Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/708

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
684
BAA — BAB

pris celui de son fils ? La coutume des Juifs d’Allemagne est une preuve que ce n’est point un nom d’idole ; jamais ils ne furent plus éloignés de l’idolâtrie qu’ils le sont. Voyez Kirker, Tom. I, Synt. IV, cap. 8, Selden, de Diis Syriis Synt. I, cap. 1.

☞ BAAL-HAZOR, selon la Vulgate, BAAL-CHATZOR, selon l’hébreu. Ville de la tribu d’Ephraïm où Absalon avoit ses troupeaux. M. le Clerc n’en fait qu’un village.

☞ BAAL-HERMON. ville de la Terre Sainte, au-delà du Jourdain, au nord de la tribu de Manassé.

BAALIS. Voyez Baaltis.

BAALITE. s. m. & f. Celui ou celle qui reconnoît Baal pour Dieu, & lui rend un culte religieux. Baalis cultor. Quelques nouveaux Auteurs ont forgé ce nom pour le donner aux Israëlites qui adoroient Baal. Achab & Jézabel étoient l’un & l’autre baalites. C’étoient des baalites que ces Prophètes qu’Elie fit mettre en pièces, après que par le miracle du feu du ciel qu’il fit descendre sur son sacrifice, il les eut convaincus que Baal n’étoit qu’une idole & un faux Dieu. 3 des Rois, XVIII, 40. C’est Philastrius qui a fait ce nom de baalite ; il dit aussi bélite, belita, parce qu’il croit que les baalites descendent de Bélus. Il dit que Belus est ou nom propre, ou nom qui fut donné à ce Prince pour sa valeur dans la guerre, à fortitudine belli. Il écrit baalites. Il dit qu’ils adoroient les idoles dans des cavernes souterraines, & il distingue encore une autre secte d’hérétiques parmi les Juifs qui adoroient l’idole Baal, ou le faux Prophète Balaam. Ce sont autant d’erreurs. Au reste les baalites étoient plutôt idolâtres qu’hérétiques.

☞ BAAL-MÉON. Ville de la tribu de Ruben, qui fut prise par les Moabites : la même, à ce qu’on croit, que Beth Baal-Méon.

☞ BAAL-PHARASIM, ou BAAL-PERATZIM. Lieu de la Palestine, dans la tribu de Juda. C’est là que David mit en fuite les Philistins.

BAAL-PÉOR. s. m. Dieu qu’adoroient les Arabes, sur la montagne de Péor. On croit que c’est le Priape des Grecs. Voyez Baalphégor qui suit.

BAALPHÉGOR, ou BAALPÉOR. s. m. Idole des Ammonites & des Moabites. Selon S. Jean Chrysostôme il fut nommé du nom du lieu où il étoit adoré. Phégor, ou Péor avec un ע, aïn. S. Basile, S. Jean Chrysostôme, Théodoret disent que Baalphégor est le même que Saturne. D’autres en font le Soleil, Jupiter, ou Bacchus. Selon le P. Kirker, c’est le Priape des Grecs, divinité impure, que le Baal Atuch interprète פעור פה, Peorpe, c’est-à dire, selon le P. Kirker, os nuditatis ; de-là à ce qu’il prétend, s’est formé le nom Priape, qui n’est point grec. Origène & S. Jérôme conviennent que c’étoit une idole infâme, & S. Jérôme dit sur Osée, ch. IX, qu’on peut l’appeler Priape. Les Rabbins sont du même sentiment. Quelques-uns néanmoins, comme Salomon Jarchi & Maimonides, trouvent à ce nom une origine plutôt ridicule & impertinente, qu’elle n’est obscène. D’autres croient que son nom Péor lui vient de ce que cette idole avoit la bouche ouverte, ou béante. Certainement פעור פה, Péorpé, signifie apertum os, ou apertura oris, & non pas os nuditatis. Selden, De Diis Syriis Synt. I, c. 5, croit plutôt, avec S. Chrysostôme & Théodoret sur le Pseaume CV, v. 28, que c’est Baal, surnommé Péor, du nom de la montagne où il étoit adoré. Voyez Origène, hom. XX, sur les Nombres ; S. Jérôme sur Osée, ch. IV, & ch. IX. Maimonide More Nevokim. P. III, ch. 46. Jarchi sur les Nombres XXV, 3. Philon, Liv. des noms changés ; Selden De Diis Syr. Synt. I, c. 5, & Vossius De idol. Lib. II, cap. 7.

BAALSEMEN. s. m. Nom Carthaginois, ou Punique, & Phénicien, dont parlent Philo Biblius & Eusèbe. Le P. Kirker, Œdip. Ægypt. T. I, p. 263, prétend que c’est Nemrod, qui fut ainsi appelé, parce qu’il étoit grand Astronome. Baal signifie Dominus, Seigneur, Maître ; & Semen ou Samain, les Cieux. Ce qui fait un nom très-convenable à un habile Astronome. Vossius, De idol. Lib. II, C. 4, croit que c’est le Soleil, & le même que les Juifs appeloient Beelzebub.

☞ BAAL-THAMAR. Lieu de la Palestine où les Israëlites combattirent contre les Benjaminites. C’est aussi dans cet endroit que toutes les tribus s’assemblerent pour venger l’outrage fait à la femme d’un Lévite de la tribu d’Ephraïm.

BAALTIS, ou BAALIS. s. f. Divinité païenne. Baaldis, Baaltis. C’étoit une Déesse des Phéniciens, appelée autrement Beltis. Hésychius au mot Βηλϐῆς, dit que c’est, ou Junon, ou Venus. Eusèbe écrit Βήλτις, & l’appelle Reine ; d’autres disent que c’est la même que Diane, Venus, la Lune. Sanchoniathon dans Eusèbe, Liv. I, les distingue, & dit qu’Astharte & Baaltis sont sœurs, que la première est Venus, & l’autre Diane, que l’on prend pour Lucifer ; Sanchoniathon ajoute que Baaltis fut femme de Saturne, aussi-bien qu’Astharte, & qu’elle n’eut de lui que des filles. Voyez Kirker, T. I Œdip. Æg. p. 319, & Vossius, De Idol. Lib. II, cap. 21. Elle étoit honorée à Byblos, car Eusèbe dit que Saturne lui avoit donné cette ville.

BAANITE. s. m. & f. Baanita. Hérétique Sectateur de Baanes ; car c’est de ce Chef de leur hérésie que les Baanites prirent leur nom. Il parut au commencement du IXe siècle, & se disant disciple d’Epaphrodite, il fit une secte particulière de Manichéens. Pierre de Sicile en parle dans son Hist. du Manichéisme renaissant, & Baronius à l’an 810.

☞ BAAR. Landgraviat d’Allemagne, dans la Suabe, dans la principauté de Furstemberg. C’est l’ancien patrimoine de cette maison.

BAARRAS. s. m. Plante fabuleuse, dont parle Josephe, qui a une couleur de feu, étincelante comme une étoile, qui fuit sous terre, & qu’on ne peut arrêter qu’en l’arrosant d’urine de femme, ou de son flux menstruel. Elle fait mourir quiconque la touche : desorte que pour l’arracher on la déchausse tout à l’entour, & on y attache un chien qui meurt en l’arrachant, après quoi on la peut manier sans danger.

Baarras, est aussi le nom du lieu où cette plante croissoit. Ce lieu n’est point sur le mont Liban, comme on l’a dit dans le Moreri, mais dans une vallée. Josephe, de la guerre des Juifs, L. VII, c. 23.

BAAT en siamois, en chinois Tital. s. m. Poids tout ensemble & monnoie, qui ont cours, & dont on se sert dans ces deux Royaumes. Le Baat pèse environ demi-once, & vaut à-peu-près cinquante sous de France.

BAB.

☞ BABA. Fameux imposteur Turcoman de nation, qui parut dans le Musulmanisme dans la ville d’Amasie l’an 658 de l’hégire. Il avoit un disciple aussi fourbe que lui, nommé Isaac, qui faisoit faire à ses sectateurs cette profession de toi : il n’y a qu’un seul Dieu, & Baba est son envoyé. Les Musulmans indignés de ce que Baba dégradoit ainsi leur Prophète, se joignirent aux Francs qu’ils appelèrent à leur secours, & poursuivirent si vivement Baba, qu’il fut entièrement défait avec l’armée qui le suivoit, & sa secte dissipée l’an de J. C. 1240 Benschohna cité par Mor.

☞ BABA. Ville de la Turquie en Europe, dans la basse Bulgarie, avec un port sur la mer Noire. Balba, Baba.

BABAU, est je ne fais quel fantôme imaginaire, dont les nourrices de Languedoc & pays voisins se servent pour faire peur aux petits enfants, ou aux timides & imbécilles. Larva umbratilis. On appelle Babau généralement tout ce dont on fait peur, sans jamais pourtant faire de mal… c’est ainsi que l’explique le Sr de la Peyre dans son Anti-Babau, qui, selon lui, ne veut dire autre chose que chasse-frayeur. Baillet. Panurge lui fit le babau, en signe de dérision, dit Rabelais. Ce que M. Duchat interprète par grimaces de singe, en citant un passage, où une nourrice menace son enfant de la baboue & du marmot.

BABÉE, BABET. s. f. Nom populaire, que l’on donne aux jeunes filles qui se nomment Elisabeth. Elisabetha. C’est un diminutif de ce nom.

BABEL. Nom qui fut donné à la ville & à la tour que les hommes bâtirent dans une plaine nommée Sinar, ou Sennaar, quelque temps après le déluge, avant que