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ATT
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met dans les limons pour y engager & arrêter les traits des chevaux de charroi.

ATTENANCE. s. f. Vieux mot. Permission, convenance. Poës. du Roi du Nav.

ATTENANT, ANTE. adj. Ce qui joint, qui touche à un autre qui y tient. Attinens, pertinens. Il a acquis une vigne, attenante à la sienne. Ce pré attenant est encore à lui. La basse-cour est attenante au château. ☞ Il ne se dit guère que dans le style familier, ou dans le style de pratique, en parlant d’une maison, d’un jardin, d’une pièce de terre, pour dire, tout contre.

Attenant, est aussi adverbe. Ils sont logés attenant l’un de l’autre, tout proche. Propè, proximè. Il a bâti attenant ma maison, tout attenant de mon mur. Si vous savez où est une telle Eglise, je suis logé tout attenant : il vaut mieux dire tout proche.

ATTENDANCE. s. f. Vieux mot. Espoir.

ATTENDANT, ANTE. adj. Qui attend. Expectans, præstolans. Dans ce sens il n’est point en usage.

Attendant, ante. s. m. & f. Nom de Secte en Angleterre. Expectans. D’autres qu’on nomme Attendans soutiennent qu’il n’y a dans le monde aucune église. Pélisson.

En Attendant. adv. Jusqu’à un temps. Dùm, donec. Prenez toujours ce présent en attendant mieux. On dit proverbialement, peloter en attendant partie, pour dire, s’occuper à quelque petite chose dans l’espérance d’une meilleure. Quand ces mots en attendant se trouvent à la fin de la phrase, ils signifient, cependant. Je vais écrire, lisez en attendant.

ATTENDORN. Petite ville d’Allemagne, au duché de Westphalie, aux confins du comté de la Marck, à sept lieues d’Arensberg.

☞ ATTENDRE. v. a. Demeurer dans le désir, l’espérance ou la crainte d’une chose qu’on croit devoir arriver. Expectare, præstolari, opperiri. Attendre quelqu’un, l’attendre avec impatience, attendre son retour. Attendre la pluie, le beau temps. Les assiégés attendent du secours. Attendre une maîtresse au rendez-vous. Attendre un carrosse. On a long-temps attendu le messie, & enfin il est venu.

Sa beauté la rassure, & malgré mon courroux,
L’orgueilleuse m’attend encore à ses genoux.

Racin.

Attendre, se dit aussi figurément des personnes mortes, & des choses inanimées, auxquelles on attribue l’action d’attendre. Les morts attendent le jour du jugement dans leurs tombeaux. Il y a une récompense qui attend dans le ciel les enfans de Dieu. C’est en vain que les hommes détournent leurs pensées de cette éternité qui les attend, comme s’ils la pouvoient anéantir en n’y pensant point. Pasc.

Attendre, signifie aussi, marquer la disposition où l’on est, de recevoir ce que l’on croit qui arrivera, soit qu’on le désire, soit qu’on ne le craigne pas. Attendre la mort avec courage. Attendre l’ennemi, & l’attendre de pied ferme.

Attendre, se dit encore pour espérer. On n’attend rien de bon de cette maladie. J’attends tout de votre affection.

☞ Il faut pour tant remarquer, d’après M. l’Abbé Girard, que le mot espérer a pour objet le succès en lui-même, & désigne une confiance appuyée sur quelque motif ; & que le mot attendre regarde particulièrement le moment de l’événement, sans l’exclure ni désigner, par sa propre énergie, aucun fondement de confiance. On espère d’obtenir les choses ; on attend qu’elles viennent. Il faut toujours espérer en la bonté du ciel, & attendre sans murmurer l’heure de la Providence.

☞ Il semble aussi que ce qu’on espère soit plus une grâce ou une faveur ; & que ce qu’on attend, soit plus une chose de devoir & d’obligation. Nous espérons des réponses assez favorables à nos demandes ; & nous en attendons de convenables à nos propositions.

Attendre, joint à la préposition, sert à marquer le besoin qu’on a de la personne, ou de la chose qu’on attend, & l’impatience avec laquelle on attend. J’attends après vous depuis deux heures. Il y a long-temps qu’il attend après cette succession.

Attendre un cheval, en termes de Manège, c’est le ménager jusqu’à ce qu’il ait l’âge & la force convenables.

Attendre, après quelqu’un, ou après quelque chose ; c’est marquer qu’on les désire, & qu’on en a besoin. J’attends après vous. Il y a long-temps qu’il attend après cette succession.

Attendre, se dit quelquefois absolument. Je suis las d’attendre. Je n’attendrai pas davantage. On dit, attendez, quand on veut faire une pause ; pour dire, arrêtez-vous, ne continuez pas.

Attendre, se dit avec le pronom personnel, en parlant des choses sur lesquelles on compte, dont on est comme assuré. Je m’attendais bien qu’il feroit une telle sottise. Je ne m’attendrai plus à ses promesses. Je ne m’attendois pas à vous perdre si tôt. Attendez-vous à tout le ressentiment dont je suis capable.

On dit proverbialement & ironiquement, attendez-vous-y, lorsqu’on témoigne qu’on ne veut pas exécuter quelque chose ; ou attendez-moi sous l’orme ; pour dire, qu’on ne croit pas aux discours, ou aux promesses de quelqu’un. On vous attend comme les Moines font l’Abbé, en commençant toujours à diner. On dit aussi, il ennuie à qui attend. Qui s’attend à l’écuelle d’autrui, a souvent mal dîné ; pour dire, que quand on compte sur les autres, on est souvent trompé. On dit, attendre quelqu’un au passage ; pour dire, le surprendre en quelque occasion où il ne pourra se défendre d’accorder une demande. On dit, qu’il faut attendre le boiteux en matière de nouvelles ; pour dire, qu’il faut en attendre la confirmation. On dit aussi en disputant, c’est là où je vous attends ; pour dire, c’est de cela que je veux tirer avantage contre vous. On dit encore proverbialement, tout vient à temps à qui peut attendre ; pour dire, qu’il faut avoir de la patience. On ne perd rien pour attendre. On attend long-temps qui vient de loin.

ATTENDU, UE. part. Expectatus.

Attendu que. Conjonction causative, qui signifie, car, parce que, d’autant. Quoniam, quandoquidem. Il a eu cet emploi, attendu qu’il avoit déjà servi. Il se met aussi tout seul. Il a eu cette récompense attendu ses services, son mérite ; pour dire, en considération de ses services, de son mérite. Cette conjonction est plus du Palais que du beau style : les bons Ecrivains évitent de s’en servir.

Tous ces mots viennent du latin attendere.

ATTENDRIR. v. a. Rendre tendre, & facile à manger. Emollire, mollire. On dit que le figuier attendrit la viande qui y est pendue. Les premières gelées attendrissent le raisin.

Ce mot vient du latin tener, du grec τένηρ.

Attendrir, se dit figurément pour rendre sensible à la compassion, à l’amitié, &c. Movere, commevere, permovere. Les mouvemens oratoires attendrissent le cœur des Juges, les excitent à la pitié. Selon les Stoïciens, une grande ame doit être trop au-dessus des disgraces humaines, pour se laisser attendrir par les foibles sentimens de la pitié. On est plus occupé aux pièces de Corneille ; plus ébranlé, & plus attendri à celles de Racine. La Bruy.

Ne vous souvient-il point, en quittant vos beaux yeux,
Quelle vive douleur attendrit mes adieux ? Rac.

☞ Il est aussi réciproque tant au propre qu’au figuré. Au propre on dit que la viande s’attendrit quand on la laisse mortifier ; que les choux s’attendrissent à la gelée. Mollescere, tenerascere, ou tenerescere. Au figuré. Une maîtresse s’attendrit en voyant couler les pleurs de son amant. Vous avez un cœur qui s’attendrit trop aisément. S. Evr. Il est aussi naturel de s’attendrir sur le pitoyable, que d’éclater sur le ridicule, La Bruy. Moveri, commoveri.