cieux, ne prétendoient pas faire de l’astrologie un art de filou ; mais d’autres plus rusés ont voulu profiter du foible de l’homme pour savoir l’avenir, & ont débité qu’on le peut apprendre.

Il y a des effets naturels, comme les vents, les pluies, les grêles, les tempêtes, &c. que l’on peut prédire, quoiqu’on ne le connoisse que par conjecture ; c’est ce que fait l’Astrologie naturelle. Mais les effets libres qui dépendent de la volonté des hommes, ne peuvent être connus, ni prédits, par le moyen des astres, ni par aucun autre moyen naturel. On appelle Astrologie judiciaire cette science fausse, téméraire & abusive, par laquelle on prétend connoître ces sortes d’événemens. M. Crassot, au second tome de ses Commentaires sur Aristote, demande 1°. Si les astres ont la force de signifier : il répond qu’oui ; mais qu’ils ne signifient que comme la cause signifie l’effet, ou comme l’effet signifie la cause, & non pas comme un livre dans lequel Dieu auroit écrit dès le commencement du monde les choses qui arriveront, & qu’il a prévues. Voyez Pic de la Mirand. S. Clément dans ses Rec. 2°. Il demande quelles sont les choses qu’on peut connoître par l’observation des astres, & il dit qu’il y a trois sortes de choses qui dépendent des astres & des cieux, dont les unes sont nécessaires, les autres arrivent ordinairement & le plus souvent, les autres par hasard & rarement : les premiers sont le lever & le coucher des astres, leurs conjonctions, éclipses, aspects, & autres choses qui ne concourent en rien aux choses sublunaires. La science qui les prédit, s’appelle Astronomie, & non pas Astrologie. Les secondes qui regardent l’état & la constitution de l’air dans les quatre saisons de l’année en chaque région. 3°. Les troisièmes sont celles qui arrivent par hasard, & par accident ou rarement, comme cette pluie, ou celle-là, la naissance de cet animal, ou de celui-là. Les choses du premier genre se peuvent connoître & prédire avec certitude ; celles du second se connoissent, & sont prédites seulement avec probabilité ; celles du troisième genre ne le peuvent être qu’avec témérité sur-tout si elles dépendent de la liberté de l’homme, comme cette paix, ou celle-là ; cette guerre, ou celle-là ; ce meurtre, ou celui-là. Il ajoute que le ciel ne contraint point la volonté ; il l’incline pourtant, parce qu’il produit & cause le tempérament ; & la plupart suivent les inclinations de leur tempérament, & n’y renoncent pas, quoiqu’ils y puissent résister. De-là il arrive qu’on prédit certaines choses probablement, qui dépendent néanmoins de la liberté de l’homme, comme la pluralité des dissensions & des querelles en telle & telle année ; mais ce n’est pas de l’inspection des astres, mais des dispositions que l’on remarque dans les hommes à tel ou tel événement, que l’on tire ces conjectures.

L’Astrologie est venue des Chaldéens, & elle a passé jusqu’à nous par les ouvrages des Arabes. On en étoit tellement infatué à Rome, que les Astrologues s’y maintinrent malgré les édits que les Empereurs firent pour les en chasser : & il est certain que l’Astrologie, toute trompeuse qu’elle est, s’étoit établi une espèce de domination dans le monde. La même superstition a régné parmi les Chrétiens. Un Auteur anglois, nommé Goad, qui a composé deux volumes sur l’Astrologie, prétend qu’on peut prévoir les inondations, & expliquer une infinité de phénomènes physiques par la contemplation des astres. Il tâche de rendre raison de la diversité des mêmes saisons par la situation différente des planètes, par leurs mouvemens rétrogrades, le nombre d’étoiles fixes qui se rencontrent dans un signe, &c. Du temps de la Reine Catherine de Médicis, l’Astrologie étoit si fort en vogue, qu’on ne faisoit rien sans consulter les Astrologues. On ne parloit que de leurs prédictions à la cour de Henri IV. La nation s’est guérie de cette foiblesse : on a reconnu que l’Astrologie n’a pas même un principe probable, & qu’il n’y a point d’imposture plus ridicule. Tout le monde convient enfin que l’Astrologie est une science vaine & incertaine. Les Brames ont introduit dans les Indes l’Astrologie judiciaire. Par-là ils se sont rendus comme les arbitres des bons & des mauvais jours. On les consulte comme des oracles, & ils vendent bien cher leurs réponses. Lettres Ed.

ASTROLOGIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l’Astrologie. Astrologicus, ad Astrologiam pertinens. Une prédiction astrologique. Une figure astrologique, ☞ On appelle ainsi la description du thème céleste ou de la position dans laquelle se trouvent les corps célestes dans le temps dont il est question.

☞ ASTROLOGUE. s. m. Astrologus. On nomme ainsi celui qui fait profession de l’Astrologie judiciaire, qui prétend connoître l’avenir par l’inspection, la position & l’influence des corps célestes, en dressant une figure du ciel. Le peuple confond mal-à-propos ce mot avec celui d’Astronome. Le premier s’occupe d’une science chimérique & le second d’une science très-belle & très-utile. Les anciens les confondoient souvent. Thalès & Pherecydes sont appelés Astrologues, quoiqu’ils fussent très-habiles Astronomes. Voyez Saumaise sur Solin, p. 641 & Vossius de Artibus Mathemat. Un Comique a appelé un Astrologue le truchement des étoiles. Si l’on en croit les Astrologues, le ciel est un livre où Dieu a écrit l’histoire du monde, & où un chacun peut lire sa destinée. Ce qui a maintenu si long-