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BAC

Babyloniens, les Persans & les Syriens, divisent le jour naturel en vingt-quatre heures, & les comptent depuis le lever du soleil, jusqu’au soleil levant du jour qui suit. Les heures ainsi comptées, & ainsi disposées sur un cadran, s’appellent en Gnomonique, Heures Babyloniennes, horæ Babyloniæ. Harris.

BAC.

BAC. s. m. Grand bateau plat, qui n’a ni poupe, ni proue, & qui est ouvert par le devant & le derrière, que l’on abaisse sur le rivage, pour y faire entrer les charrettes & les carrosses. Ponto. Passer le bac, c’est passer la rivière dans un bac. Les bacs tiennent ordinairement par des anneaux ou des pieux, à de grandes cordes attachées aux deux bords de la rivière, pour la traverser. Le droit de bac est un droit seigneurial qui s’afferme : ce qu’on appelle en quelque lieux Pontenage, ou Pontonage. Ce droit se leve sur ceux qui passent une rivière dans le bac, ou bateau du Seigneur, qui seul a le droit d’en avoir pour faire passer l’eau à ceux qui le souhaitent, ce qui s’appelle passer le port, & se dit tant de celui qui conduit le bateau, que de ceux qu’il conduit à l’autre bord. Ce droit s’afferme à un Batelier, qui seul en joüit, & qui s’appelle Pontonier.

Ménage dérive ce mot de barca, ou barcus. Mais il vient plutôt de bach allemand, qui signifie vaisseau & rivière ; ou bien de bacci, dont Arrian a usé pour un pont. Le P. Papebrok, Act. SS. April. T. i, p. 262, croit que bacon, qui se trouve dans la vie de S. Benezet, est un diminutif du françois bac, & de l’allemand bach, qui signifie un vase de bois ; & qu’il servoit peut-être autrefois à porter quelque chose sur les épaules. Du Cange a dit qu’on a usé du mot de baccus, & de bacus, pour signifier un bac de rivière, d’où on a fait aussi bacula, pour signifier un baquet. Isidore dit que les Latins l’appeloient linter ; & que c’étoit un bateau creusé d’une seule poutre. Selon le P. Pezron bac est un mot celtique, d’où est venu le grec βάκη, & notre mot bac.

Les Fontainiers appellent aussi bac un petit bassin de fontaine. Distus aquarius, concha, labrum.

Bac. Espèce de vaisseau, ou grand bacquet de bois, dont les Brasseurs de bière se servent pour y préparer les grains, le houblon, & les autres drogues qu’il faut faire germer, macérer & fermenter, avant que de les mettre cuire dans la chaudière.

☞ BAC à formes, dans les raffineries de sucre. C’est une grande auge de bois, dans laquelle on met les formes en trempe.

☞ BAC à chaux. C’est un grand bassin en massif de brique & de ciment, dans lequel on éteint la chaux dont on a besoin dans les clarifications. On appelle bac à sucre, plusieurs espaces séparés par des cloisons de planches dans lesquels on jette les matières triées & sorties des barrils. Encyc.

☞ BAÇA, ou BAZA. Ville d’Espagne dans le Royaume de Grenade, sur le bord méridional du Guadalentin, entre Guadix & Huescar. On croit que c’est l’ancienne Basti.

☞ BAÇAIM. Ville du Royaume de Visapour, sur la côte de Malabar. Long. 90, 40. Lat. 19.

☞ BACALA. Ville de la presqu’île de l’Inde, au-delà Du Gange, sur la côte du Golfe de Bengale, dans le Royaume d’Arracan.

☞ BACALAOS. Terre de l’Amérique méridionale découverte l’an 1507.

BACALAS. s. m. Terme de Marine. Pièces de bois de quatre pieds de longueur, qui se clouent sur la couverture de la poupe, & se continuent jusqu’aux cordelettes. Transtra postica.

BACALIAU. s. m. C’est ainsi qu’on appelle la morue séche en provençal. Le Bacaliau fait une partie des provisions des vaisseaux de guerre & de marchands.

BACAR, ou BAKAR, Royaume ou pays de l’Indoustan, le long du Gange, faisant partie des Etats du Grand Mogol.

BACA-SARAI, ou BACASERAI, ou BACIO-SARAI. Ville de la Tartarie, dans la Crimée, sur la rivière de Karbata, capitale & résidence ordinaire du Cham, ou Prince des Tartares.

☞ BACASERAI. Voyez Bacasarai.

BACASSAS. s. m. Bateau presque fait comme la Pirogue. Le bacassas a 40 à 45 pieds de long, sur 7 ou 8 de large. Il a le devant pointu comme la pirogue ; mais il a l’arrière plat & coupé en poupe, & cette poupe a ordinairement un miroir ou tutelle, comme les plus grands navires. Voyez Le P. Labat, T. II, p. 29.

BACAUDES. s. m. plur. Bacauda. Il est parlé des Bacaudes dans Salvien, dans Euménius, dans Eutrope, &c. Les Bacaudes étoient des paysans révoltés dans les Gaules, qui prirent le nom de Bacaudes ; ils couroient le pays, & commettoient mille excès. Dioclétien associa à l’Empire Maximilien, qui avoit rétabli la paix dans les Gaules en défaisant les Bacaudes. On les appelle aussi Bagaudes, & en latin Bagaudæ, Bacaudæ ; Baogaudæ, Bagoaudæ, Bagandæ, Vagandæ. Voyez Orosius, Salvien, Loensis, Lacerda. Voyez Bagaude. Je crois que Bagandæ & Bagandæ sont des fautes, & que l’on a pris un u pour une n.

BACCALAURÉAT. s. m. Baccalaureatus. C’est le premier des degrés qu’on obtient dans les Universités pour parvenir au Doctorat. Voyez Bachelier.

☞ BACCARAC, BACARACH, BACHARACH. Ville d’Allemagne, dans le bas Palatinat, sur le Rhin, autrefois résidence des Electeurs Palatins.

☞ BACCARAT. Ville de France, en Lorraine, dans le territoire de l’Evêché de Metz, sur la Meurte.

BACCHANALES. s. f. Bacchanalia. Prononcez Baccanales. C’étoit autrefois une fête de Bacchus chez les Païens. Les Athéniens la solemnisoient avec beaucoup d’appareil, & ils comptoient même les années par la célébration de cette fête avant qu’ils les comptassent par les Olympiades. Il s’y commettoit beaucoup d’excès. Maintenant c’est une réjouissance ou mascarade qu’on fait au carnaval, où on se couronne de lierre, & où on imite ces anciennes fêtes. Je hais ces repas où la joie ressemble à la fureur, & qui tiennent un peu de la fête des Bacchanales. M. Scud. On appelle aussi la fête des Bacchanales, Orgie, du mot grec ὀργή, qui signifie fureur & emportement ; par rapport à ce qui se passoit dans ces solemnités. Auprès de Vitellius on ne voyoit que désordre & qu’yvrognerie, & son armée ressembloit mieux à des Bachanales, qu’à un camp bien discipliné, Harlay.

L’Origine des Bacchanales vient des Egyptiens. Un certain Mélampus les apporta d’Egypte en Grèce, selon Diodore de Sicile, Liv. I de ses Antiq. ch. 2. Plutarque, dans son Livre d’Isiris & d’Osiris, fait aussi venir d’Egypte les Bacchanales. La Cérès des Grecs est selon lui l’Isis des Egyptiens, & leur Osiris est le Bacchus des Grecs. La forme & la disposition des Bacchanales dépendoit chez les Athéniens de l’Archonte, ou premier Magistrat, comme nous l’apprenons de Pollux, Liv. 8, chap. 9. Elle étoit simple dans les commencemens, mais elle se fit dans la suite avec tant d’apparat, & avec des cérémonies si infâmes, que les Romains, qui en eurent honte, la défendirent dans toute l’Italie. Les anciens Pères ont fort reproché aux Païens les désordres & les abominations des Bacchanales parmi les Grecs. Ces sortes de divertissemens si contraires à la pureté & à la modestie chrétienne, furent défendus dans les Conciles. Pierre Castellan a traité à fond de cette fête dans son Livre intitulé Eortologion, qui a été imprimé in-8°. à Anvers, & qui est postérieur à celui que Meursius a écrit sur la même matière.

On appelle aussi Bacchanales, des tableaux ou bas-reliefs qui nous restent de l’Antiquité, où ces fêtes sont figurées ; & ce sont d’ordinaire des danses & des nudités. On voit encore des Bacchanales dans plusieurs frises anciennes. Il n’y a tien de plus plaisant & de plus gracieux, que des Bacchanales peintes par le Poussin. Félib.

Bacchanale se dit quelquefois d’une débauche faite avec grand bruit. Liberior luxuriandi, vel compotandi

licentia