Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/740

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
716
BAL

retrancha dix jours dans ce temps-là, & un onzième, qu’il a fallu retrancher au commencement de ce siècle ; ensorte que le 12 Septembre du vieux style répond au 23 Septembre du nouveau.

La balance est le symbole de la Justice : avec ce mot, omnibus æquè, c’est la devise d’un homme juste. Au contraire avec ce mot italien, Pende onde prende, ou bien, Piega onde piu receve ; c’est la devise d’un homme injuste. Le Cardinal Diomède Carafe d’Ariano avoit pour devise une balance, avec ce mot qui ne convient point au corps, moderata durant.

Sur les médailles romaines l’Equité et la Monnoie tiennent en main une balance semblable aux nôtres.

BALANCÉ. s. m. Terme de danse. Nom d’un pas. Passus libratus. Le balancé est un pas qui se fait en place, comme le pirouetté, c’est-à-dire, sans avancer ni reculer, mais restant en la même place. Il se fait ordinairement en présence, quoiqu’il se puisse faire aussi en tournant ; mais comme ce n’est que le corps qui tourne, & que cela ne change aucun mouvement, il suffit de décrire la manière de le faire en présence. Il est composé de deux demi-coupés, dont l’un se fait en avant & l’autre en arrière. En commençant vous pliez à la première position, & vous le portez à la quatrième, en vous élevant sur la pointe ; puis vous posez le talon à terre, & la jambe qui est en l’air, s’étant approchée de celle qui est devant, & sur laquelle vous vous êtes élevé étant en l’air, vous pliez sur celle qui a fait ce premier pas, & l’autre étant pliée, se porte en arrière à la quatrième position, & vous vous élevez dessus, ce qui finit ce pas ; mais en faisant ce pas au premier demi-coupé, l’épaule s’efface, & la tête fait un petit mouvement. Rameau. Le balancé est un pas fort gracieux, & se place dans toutes sortes d’airs, quoique les deux pas dont il est composé, soient relevée également l’un & l’autre. Il est fort usité dans les menuets figurés & menuets ordinaires, de même qu’au passe-pied ; il se fait à la place d’un pas de menuet, & occupe la même valeur ; c’est pourquoi il doit être plus lent, puisque ces deux pas se font dans l’étendue de quatre pas que contient le pas de menuet. Id.

BALANCEMENT. s. m. Action du poids qui balance également de deux côtés jusqu’à ce qu’il soit en arrêt, ou en équilibre, mouvement par lequel un corps penche tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Libratio. Un pendule agité fait un long balancement, jusqu’à ce qu’il soit en un plein repos. Le flux & le reflux de la mer vient, selon quelques Physiciens, du balancement que le globe de la terre a sur son axe. Bouh.

Balancement, ou Pas balancé. Libratio corporis in alterum pedem. Voyez Balancé.

☞ BALANCER. v. a. Tenir en équilibre. Librare. Un danseur de corde balance son corps pour ne pas tomber.

Se balancer. Se pencher tantôt d’un côté tantôt d’un autre. Cet homme se balance en marchant.

On le dit en ce sens de deux personnes, qui étant sur les deux bouts d’une planche mise en équilibre, se font hausser & baisser alternativement. Librare sese. Les enfans se balancent par divertissement.

☞ En Fauconnerie, se balancer se dit d’un oiseau de proie qui reste toujours à la même place, qui se tient suspendu en l’air, sans presque remuer les ailes, en observant sa proie. Radit iter liquidum, celebres neque commovet alas.

Balancer, est aussi neutre, & signifie pencher tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Quelques Physiciens prétendent que la terre balance sur son centre.

☞ En termes de chasse, on le dit des chiens qui poursuivent la bête, quand ils ne tiennent pas une route certaine, & quand ils se jettent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.

Une part de mes chiens se sépare de l’autre,
Et je les vois, Marquis, comme tu peux penser,
Chasser tout avec crainte, & finaut balancer.

☞ On le dit aussi de la bête, qui, chassée des chiens courans, vacille en fuyant. Le chevreuil balance.

☞ Dans les manufactures de soie, on dit qu’une lisse balance, quand elle se leve ou se baisse plus d’un côté que d’un autre.

On le dit encore des mouvemens qui font aller & venir une chose d’un côté à l’autre, ce que l’on appelle quelquefois bercer, & quelquefois balancer ; mais il ne faut pas employer indifféremment ces deux verbes dans les mêmes occasions ; outre que balancer est toujours bon, & bercer n’est guère que du style familier en ce sens. Librare se. La terre balance, ou se balance sur son axe. On assure qu’une montagne dans la Chine s’ébranle quand le ciel menace de quelque orage, & se balance à droite & à gauche comme un arbre que le vent agite. P. Le Comte.

Balancer, dans le sens figuré, se dit activement & neutralement. Dans la première acception, c’est examiner avec attention dans une chose les raisons qu’il y a pour & contre. Pensare, pendere aliquid suo pondere. Balancer les raisons des parties. Il se mit à balancer en lui-même, tantôt son avis, & tantôt celui de ses capitaines. Vaug. Les Juges étoient partagés, & l’affaire fut long-temps balancée.

Balancer, marque encore une espèce de comparaison d’une chose avec une autre, sans que l’une puisse l’emporter sur l’autre. Æquare, æquiparare, pensare. La joie que l’on a de l’élévation de son ami, est balancée par la peine qu’on a de le voir au-dessus de soi.

Les bienfaits dans un cœur balancent-ils l’amour ?

Rac.


L’homme a, comme la mer, ses flots & ses caprices.
Mais ses moindres vertus balancent tous ses vices.

Boil.

Balancer, en termes de peinture. C’est mettre une sorte d’équilibre dans les groupes, de façon qu’il n’y ait pas un côté du tableau plein de figures, tandis que l’autre est vide. Acad. Fr. On dit qu’une figure est balancée, lorsque les membres sont disposés avec équilibre, relativement au centre de gravité. Balancer les membres d’une figure, les faire contraster. Les mouvemens ne sont jamais naturels, si les membres ne sont également balancés sur leur centre dans une égalité de poinds ; ce qui ne peut arriver, s’ils ne contrastent les uns avec les autres.

Balancer. v. n. Dans le sens figuré signifie, être en suspens, irrésolu, incliner tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Fluctuare, hærere, hæsitare, suspenso esse animo, animi pendere. Il balançoit entre l’honneur du monde & la crainte de M. le Prince. Rochef. Il y avoit long-temps qu’il balançoit s’il se marieroit ou non. On dit aussi que la victoire a long-temps balancé entre les deux partis. Marc anceps, dubius.

Ce n’est pas que mon cœur vainement suspendu
Balance pour t’offrir un encens qui t’est dû. Boil

BALANCÉ, ÉE. part.

☞ BALANCIER. s. m. On appelle généralement ainsi, en Mécanique, toute partie d’une machine qui a un mouvement d’oscillation, & qui sert ou à ralentir, ou à régler le mouvement des autres parties. Libramentum.

Balancier en Horlogerie. C’est un cercle d’acier ou de laiton qui se meut sur un pivot ; qui a deux palettes au bas de son pivot, qui moderent ou arrêtent l’effort ou le mouvement d’un ressort, qui sans cela se lâcheroit tout d’un coup. Libramentum. Selon qu’une horloge avance ou retarde, il faut charger ou alléger le balancier. Il y a aussi des balanciers de tournebroches qui servent à les gouverner.

Balancier, chez les ouvriers en monnoie, est une presse ou machine qui sert à marquer la monnoie, composée d’une vis qui se meut par un fléau de fer fort chargé de plomb par les deux bouts, & qui est tiré avec des cordes par plusieurs hommes. L’invention de ce balancier a été d’abord proposée en France par Nicolas Briot, tailleur général des monnoies. Par le moyen de cette machine un seul homme fait plus d’ouvrage en un