Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/655

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
631
AVE

les filles ensemble. Art. 249 de la Coutume de Normandie.

AVENAY. ville de France. Avenacum, Avenæum. Elle est en Champagne, près de la Marne, au midi de Reims.

AVENCHE. Voyez Avanche.

AVÉNEMENT. s. m. Venue, arrivée. Adventus. ☞ Il ne se dit guère que pour désigner le temps auquel Jésus-Christ a paru sur la terre, & celui où il doit venir juger les hommes. Premier, second avénement du Messie. Les Juifs sont encore dans l’attente de l’avénement du Messie & de son règne temporel. Les Chrétiens attendent de second avénement de Jésus-Christ, quand il viendra juger les vivans & les morts. Les Prophètes avoient prédit deux avénemens de Jésus-Christ ; l’un dans l’humilité, & l’autre dans l’éclat. Nicol.

Avénement, se dit aussi du temps où les Princes parviennent à la couronne, de celui où ils prennent possession de leurs Etat. Regni, Principatûs initia. L’avénement de Tibère à l’Empire fut signalé par le meurtre d’Agrippa. Ablanc. Tous les corps payent un certain droit au Roi pour son joyeux avénement à la Couronne. Plusieurs Communautés font renouveler leurs priviléges par les Rois, au temps de leur joyeux avénement. Les Evêques exigeoient autrefois des présens à leur joyeux avénement. Le Pape accorde ordinairement un Jubilé pour son avénement au Pontificat.

AVENIR. v. n. Arriver vaut mieux : se dit de l’événement des choses ; de ce qui en peut arriver. Evenire, contigere. Je veux pousser cette affaire, quoiqu’il en puisse avenir. S’il vous avient jamais de retomber en faute, vous en serez châtié. Il est avenu tout le contraire de ce qu’on lui avoit prédit. S’il avient que je meure, ce sera d’amour. Gom. Il ne se conjugue que dans les troisièmes personnes.

AVENU, UE. part. Quod evenit, contigit. Il faut attendre que le cas soit avenu, avant que de faire cette demande. On dit au Palais, il faut regarder cette procédure comme non fait, & non avenue.

AVENIR. s. m. Temps futur, qui n’est pas encore présent. Futurum. Dieu, à qui l’avenir est présent, voyoit, &c. Peliss. Il seroit indigne de dieu, de se servir de signes aussi vagues, & aussi obscurs que le sont ceux que l’on débite pour des présages de l’avenir. Bayl. Comme le souvenir du passé donne du plaisir, l’espérance de l’avenir en donne aussi. M. Scud. C’est un effet de la Providence de dieu, de nous avoir caché nos maux, & de nous développer notre pénitence peine à peine, de peur que nous soyons rebutés. Il ménage nos craintes, & il épargne à notre foiblesse la connoissance importune d’un fâcheux avenir. Flech. La connoissance de l’avenir est réservée à Dieu. Les sciences qui prédisent l’avenir, sont toutes vaines & sans fondemens. Les Lois n’ont de force que pour l’avenir, & non point pour le passé. Dans le sombre avenir je ne vois pas trop clair. Bens. Nous ne nous tenons jamais au présent : nous anticipons l’avenir, comme trop lent, & pour le hâter ; & nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt. Pasc. La curiosité insatiable de savoir l’avenir, a fait inventer une infinité de manières de divination toutes chimériques, dont les hommes n’ont pas laissé de se payer. Bayl. Pourquoi fouiller dans l’avenir pour se rendre malheureux. Port-R. Il y a de l’imprudence à hasarder l’avenir pour le présent. S. Evr. L’idée de la mort l’afflige d’autant plus, qu’elle ne lui laisse voir qu’un long avenir derrière un rideau, qui redouble ses inquiétudes. Abad. Le passé est un abîme qui engloutit toutes choses, & l’avenir est un autre abîme impénétrable. L’avenir s’écoule dan le passé. Nicol.

Le regret du passé, la peur de l’avenir,
Le chagrin du présent, penser qu’il faut finir ;
Ce sont les beaux présens que nous fait la raison.

S. Evr.

.

Vaines réflexions ! inutiles discours !
L’homme malgré votre secours,
Du frivole aveir sera toujours la dupe.

Des-Houl

.

Avenir, se dit quelquefois des personnes avenir, les hommes des siècles futurs, la postérité. Ainsi dans un sonnet aux officiers François qui servoient un Prince étranger, on a dit :

L’incrédule avenir refusera de croire
Qu’après avoir servi sous le plus grand des Rois,
Vous ayez lâchement abandonné ses lois,
Pour suivre des drapeaux qu’abhorre la victoire.

Oui, du malheur public s’en prenant à ton nom,
Le sévère avenir demandera raison.

Le P. Chomel. J.

Tout l’avenir dira, regrettant le repos
Que viendra lui ravir la fureur des Héros ;
Louis toujours vainqueur pendant dix ans de guerre,
Fit bien plus en calmant, qu’en soumettant la terre.

Avenir. Terme de Palais, assignation, ou acte qu’on signifie à une Procurent de partie adverse, pour se trouver à l’audience pour venir plaider. In jus vocation denuntiatio vadimonii. Il y a avenir précis à ce jour pour plaider. Donner, faire signifier un avenir.

A l’Avenir. Façon de parler adverbiale, qui signifie, désormais. Vous en userez à l’avenir comme il vous plaira. Ne faites plus cela à l’avenir. Acad. Fr.

AVENT. s. m. Le temps qui précède la fête de Noël. Il dure quatre semaines. Le premier dimanche de l’Avent est un dimanche de la première classe. Les Religieux & les personnes de piété jeûnent l’Avent comme le Carême. On ne marie point durant l’Avent sans dispense. Dans les premiers siècles de l’Eglise on jeûnoit pendant l’Avent trois fois la semaine, le lundi, le mercredi & le vendredi. Il est parlé de ce jeûne dans le neuvième Canon du Concile de Mâcon, tenu en 581. Mais il étoit en usage dès auparavant dans l’Eglise romaine, & même dans l’Eglise de France, où l’on prétend que Rupert, Evêque de Tours, l’introduisit. Quelques-uns croient que le Concile de Mâcon ne le prescrit qu’aux Clercs. Ensuite on jeûna tous les jours. Ce jeûne commençoit depuis la fête de S. Martin ; c’est pour cela qu’on l’appeloit le Carême de S. Matin. Les Capitulaires de Charlemagne nous apprennent aussi qu’on faisoit dans le IXe siècle un jeûne de quarante jours avant Noël. Les Clercs y ayant été obligés, comme nous l’avons dit, les personnes pieuses entre les laïques les imitèrent. La coutume s’en introduisit, & l’usage & la pratique en firent une loi. Cependant Amalarius témoigne dans le IXe siècle que cette pratique ne regardoit que les personnes pieuses. En 1270, Urbain V, au commencement de son pontificat, en fit une loi pour les Clercs de la cour romaine. L’Avent n’a pas toujours commencé au même temps. Dans l’office ambrosien il y a six dimanches de l’Avent, & le premier est celui qui suit la fête de S. Martin. S. Grégoire, dans son Sacramentaire, met cinq dimanches, qu’il appelle dimanches d’avant Noël, & qui sont comme les dimanches de l’Avent ; & l’on trouve que l’Avent est quelquefois appelé simplement Carême, Quadragesima, comme dans la vie de S. Dominique l’Enquirassé. On appelle aujourd’hui première semaine de l’Avent, celle par où l’Avent commence, & qui des quatre qui le composent est la plus éloignée de la fête de Noël. Nous apprenons d’Alamarius & de S. Grégoire, dans son Sacramentaire, qu’autrefois c’étoit tout le contraire, & que l’on appeloit première semaine de l’Avent, celle qui est la plus près de la fête de Noël, & qu’on appelle aujourd’hui la dernière. Aujourd’hui, dans toute l’Eglise romaine, l’Avent n’a que quatre dimanches, & le premier est le dimanche le plus proche de la S. André. Dans l’Eglise grecque il commence le