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BAR

jetoit la barre plus loin, montroit plus de force ou d’adresse.

Barres, en termes de Manège, sont les parties de la gencive du cheval, où il n’y a point de dents, situées entre les dents mâchelières & les crochets : c’est où se fait l’appui du mors. Gingivæ pars genuinos inter & caninos dentes media. C’est un défaut à un cheval que d’avoir les barres rondes & peu sensibles.

On appelle en termes de Chasse, armes de la barre, les défenses d’un sanglier. Dentes falcarii.

On appelle en Fauconnerie, barres de la queue de l’épervier, certaines bandes noires qui traversent sa queue. Pulæ tæniæ caudam intersecantes.

Barres, en Musique. Ce sont des traits tirés sur les lignes de la portée, pour séparer les mesures les unes des autres.

On dit qu’on donnera cent coups de barres à quelqu’un, quand on le veut menacer de le bien battre. On dit encore proverbialement & bassement, roide comme la barre d’un huis, pour dire, sans pitié, sans rémission. On dit aussi des personnes peu sociables, qui se querellent souvent, qu’il faut mettre une barre entre deux, comme on fait aux chevaux dans les écuries. On dit aussi que des rats jouent aux barres ; pour, dire qu’ils font un grand bruit.

Barre, en Géographie. Nom d’une île de France, dans le Gévaudan, près des sources du Tarn, à six lieues, ou environ de Mende.

BARREAU. s. m. En prononçant ce mot, faites comme dans barre l’a long, & ne prononcez qu’un r. Barre de bois, ou de fer, qui ferme à jour quelque passage, quelque porte, quelque fenêtre, comme une espèce de grille ou de balustrade. Les fenêtres des prisons sont fermées avec de gros barreaux de fer. Clathri. Le chœur de cette Eglise est fermé de barreaux de bois.

Barreau, en termes d’Imprimerie, est la pièce de fer en forme de manche qui sert à faire tourner la vis de la presse pour imprimer. Manubrium.

Barreau au Palais, se dit des bancs où se mettent les Avocats dans les Chambres d’Audience, & qui entourent le parquet, lequel se ferme avec un barreau de fer, d’où il a tiré son nom. Curiæ claustra. Tous les barreaux étoient pleins pour voir cette cérémonie. On obligeoit autrefois les Avocats Généraux à passer le barreau, quand ils plaidoient seulement pour l’intérêt du Roi.

Barreau, signifie aussi le lieu où l’on plaide. Forum. Cicéron, après avoir hautement blâmé la conduite de ceux qui attaquent les personnes, au lieu de n’attaquer que les raisons, souilla pourtant lui-même le barreau par des injures. Bail. Le P. Rapin a fait un traité de l’éloquence de la Chaire & du Barreau.

Barreau, se dit figurément des Avocats. Cet Avocat est l’honneur du barreau. On a consulté tout le barreau sur cette question. Ce jeune homme fait le barreau ; pour dire, fait la profession d’Avocat.

Barreau, le dit aussi de la discipline du Palais, & des règlemens que doivent observer les Avocats. Toute la forme du barreau est changée depuis quelque temps. C’est la règle, c’est l’usage du barreau.

☞ Quelquefois ce mot est pris dans une plus grande étendue, comme synonyme au forum des Latins ; & alors on l’entend de tout ce qu’on appelle gens de robe Magistrats & Praticiens.

☞ BARRELIERE. s. f. Plante ainsi nommée du P. Barrelier Jacobin. Voyez Barleria.

☞ BARREME. Gros bourg, ou petite ville de France, dans la haute province, entre les villages de Senez & de Digue, chef-lieu d’une vallée qui en prend le nom.

BARREMENT. s. m. Ce mot se trouve dans Mézeray pour cassation des gages. Abrogatio. Dans ce mot, comme dans les précédens, & dans le suivant, l’a est long, & l’on ne prononce qu’un r.

BARRER, v. a. mettre une ou plusieurs barres. Barrer des fenêtres, des portes. Obductis Obicibus fores, fenestras occludere.

Barrer, chez les Tonneliers, c’est mettre des barres en travers sur les douves des fonds, & les assujettir avec des chevilles. On le dit aussi des trous que l’on fait dans les peignes du jable avec le barroir.

Barrer, chez les Layetiers. Mettre des barres de bois le long des couvercles pour mieux tenir les planches dont ils sont composés.

Barrer les chevaux. Voyez Barre.

Barrer, signifie aussi, fermer, & se dit des ports & des passages. Un port est barré, quand on en empêche l’entrée, soit par des défenses publiques, soit en le bouchant avec des pieux, des navires ou du canon, soit enfin quand on l’assiége avec une armée navale. On barre les passages lorsqu’on les garde, & qu’on s’y retranche.

Barrer le chemin à quelqu’un, dans le sens figuré, c’est l’empêcher d’avancer sa fortune, de réussir dans ses desseins.

Barrer, se dit encore des lignes & ratures qu’on fait sur un acte pour en annuler les clauses, ou même toute la substance, quand on barre les signatures. Scripturam expungere.

Barrer les veines d’un cheval, en maréchallerie, est une opération qu’on fait sur ses veines pour arrêter le cours des mauvaises humeurs qui s’y jettent. Venam intercidere. On coupe la peau longitudinalement, on dégage la veine, on la lie dessus & dessous, & on la coupe entre les deux ligatures.

Barrer, terme de chasse. Il se dit d’un chien qui balance sur les voies. Hærere.

BARRÉ, ÉE, part. Il a les significations de son verbe.

BARRÉ. En termes de Palais on dit que les Juges sont barrés, ou que les avis sont barrés, lorsqu’il y a deux sentimens, & qu’il se trouve autant de Juges d’un parti que de l’autre. Lorsque les Juges sont barrés dans une Chambre, on porte le procès dans une autre, & le Rapporteur & le Compartiteur vont pour y soutenir chacun leur avis. Voyez Compartiteur.

On appelle en Anatomie l’os barré, l’os pubis. Voyez ce mot.

Barré, terme de blason, se dit lorsque l’écu est divisé en forme de barres, en un nombre pair de partitions par des lignes transversales & des lignes diagonales, en variant mutuellement les couleurs. Voyez Barre.

On appeloit autrefois les Carmes, les Frères barrés, & dans les vieux titres birrati, radiati & stragulati, à cause qu’ils portoient des habits barrés de diverses couleurs, en ce que ces habits étoient diversés par quartiers blancs & noirs, selon que s’en exprime le Père Louis Beurrier dans les Antiquités des Célestins de Paris, & le P. Papebrok, Act. SS. April. T. I. p. 795. & suiv. Ils portoient d’abord des habits blancs ; mais les Sarrasins, chez qui le blanc est la marque de la Noblesse, & une distinction, quand ils eurent conquis la Terre Sainte, les obligèrent à quitter le blanc. Ainsi ils furent contraints de s’habiller à la mode des Orientaux, d’habits rayés. Ils les avoient quand ils passerent en Occident, & c’est ce qui les fit appeler les Frères Barrés. En l’an 1279, le Pape Martin changea leur nom & leur habit, les appela Carmes, & leur donna des manteaux blancs, Voyez Trithème, De Laud. Carmelitar. Lib. VI. Le Concile de Vienne a défendu aux Eclésiastiques les habits barrés, virgatas vestes.

BARRETONE. s. m. C’est le nom qu’on donne au bonnet magistral du Grand-Maître de Malte. Le barretone est de velours noir.

☞ BARRETTE. s. f. (on ne prononce qu’un r.) sorte de petit bonnet qu’on porte en Italie. Pileolum, ou Pileolus, vulgò biretum. A Venise les nobles portent la barette dans les rues.

Barrette, se dit aussi du bonnet carré rouge que le Pape donne ou envoie aux Cardinaux après leurs nomination. Le Roi a coutume de donner lui-même la barrete à ceux qui sont faits à sa nomination, ainsi qu’à ceux qui se trouvent à la Cour quand ils la reçoivent.

Sur le déclin de l’Empire, la vanité des Romains croissant à mesure que leur pouvoir diminuoit, ils ordonnèrent que les seuls Patrices portassent les cheveux longs, & eussent la tête découverte, bien qu’autrement la barrette, chez eux appelée pileum, fût la marque de la liberté. Mezer. En effet, sur les mé-