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bre des Dieux. Ce fut l’Empereur Tibère qui institua ce collège qu’il nomma Augustales pour offrir des sacrifices à Auguste dans le temple qu’il lui bâtit, & assigna des fonds pour la subsistance de ces Prêtres ; ce qui ne se pratiqua pas seulement à Rome, mais aussi dans les provinces des Gaules. Plusieurs villes en avoient six, d’où ils furent nommés IIIIIIVIRI Seviri Augustales. Lyon étoit du nombre de ces villes, comme le P. Ménestrier l’a montré dans son Hist. de Lyon, p. 77, par plusieurs anciennes inscriptions.

☞ On institua dans la suite des communautés de Prêtres en l’honneur des Empereurs qu’on déifioit après leur mort, & on les appela Augustales, d’un nom général, ou du nom de l’Empereur au service duquel ils étoient consacrés. Les nouveaux Empereurs se mettoient eux-mêmes du nombre des frères Augustaux, suivant en cela l’exemple de Tibère.

AUGUSTALES. s. f. pl. ou adjectif pris substantivement. Augustalia, ludi augustales. Fête instituée pour l’Empereur Auguste. Après qu’il eut terminé toutes les guerres, & réglé toutes les affaires de Sicile, de Grèce, d’Asie, de Syrie & des Parthes, il fut ordonné que le jour qu’il rentra dans Rome, seroit une fête, & qu’on l’appeleroit Augustales. On appela aussi de ce nom des jeux qui se célébroient en l’honneur du même Prince, le 4e des Ides d’Octobre, c’est-à-dire, le 12e du mois. C’est Tacite, L. I, C. 15, & Dion, L. 54 & 56, qui nous l’apprennent. On peut voir encore Jean Rosinus, Antiq. Rom. L. IV, c. 14, & L. V, c. 20. Je ne conçois pas pourquoi l’Auteur d’un nouveau Dictionnaire appelle cette fête Augustine ; car les Auteurs que j’ai cités, disent toujours Augustales & Augustalia.

AUGUSTBERG. Ville de la Haute-Saxe, bâtie dans le XVIe siècle par l’Electeur Auguste, qui lui a donné son nom. Augustoberga. Elle est dans la Misnie, au voisinage de la Bohème, sur la rivière de Schap.

AUGUSTE. adj. de t. g. Majestueux, vénérable, sacré. Augustus. César Auguste fut le second des Empereurs Romains. On le connoît & on le distingue des autres par ce nom, quoiqu’ils l’aient porté. On disoit d’Auguste après sa mort, qu’il auroit été à souhaiter qu’iln e fût jamais venu au monde, ou qu’il n’en fût jamais sorti. Ce titre d’honneur lui fut déféré après qu’il eut été confirmé par le sénat dans la puissance absolue. Ce terme emportoit quelque chose de sacré & de divin qui l’élevoit au-dessus du reste des hommes. Ses successeurs prirent la qualité d’Auguste ; ensorte que Empereur & Auguste c’étoit la même chose : ces deux mots étoient synonymes. Celui qui étoit destiné à succéder, & l’héritier présomptif de l’empire, étoit créé César : c’étoit un degré pour parvenir à être Auguste, ou Empereur. Le P. Pagi soutient le contraire, & qu’il falloit être Auguste avant que d’être déclaré César. M. Fléchier a rapporté que l’Empereur Valentinien I, fit proclamer Valens son frere Auguste, sans l’avoir auparavant déclaré César ; ce qui ne s’étoit pas encore pratiqué. Marc-Aurele ayant succédé à Antonin, créa aussi-tôt L. Verus César & Auguste. On vit alors, pour la première fois, deux Augustes en même temps ; c’est pourquoi on marqua cette année-là (161) dans les fastes, par le Consulat des deux Augustes. C’étoit un spectacle bien surprenant pour la ville de Rome, de se voir gouvernée par deux Souverains, après avoir vu verser tant de sang pour le choix d’un seul maître.

Les Princesses reçurent la qualité d’Auguste dès le haut Empire, & même celles qui ne furent jamais femmes d’Empereurs. On le trouve quelquefois employé pour Reine. Ainsi Hetric, ou Henri, dans le L. I. des miracles de S. Germain, appelle indifféremment Chrotechilde, femme de Clovis, ou Reine, ou Auguste. Voyez Lymnæus dans son IIe Livre du Droit public de l’Empire.

Théodebert, Roi de France, a le titre d’Auguste sur ses monnoies. Le Blanc. Childebert & Clotaire, son frere, prennent aussi le titre d’Auguste sur les monnoies. Roricon, en parlant de l’Ambassade que l’Empereur Anastase envoya à Clovis, dit que cet Empereur ordonna à ses Ambassadeurs de traiter Clovis non-seulement de Roi, ou de Consul, mais même d’Auguste. Grégoire de Tours ajoute que depuis ce jour-là il prit les titres de Consul & d’Auguste. Il n’est pas hors d’apparence que les enfans de Clovis, Childebert & Clotaire, aient pris, à l’imitation de leur père, ce titre d’Auguste, que leur neveu Théodebert avoit aussi porté. Id. De plus, la monnoie de Reccaréde fait voir que les Empereurs Romains n’étoient pas les seuls qui prenoient le titre d’Auguste, & que les Rois Visigoths le portoient quelquefois aussi bien qu’eux. Id.

On appelle l’Histoire Auguste, celle de six Auteurs latins qui ont écrit les vies des Empereurs Romains, depuis Adrien, jusqu’à Carin. On appelle par honneur Philippe II, Roi de France, Philippe Auguste. On appelle le Parlement, un Sénat auguste, une auguste Compagnie. On le dit plus proprement en matière de Religion. Il faut le prosterner devant l’auguste Majesté de Dieu, devant son Trône auguste, devant l’auguste Sacrement de l’Autel.

La mort de ses rigueurs ne dispense personne ;
L’auguste éclat d’une couronne
Ne peut en exempter nos Rois. Maucr.


Avec un port auguste en un état tranquille,
D’une main il soutient une superbe ville.

Le p. Chom. Jésuite.


Que de voir ces murs antiques,
Ces augustes basiliques,
Siéges des arts & des lois. Boutart.


Ce mot vient du Verbe augeo : augustus, tanquam supra fortem humanam auctus, c’est-à-dire, provectus, sublatus.

Auguste. Ce nom se donne à tout Empereur, ou Roi, qui est magnifique, & qui aime les belles Lettres.

Un Auguste aisément peut faire des Virgiles. Boil.

La France est maintenant le centre des grands Rois ;
L’univers, s’il devoit se choisr un Auguste,
Ne prendrait qu’un François. P. Delm.

Auguste. s. m. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet rouge. C’est un cramoisi & blanc, qui porte une grosse fleur, qui casseroit si on lui laissoit moins de 5 à 6 boutons. Sa plante est vigoureuse, & se trouve en Flandre.

C’est aussi une tulipe qui a trois couleurs, Colombin, blanc, & rouge.

Auguste-le-Grand. Terme de Fleuriste. Espèce d’œillet piqueté. C’est encore une tulipe couleur de rose éclatante, & blanc non d’entrée. Morin. Cult. des fl.

Auguste-triomphant. s. m. Terme de fleuriste. C’est un des plus beaux œillets piquetés, à cause de la largeur, & de la quantité de ses feuilles ; mais il est fort tardif à fleurir, à cause de la foiblesse & de la délicatesse de sa plante. Il faut lui donner du soleil jusqu’à midi ; le planter dans une terre légère, & lui laisser cinq ou six boutons ; autrement il creveroit. Il se trouve à Lille & à Paris. Morin. Cult. des fl.

AUGUSTIN. s. m. Augustinus. Nom d’homme. S. Augustin, Evêque d’Hippone, mourut en 430, le 28 Août, dans sa 76e année commencée. On a fait dans notre langue quelques applications du nom de ce Pere, que l’usage a approuvées. On appelle quelquefois Jansénius, Evêque d’Ipres, l’Augustin d’Ipres. Ses Sectateurs le disent, pour le comparer à S. Augustin, dont ils prétendent qu’il a développé le système. Les Catholiques le disent pour l’opposer au même S. Evêque d’Hippone, dont Jansénius a corrompu la doctrine. L’Augustin de Jansénius, est l’Ouvrage de Jansénius, Evêque d’Ipres, intitulé, Cornelii Jansenii Episcopi Iprensis Augustinus, divisé en trois Tomes, dont le premier comprend un Traité de l’hérésie Pélagienne, en huit Livres ; le IIe un Traité de la raison & de l’autorité dans les choses Théologiques ; un autre de la nature innocente ; un troisième de la nature tombée par le péché, en quatre Livres ; un quatrième de l’état de pure nature, en trois Livres : le IIIe comprend un Traité de la grâce deJésus-Christ Sauveur, en dix Li-

vres ;