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BAN

quand il se tient sur les chiens faisant la crecerelle.

☞ Ce verbe se prend encore neutralement pour désigner l’érection naturelle de la verge. Arrigere. On le dit principalement des hommes. Juvenal a dit, rigidæ tentiginæ vulvæ. Dans ce sens il est obscène, & ne se dit point parmi les honnêtes gens.

☞ Se bander, se dit quelquefois au propre ; pour dire, se mettre une bande. Il eut la force de se bander lui-même pour arrêter son sang. Il s’emploie plus souvent au figuré ; pour dire, liguer, se roidir opiniâtrement contre quelqu’un. Adversari, obsistere. Il se sont tous bandés les uns contre les autres. Tous les Seigneurs du Parlement d’Angleterre s’étoient alors bandés contre le Roi. Tous les principaux Sénateurs s’étoient bandés contre lui. Ablanc. Cette expression vient de ce que dans les guerres civiles des maisons de Bougogne & d’Orléans, ceux qui tenoient pour la maison d’Orléans portoient des écharpes qu’on appeloit bandes ; d’où vient que ceux qui suivoient le parti des Ducs d’Orléans, de Berry, & du Comte d’Armagnac, qui s’étoient ligués ensemble, furent appelés les bandés ; & l’on dit, se bander ; pour dire, prendre parti contre le Duc de Bourgogne. Et de-là s’est dit en général, se bander contre quelqu’un ; pour dire, se déclarer, se liguer contre lui. Voyez Pasquier, Recherch. Liv. VIII. ch. 51.

On dit proverbialement, bander la caisse ; pour dire s’enfuir, s’en aller, parce qu’en effet on bande la peau d’une caisse, ou tambour, quand on veut battre la marche ou la retraite : par la même figure on dit, bander ses voiles ; pour dire, s’en aller, parce qu’en effet le vent fait bander les voiles d’un vaisseau qui sort d’un port. On dit qu’il faut se bander les yeux ; pour dire, qu’il ne faut pas prendre garde à quelque perte, à quelques désordres domestiques qu’on ne peut empêcher.

☞ BANDÉ, ÉE, part. Il a les mêmes significations que son verbe en latin comme en françois.

Montreuil dit à Madame de Sévigny qui jouoit à Colin-Maillard.

De toutes les façons vous avez l’art de plaire ;
Mais sur-tout vous savez nous charmer en ce jour :
Voyant vos yeux bandés, on vous prend pour l’Amour,
Les voyant découverts, on vous prend pour sa mere.

C’est aussi un terme de Blason, qui se dit de tout l’écu lorsqu’il est couvert de bandes, ou d’une piède bandée, comme le chef, le pal, la fasce. Bandé d’or & de gueules.

BANDER. s. m. Nom Persan, que les Turcs ont aussi pris des Persans, comme beaucoup d’autres mots. Il signifie proprement Ville de Douanne, ville où l’on s’arrête pour payer les droits d’entrée sur les marchandises. Et parce que ces droits se payent à l’entrée ou à la frontière d’un Royaume, un grand nombre de villes frontières en Turquie & en Perse portent ce nom. Le Roi de suède a été long-temps à Bander, où il s’est retiré après la bataille de Pultowa.

BANDEREAU. s. m. Nom qu’on donne au cordon qui sert à pendre la trompette au cou de celui qui sonne. Funiculi.

BANDERET. s. m. Chef de la milice. Dux, Præfectus copiarum. Ce nom se donne aux Chefs de la milice de tout le canton de Berne. Je ne sais s’il se dit ailleurs. Il y a dans Berne quatre Banderets, qui sont les Chefs de la milice de tout le canton. Maty. Peut-être que Banderet se dit pour Banneret, comme bandée pour bannée ; ou bien il vient de bandé, qui signifie Chef des bandes, c’est-à-dire, des troupes de milice.

BANDEROLLE. s. f. Petit étendard en forme de guidon, étendu plus en longueur qu’en largeur, qu’on met sur les mâts des vaisseaux, & sur les pains bénits des personnes de condition qui veulent faire voir leurs armoiries. Parvum, minus vexillum. On dit aussi, une banderolle de trompette, qui est un petit étendard armoirié attaché aux branches.

Ce mot est un diminutif de bande.

Banderolle, étoit une enseigne diminutive de la bande. Elle a été d’usage parmi les François. Son nom & son peu de grandeur montrent qu’elle étoit plus petite que la bande. Les petites enseignes ont toujours été du goût des peuples errans. Les Scythes & les Esclavons aimoient ces sortes d’enseignes. Il a été un temps où la banderoll plaisoit tant aux guerriers, qu’il n’y avoit presque point de cavaliers qui n’en eût une à sa lance. On voit par des monumens anciens, que les lances des cavaliers étoient ornées de banderolles. Cette mode s’est passée parmi nous, nous n’avons plus d’enseignes de cette espèce.

Banderolle, dans le négoce des bois à brûler, & du charbon, signifie une petite planchette de bois, ou feuille de fer blanc, carrée-longue, sur laquelle est collé le tarif du prix de ces marchandises.

☞ BANDIER. adj. Dans quelques coutumes c’est la même chose que bannal.

BANDIÈRE. s. f. Terme de mer. Paremens de damas, ou de taffetas, que l’on met au-dessus des mâts, & qui portent les armes des Souverains. Dans ce sens ce mot est synonyme avec bannière. On dit aussi d’une armée, qu’elle est rangée en front de bandière, lorsqu’elle est assemblée & rangée en campagne avec les étendards & les drapeaux à la tête du corps. Cette situation d’une armée est opposée à celle qu’on exprime, quand on dit qu’elle est cantonnée, c’est-à-dire, par troupes en différens endroits, bourgs, villages, ou cantons.

BANDILLE. s. m. Nom d’homme, qui se fit en Lyonnois pour Baudille. Voyez ce mot.

BANDIMENT. s. m. Terme de coutume. C’est proprement une proclamation que le Seigneur haut justicier fait faire par son sergent. Denunciatio, promulgatio. C’est lorsque le Seigneur Justicier, ou de fief, fait crier par un de ses sergens les héritages, ou biens-meubles, être saisis par lui comme vacans par défaut d’hoirs ; ou lorsque le Seigneur fait savoir à tous ses sujets de lui payer ses rentes ; ou quand les héritages sont en saisie, criées & subhastations, & qu’il y a main mise de justice sur les meubles ou héritages, & la chose qui est saisie ou arrêtée, est bannie ; ou quand on fait publier le procès d’interdiction de biens : Voyez les coutumes de Baionne, de Bretagne, & M. de Laurière sur Ragueau.

BANDINS. s. m. pl. Clathri, cancelli. Terme d emer. Ce sont les lieux où l’on s’appuie étant debout dans la poupe du vaisseau. Ils sortent en dehors presque d’une toise pour soutenir les grandes consoles, qui sont ordinairement formées en Hercules, ou Amazones, en façon de banc fermé par dehors de balustrades, qu’on appelle Jalousie de Mezze poupe.

BANDIT. s. m. Exilé, voleur, assassin, qui court le pays à main armée. Celui qui ayant été banni de son pays pour crime, s’est mis dans une troupe de voleurs. Exul, extorris, latro, grassator. Il y a plusieurs Bandits dans les Pyrénées, dans l’Apennin, dans toute l’Italie. Les Princes sont souvent obligés d’envoyer des troupes pour nettoyer leurs pays de Bandits.

Bandit, se dit aussi par extension, des vagabonds & gens sans aveu. Voyez Bandoulière.

☞ Dans l’usage ordinaire, le bandit, dit M. l’Abbé Girard, est celui qui péche par le cœur & la probité : il ne se conforme pas aux lois civiles.

Le Vagabond manque par la conduite, l’indocilité ou l’amour excessif de la liberté l’écarte des bonnes compagnies.

Le Libertin péche proprement contre les bonnes mœurs ; la passion ou l’amour du plaisir le domine.

Le déréglement est le partage des trois, mais avec des nuances particulières.

☞ BANDO. Royaume de l’Indoustan, dans l’Empire du Mogol, & presque au milieu de ses états. On nomme aussi le Royaume ou la Province d’Asmer du nom de sa capitale.

BANDOIR. s. m. Les Tissutiers-Rubaniers, qui travaillent aux tissus, & galons d’or & d’argent, appellent bandoir, une espèce de roue, ou de poulie de buis, qui sert à bander le battant de leur métier.