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BAL

BALLENJER, ou BALLINJER. s. f. Dans un Traité manuscrit de l’office des Héraults, rapporté par M. Du Cange, il est dit : L’amiral doit avoir l’administration de tous vaisseaux appartenans à la guerre, comme Barges, Galées, Horquées, Ballinjers, & autres. Walfingham, dans son Histoire du règne de Richard III, roi d’Angleterre, parle aussi de ces ballinjers. Froissard en parle aussi, vol. 3, cap. 42. Il écrit balanger. Les ballenjers étoient mis au nombre des vaisseaux. On n’en connoît plus le nom.

BALLER. v. n. Danser. Saltare, choreas, agere. Cette jeunesse a dansé & ballé toute la nuit. Pour être un vrai Galand, il faut toujours babiller, danser & baller. Saras. Cet homme va toujours les bras ballans ; pour dire, en laissant aller ses bras suivant le mouvement de son corps. Il est midi sonné & ballé ; pour dire, midi passé. Ce mot est vieux, & ne peut passer que dans le discours familier.

Ménage dérive ce mot de ballare, fait du grec βάλλειν, dont les Latins & les Grecs se sont servis en la même signification. Du Cange dit qu’il vient de βάλιζω, qui signifie pergo, gradior. De Rubis ; dans son Hist. de Lyon, L. I, pag. 108 & 109, dit, que les anciens Gaulois alloient querir le Gui de chêne, & le portoient dans leurs villes suivis des Prêtres & du peuple, demenants joie avec leurs balations qui étoient des chansons & balades qu’ils alloient chantant avec mouvemens de corps, répondant à la cadence de la voix, & que ces chansons & danses s’appeloient balations, à balatu ovium, duquel elles approchoient fort, & que de-là nous avons retenu le mot baller. L’Auteur du Sermon 215, de temp. dans Saint Augustin, dit, erat Gentilium ritus inter Christianos retentus, ut diebus festis balationes, id est, cantilenas & saltationes exercerent, quod balare, id est, vociferando saltare vocabant.

BALLET. s. m. Représentation harmonique, & danse figurée & concertée qui se fait par plusieurs personnes qui représentent par leurs pas & postures quelque chose naturelle, ou quelque action ; ou qui contrefont quelques personnes. Chorea dramatica, dramatica saltatio.

☞ La danse, le concours de plusieurs personnes, & la représentation d’une action par les gestes, les pas & les mouvemens du corps constituent le ballet. Une personne seule, qui en dansant représenteroit une action ne formeroit par un ballet. Ce ne seroit qu’une sorte de pantomime. Plusieurs personnes qui représenteroient une action sans danse, formeroient une Comédie, non un ballet. Encyc. Le ballet de la guerre. Le ballet des Arts, sc. Ce sont les sujets de ces ballets. Un ballet est composé de plusieurs entrées. On fait des vers de ballet pour expliquer le caractère ou l’action des personnes qui dansent ; & ces vers, qui tous ensemble composent une espèce de Poëme dramatique, portent aussi le nom de ballet. Benserade a fait plusieurs sortes de ballets ; & le P. Menestrier en a fait un Traité.

On dit proverbialement, qu’un homme a fait une entrée de ballet dans une compagnie, lorsqu’il y est entré brusquement, & sans cérémonie, & qu’il en est sorti de même.

☞ BALLINCKIL. Ville d’Irlande, au Comté de la Reine, dans la province de Leinster.

BALLON. s. m. Grosse boule de cuir ronde & creuse, qui couvre une vessie, qu’on remplit de vent par une languette, ou soupape, lequel air faisant ressort, rend le ballon propre à se réfléchir. Follis. On joue au ballon en le frappant avec le poing ou le pied. Il n’y a guère que les écoliers qui s’amusent à jouer au ballon.

On dit d’un hydropique, qu’il est gros, qu’il est enflé comme un ballon.

Ballon de Fer. Le ballon de fer contient seize tables de fer. La table est d’un pied & demi de long, & de trois quarts de pieds de large, c’est-à-dire, de neuf pouces de large, & épaisse d’un grain d’orge. Goullut, Mém. des Bour. L. II, C. 26.

☞ BALLON. Terme de Verreries. Ce sont des mottes de terre à pot, prêtes à être mises en œuvre.

Ballon, en termes de Chimie, est un très-gros matras, ou bouteille ronde de gros verre & à cou court, qui sert de récipient en plusieurs distillations, ou opérations.

Ballon, est aussi un terme de Relation qu’on trouve souvent dans celles de Messieurs de Chaumont, & de Choisi. C’est le nom d’un vaisseau à rames, dont on se sert dans le royaume de Siam, tant pour des voitures, que pour des cérémonies. Il y a des ’ballons doré, & bien parés qui ont jusqu’à 150 rameurs de chaque côté. Il y en a quelques-uns qui ont des clochers d’un ouvrage fort délicat : ce sont de petits bâtimens faits d’un seul arbre d’une longueur prodigieuse. Le roi de Siam a les plus beaux ballons qui soient au monde. Les Siamois donnent à leurs ballons la figure de quelque animal, de quelque oiseau, ou de quelque reptile ; ce qui fait un fort bel effet.

Ballon. Terme d’Artificier. C’est une espèce de bombe de carton qu’on jette en l’air comme une bombe de guerre par le moyen d’un mortier ; l’effet de cet artifice est de monter avec une très-petite apparence de feu, qui en jette cependant subitement une grande quantité, lorsque cette bombe est parvenue au sommet de son élévation, à la différence des bombes de guerre, qui ne doivent crever qu’au moment de leur chûte. On les divise en ballons d’air & ballons d’eau, c’est-à-dire, destinés pour l’un ou pour l’autre.

Ballons à bombes. Terme d’Artillerie. Ils se font de la même manière que ceux à grenades. On met d’abord une bombe au fond du sac, & on fait ensuite alternativement un lit de trois bombes & un lit de poudre. Ces bombes sont de six pouces de diamètre. On en met deux ou trois lits dans le ballon.

Ballon de Cailloux. Ils se font comme les ballons à bombes & à grenades. Au lieu de grenades ou de bombes, on y met des cailloux, & l’on observe de faire ensorte que ces ballons crevent en l’air, afin que les cailloux dont ils sont chargés, tombent en forme de grêle sur les lieux où on veut les faire tomber. Ces ballons font à-peu-près le même effet que les pierriers. Ils sont même plus dangereux pour l’ennemi, parce que le service en est bien plus prompt.

Ballons à Grenades, ne sont en quelque façon que des sacs à poudre, qu’on emplit en mettant d’abord une ou deux livres de poudre au fond du sac avec une grenade. On recouvre ce premier lit de quatre grenades, & l’on remplit de poudre les intervalles qu’elles laissent entre elles. On fait ainsi quatre lits de grenades & de poudre, & après que le sac est entièrement rempli, à l’exception de ce qu’il en faut pour le lier, on introduit une fusée dedans, & on lie fortement le sac avec la fusée, après quoi on le trempe dans le goudron. On le met ensuite dans un autre sac qu’on trempe de même dans le goudron, puis dans l’eau. On doit couvrir d’étoupilles les fusées de grenades enfermées dans ce sac.

☞ BALLON. Petite ville de France, au Diocèse du Mans, sur l’Orne, à cinq lieues du Mans, avec titre de Marquisat.

BALLONNIER. s. m. Ouvrier qui fait des ballons. Follium artifex.

BALLOT. s. m. Petite balle ou paquet de marchandises. Fasciculus, farcinula. On le dit aussi des grosses balles. Il y avoit tant de ballots dans ce vaisseau.

On dit proverbialement & figurément à une homme, voilà cotre vrai ballot ; pour dire, c’est votre fait, ce que vous chercher.

Ballot, ou Ballon, signifie aussi ces sommes ou paniers de verre en tables plates & carrées dont se servent les Vitriers, dont chacun contient vingt cinq liens. & six tables à chaque lien.

Ballot, ou sac de laines. On s’en sert pour former promptement des parapets ou places d’armes. On s’en sert dans les tranchées, lorsque les terres sont pierreuses, sans les sappes, & par-tout où il est besoin de promptitude.

BALLOTADE. s. f. Terme de Manége. C’est un saut qu’on fait faire à un cheval entre deux piliers ; ensorte qu’ayant les quatre pieds en l’air, il ne montre que les fers des pieds de derrière, sans détacher la ruade, & s’éparer.