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BAR

che le plus du cheval d’Espagne, duquel il ne possède pas entièrement toutes les bonnes qualités ; ce qui le rend plus aisé à dresser. Il est de fort bon naturel, docile, nerveux & léger. C’est un aussi joli cheval qu’il s’en puisse voir ; mais il est un peut trop menu, & si paresseux & négligent en son marcher, qu’il broncheroit en un jeu de boule. Il trotte comme une vache, galope fort bas, & n’a en ces deux actions aucune vivacité : il est ordinairement nerveux, a bonne force, & l’haleine admirable, ce qui le rend capable de grandes corvées, & de souffrir un grand voyage ; il apprend tout ce qu’on lui veut enseigner, & est fort aisé à dresser, ayant la disposition bonne, le jugement, la conception, & la mémoire excellente ; & quand il est une fois soumis, il n’y a point de cheval qui aille mieux au manége en toutes sortes d’airs, & va très-bien sur le terrain, de quelque manière que ce soit. On dit que les barbes des montagnes sont les meilleurs, je crois que ce sont les plus larges ; mais j’aime mieux un cheval moyen, ou même moindre ; & ceux-là sont à assez bon marché en Barbarie. J’ai oui dire que ceux des environs de Marseille mêlent de leurs poulains parmi les barbes, & les vendent comme s’ils étoient venus de Barbarie.

Le barbe,’est pas si propre à être étalon pour avoir des chevaux de manége, que pour des coureurs ; car il engendre des chevaux longs & lâches ; c’est pourquoi il ne faut point avoir de sa race pour le manégé, s’il n’est court de la tête à la croupe, fort & raccourci, & d’une grande vivacité, ce qui se trouve en fort peu de barbes. Newc.

Barbe. s. f. Nom de femme. Barbara. La Chronique orientale dit que sainte Barbe souffrit du temps de l’Evêque Héraclas, disciple d’Origène, qui gouverna l’église d’Alexandrie jusqu’en 248. Barbe s’est fait par apocope de Barbara, barbare.

En termes de Marine, on appelle sainte Barbe, Cubiculum sanctæ Barbaræ, la chambre des Canoniers qui est au bas du château de poupe, au-dessus de celle ou on met le biscuit, & au-dessous de la chambre du Capitaine ; parce que les Canoniers ont choisi saint Barbe pour Patrone. On l’appelle autrement Gardiennerie : les vaisseaux de guerre y ont deux sabords.

Barbe de bouc. Trapogon. Plante qui vient communément dans les prés : sa racine est semblable à celle de la scorsonère, mais plus mince : elle donne des feuilles longues, étroites, pliées en gouttière, & pointues par leurs bouts ; sa tige s’éleve d’un ou deux pieds de haut, garnie de feuilles alternes, & terminées par une fleur jaune, qui est composée de plusieurs demi-fleurons, renfermés dans un calice simple, découpé en plusieurs pièce. Chaque demi-fleuron porte sur un embryon qui devient, après que le demi-fleuron est flétri, une semence oblongue, étroite, cannellée, faite en forme de fuseau, & terminée par une aigrette ouvragée en manière de gafe ou de toile d’araignée. Comme cette aigrette sortant de son calice représente une brosse, on l’a apparemment comparée à la barbe d’un bouc. On mange les jeunes pousses de la barbe du bouc cuites un guise d’asperge ou de houblon, tant à la sauce blanche qu’à la vinaigrette ; & on les nomme Pentecôte, parce que c’est dans ce temps qu’on use de ces mets. Dans le nombre des espèces de barbe de bouc est comprise celle que les Italiens nomment Artisi Tragopogon porrifolim, quod artisi vulgò, & que le vulgaire appelle improprement cersisi. Ses fleurs sont pourpres, ses racines brunes extérieurement. On les mange à la auce blanche, ou mises en pâte, & frittes.

Barbe de chèvre. Barba capræ. Plante dont les racines sont assez grosses, ligneuses, moelleuses dans leur centre, fibreuses & roussâtres ; d’où partent plusieurs feuilles oblongues, pointues par leur extrémité, dentelées sur leurs bords, & rangées sur une côte branchue. Ses tiges sont hautes de quatre pieds, plates, cannellées, moelleuses, creuses, branchues, & terminées par de longues grappes de fleurs longues de plus d’un pied. Chaque fleur est à cinq petits pétales blancs ; le calice est d’une seule pièce, découpé en cinq pointes. De son milieu s’éleve le pistil qui devient un fruit composé de quelques graines longues d’une ligne & demie : chacune renferme une semence oblongue ; l’arrangement de ces fleurs lui a fait donner ce nom. Elle croît dans les Alpes.

Barbe de Jupiter. Barba Jovis. Arbor pulchrè lucens. J. B. Arbrisseau qui s’éleve à la hauteur de quatre à cinq pieds : il est branchu, & garni de feuilles petites, ovales, argentées ou soyeuses, rangées par paires sur une côte longue de deux pouces au plus. Ses fleurs naissent par bouquets à l’extrémité des branches, & même des aisselles des feuilles qui terminent les branches. Elles sont légumineuses, d’un pâle tirant sur le jaune, petites pour la grandeur de la plante. A ces fleurs succedent des gousses très-courtes, velues, composées de deux cases qui ne renferment qu’une semence oblongue. On range sous ce genre d’autres plantes différentes de celle-ci par leurs feuilles, leurs fleurs, &c. L’ébène de Candide, Ebenus Cretica, est, suivant M. Tournefort, une espèce de Barba Jovis. Le sempervivum en françois, joubarbe, est appelé de ce même nom, Jovis barba.

Barbe de moine, autrement cuscute. Cette plante pousse des filets rouges aussi déliés que les cheveux, qui s’attachent aux différentes sortes de plantes. On l’emploie dans les maux de rate & autres maladies. Voyez Cuscute.


Barbe de Renard. s. f. Tragacantha. Plante vivace dont la racine est longue, branchue, filasseuse, grosse comme le doigt, blanchâtre, & qui se plonge fort avant en terre. Elle donne plusieurs tiges ligneuses, grosses comme des tuyaux de plumes à écrire, longues d’un pied, quelquefois branchues, & toujours garnies d’un grand nombre de feuilles, petites, blanchâtres, rangées par paires sur une côte terminée par un aiguillon assez piquant, ce qui rend cette plante épineuse. Ses fleurs sont légumineuses, blanchâtres, & naissent à l’extrémité des tiges, & d’entre les aisselles des feuilles. Ses gousses sont courtes, divisées selon leur longueur en deux loges, qui renferment des semences blanchâtres, petites, & taillées en forme de rein. Cette plante vient au bord de la mer auprès de Marseille. Il en vient une autre espèce dans les Alpes ; elle se distingue de celle de Marseille par ses fleurs, qui sont purpurines, & rayées de veines plus foncées ; ses feuilles outre cela ne sont pas si blanches. M. de Tournefort en a remarqué plusieurs espèces dans le Levant. Des tiges de ce genre de plante découle une gomme qu’on nomme improprement Adragan, & qu’on doit appeler Tragacan, du nom de la plante. Cette gomme se résout dans l’eau en un mucilage épais qui sert aux Peintres dans les colles, & qui entre en médecine dans la préparation de plusieurs compositions. On recommande cette gomme pour la toux & pour les fluxions. Elle nous est apportée du Levant : la meilleure est en petits brins longs, blancs & vermiculés ; la seconde est d’un blanc gris ; la troisième est rougeâtre, ou noirâtre, & remplie d’ordures. Cette plante est nommée par quelques Botanistes Ramebouc, Epinebouc, spina hirci. Tragacantha en grec signifie la même chose.

BARBÉ, ÉE. adj. Terme de blason, qui se dit principalement du coq, comme s’il étoit barbu. Barbatus. Il portoit de gueule au coq d’argent, barbé, crêté, becqué, & membré d’or. Barbé se dit pour exprimer l’émail de la barbe du coq ou des dauphins, quand il est différent du reste de l’animal. On le dit aussi d’une comète, lorsque sa barbe est d’un autre émail. Les comètes se distinguent en chevelue, barbue & caudée ou à queue. Lorsque la barbe d’une comète est du même émail que la comète, on dit barbue. N. porte d’or à une comète barbue d’azur. Mais si la barbe étoit d’un émail différent, il faudroit dire : N. porte d’or à une comète d’azur barbée de gueules, ou d’azur ou autre couleur. On dit aussi barbelé.

BARBEAU. s. m. Poisson d’eau douce qui est de la figure des carpes, mais mollasse & peu estimé. Barbus. Quelques-uns l’appellent aussi mullus, & veulent que ce soit le mullus des Anciens. Les œufs de barbeau sont