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BAT

plages de la mer où il n’y a pas assez d’eau pour mettre les vaisseaux à flot. On les appelle autrement basses, ou brisans. Ces deux rivières ne sont séparées l’une de l’autre, que par une langue de terre fort basse, qui produit dans l’une & dans l’autre de très-grandes battures. Lettr. éd. Au Cable de sable en Acadie, il y a des battures & des rochers au large. Denys.

BATTUS. s. m. On appelle ainsi certains Pénitens qu’on voit en Italie, en Avignon, & même en Provence, qui ont la dévotion de se donner rudement la discipline, tant en public qu’en particulier.

Battus, sorti de l’île de Théra, avoit emmené une Colonie dans cette partie de l’Afrique, appelée Cyrénaïque, & y avoit fondé le Royaume de Cyrène. Les peuples de la Cyrénaïque, après sa mort, lui rendirent les honneurs divins, & lui élevèrent des temples.

Battus, Berger de Nelée, témoin du vol que Mercure fit à Apollon, l’ayant révélé, (Voyez Battologie) fut changé en pierre de touche.

☞ BATUECAS. Peuple d’Espagne, au Royaume de Léon, au diocèse de Coria, dans une vallée que l’on appelle le Val de Batuecas. Ils ont été ignorés jusqu’au XVIe siècle, que le Duc d’Albe les découvrit par un pur hasard. On croit que ce sont des restes des anciens Goths, qui étoient demeurés cachés dans cette vallée, entre des montagnes, de crainte des Maures.

☞ BATUSABER. Ville d’Asie, au royaume de Johor, dont elle est la capitale, dans l’extrémité de la presqu’ile de Malaca.

BATZ, ou BATS, s. m. Petite monnoie qui a cours dans quelques villes d’Allemagne.

BAU.

BAU. s. m. Terme de Marine. Voyez Baux, Baro.

BAU. Terme de la Mythologie Phénicienne, pris, selon plusieurs Savans, du 2e verset du ch. I de la Genèse, où il est dit que dans le commencement la terre étoit nue, vide & sans forme ; en hébreu תהו ובהו, Tohu, Vabohu, les Phéniciens ont pris Thot & Bau.

BAVARD, ARDE. adj. Souvent employé substantivement. Qui parle trop, qui parle sans discrétion & sans mesure. Loquax ineptè, insulsè. Blatero. C’est un bavard, un franc bavard. Il n’est que du style familier.

Ce mot est dérivé par Nicot du grec βάϐαξ, qui signifie, censeur.

BAVARDER. v. n. Parler excessivement de choses frivoles ou qu’on devroit tenir secrètes. Ineptè, insulsè loqui, garrire. Ce mot est du style familier ainsi que bavard & bavarderie.

BAVARDERIE. s. f. Terme familier, qui signifie indiscrétion, impertinence dans les discours. Caractère du bavard. Stulta loquacitas, insulsa garrulitas. Ils déguisoient toutes ces bavarderies. On trouve bavardise dans Pomey. Ce dernier est moins usité.

BAVARDIN. Aller en bavardin. Façon de parler entre quelques Dames de la Cour pour dire, aller quêter des nouvelles, & causer par la ville. Mad. de Sevigné. Ce mot n’a pas fait fortune.

BAVAROIS, OISE. f. & adj. Qui est de Bavière, ou qui appartient à la Bavière. Boius, Bavarus. Quelques uns veulent que les Bavarois soient originairement des Avares, lesquels étoient des Huns, qui chassés du Norique s’arrêtèrent dans le pays des Boïens & s’y établirent, & que de leur nom Avarus s’est formé celui de Bavarois, en ajoutant un B au commencement. D’autres tirent ce nom de Bavaric Roi de Toscane. Les Bavarois portèrent autrefois leurs armes dans l’Italie, dans la Grèce, & jusqu’au de-là de l’Hellespont. Les Bavarois sont les premiers des Germains qui aient arboré leurs étendards sur les bords du Tibre & du Thermodoon.

BAVAROISE, s. f. Une infusion de thé où l’on met du sirop de Capillaire ou du sucre. Quand on y mêle du lait, on l’appelle bavaroise.

☞ BAVAY. Autrefois ville considérable, aujourd’hui petit village des Pays-bas, dans le Hainault, à quatre lieues de Mons. C’est l’ancienne Bagacum ou Baganum.

BAUBE. adj. Vieux mot. Bègue. On trouve dans les vieilles Chroniques, Louis le Baube, pour Louis le Bègue.

On dit aussi bauboyer pour bégayer.

BAUBI. s. m. Terme de Vénerie. Espèce de chien anglois, qui sert à courir les lièvres, les renards & sangliers. Voyez Chien.

BAUCAL. s. m. Vase qui a le goulot long & étroit. Baucalis. Il vient de βαύζω, aboyer, parce que l’eau y tombant fait un bruit sourd. Port-R. D’autres le dérivent de l’arabe baucal, & d’autres de bauca, qui a été dit pour bucca, bouche, parce que ce vase a le goulot long & étroit. Id. On doit écrire & prononcer bocal.

BAUCENT. s. m. Vieux mot. Espèce de cheval. Le cheval sus quoi il seoit, étoit un baucent de Quastèle, pour dire, un cheval de Castille.

BAUCHE. Voyez Bauge.

BAUCIS. s. f. Femme de Philémon, qui fut changée en tilleul.

BAUC. s. m. Terme de Chasse. Espèce de chien courant, qui vient de Barbarie, d’une chienne nommée Baude. Secutor canis. Ces chiens sont blancs la plupart, & tout d’une espèce, c’est-à-dire, tout d’une couleur. Ils sont aussi appelés chiens-cerfs, parce qu’ils courent particulièrement le cerf. On les appelle aussi chiens muets, parce que le cerf venant au change, ils ne disent mot jusqu’à ce qu’il en soit hors. Ils sont bons chasseurs, forcenans, requerans, & de haut nez, & de meilleur créance que les autres. On les surnomme aussi Greffiers.

BAUDE. adj. f. Joyeuse. Le masculin étoit Bault, Bals & Baux. On dit aussi Bauderie, pour joie.

BAUDELS. s. m. Nom d’homme, qui se dit en quelques lieux pour Baudille. Baudelius. Voyez Baudille.

BAUDEMENT. Vieux adv. De cœur joyeux, gayement. Poës. du Roi de Nav.

BAUDEQUIN. s. m. Petite monnoie qui avoit cours en France au commencement du XIVe siècle. Un baudequin valoit six deniers. Les Monétaires demandèrent le décri des baudequins en 1308, comme il paroît par un vieux titre de la Chambre des Comptes Item, que l’on fasse faire la défense des baudequins, qui courent communément pour six deniers.

Quelques-uns conjecturent que ce mot étant le même que baldaquin, cette monnoie fut peut-être ainsi appelée, parce que le Roi y étoit représenté sous un dais, ou baldaquin.

BAUDET. s. m. Vieux mot, mais encore en usage, qui signifie un âne. Asinus. On le dit aussi figurément & par injure d’un homme fort ignorant, ou fort bête.

Borel après Vigenère, dérive ce mot de l’hébreu badel, qui signifie stupide.

Le baudet tout surpris de ses rares merveilles,
En demeura tout stupéfait :
Sans y penser il lève les oreilles.

Charger le baudet, en termes de jeu de trictrac, c’est mettre des dames l’une sur l’autre, sans pouvoir caser. Traité du trictrac. C’est accumuler dame sur dame à la même lame, y en mettre plus de deux.

Baudet, se dit aussi des tréteaux sur lesquels les scieurs de long posent leur bois pour le scier. Tigna.

BAUDILLE. s. m. Nom d’homme. Baudelius. Saint Baudille souffrit le martyre à Nîmes au IIIe siècle sous Maximien, ou au IVe sous Julien l’Apostat. Son nom est encore fort célèbre dans plusieurs Eglises de France, & dans quelques-unes d’Espagne. Mais il y est défiguré en bien des manières, selon les inflexions différentes du langage vulgaire des peuples, qui ont dressé leurs Temples à Dieu en son honneur. Car, selon la remarque de M. l’Abbé Chastelain, c’est le même que l’on appelle S. Bauzille en Languedoc, S. Boile, ou S. Boy en Catalogne, S. Baudille en Lyonnois, S. Bauzire en Auvergne, S. Bausely en Rouergue, S. Baudt en Flandre. On dit aussi S. Baudels en quelques Paroisses du Diocèse de Paris, quoique dans les