Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/848

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
824
BEA

de belles montagnes, ou parce qu’ils en sont proche. Bellomontium, Bellus mons. Beaumont, village du pays de Vau en Suisse. Beaumont en Argone, petite ville de France, dans le petit pays d’Argone, en Champagne. Beaumont, petite ville de France, dans le Cotentin. Beaumont le Roger, Bellomontium Rogerii, dans le diocèse d’Evreux, en Normandie. C’est un comté qui a pris son nom de quelqu’un de ses Comtes nommés Roger, qui a fondé ou agrandi cette petite ville. Beaumont sur Oyse, dans l’île de France. Beaumont le Vicomte, petite ville dans le Maine, avec titre de Duché, Beaumontville, bourg de Normandie, proche de Beaumont le Roger, ☞ Il y a encore plusieurs lieux en France qui portent le nom de Beaumont.

BEAUNE. Ville de France dans la Bourgogne, sur une petite rivière nommée la Bourgeoise. Castrum Belnum, Belni ou Belna mais plus rarement ; Baelna d’où s’est formé Beaune. Beaune est fort connue par les bons vins que produit son terroir. Qui est de Beaune. Belnicus. Le vin de Beaune, vinum Belnicum, vina Belnica.

Il y a encore dans le Gâtinois un bourg nommé Beaune, Belna, à cinq lieues de Montargis au Couchant.

BEAU-PERE. s. m. Terme relatif à l’égard des enfans d’un premier lit. Il se dit d’un mari qui a épousé leur mère en seconde noces. Vitricus. Et belle-mere est la femme que leur père a épousée de la même manière. Comme un beau-pere n’est que l’ombre d’un vrai père, de même son affection n’est que l’ombre de la paternelle. Le Mait. Un beau-pere est un faux père. Id.

Beau-pere, se dit aussi pour le père du mari d’une femme, & pour le pere de la femme du mari. Socer. C’est mon beau-pere ; pour dire, c’est le père de ma femme, ou de mon mari. Porphyrion, sur l’Art Poëtique d’Horace, au vers Perfidus Ixion, dit qu’anciennement la coutume étoit que les gendres donnassent une dot à leur beau-pere, ce qu’il appelle dotem, ou nuptialia munera, c’est-à-dire, qu’on achetoit les femmes, comme on fait encore en quelques endroits des Indes.

Beau-pere, est un titre que l’on donnoit autrefois aux religieux, & qui se disoit encore du temps de Pasquier.

Mes Beaux-Peres Religieux,
Vous dînez pour un grand merci :
O Gens heureux ! ô Demi-Dieux !
Plût à Dieu que je fusse ainsi.


Disoit Victor de Brodeau en ce huictain qui fut tant solennisé sous le règne de François I. Pasq. Rech. III, 50.

Ce nom, selon Pasquier, vient de Béat Pere, qu’on donnoit aux Religieux, parce qu’ils ont épousé une vie sainte ; & aux peres, parce qu’en mariant leurs enfans ils semblent se procurer une vie immortelle. Rabelais, en son troisième Livre de Pentagruel, appelle Béats Peres, les Moines que nous appelons Beaux Peres. Pasq. Ménage prétend qu’on a dit beau-pere, comme on a dit Beau Sire, par une épithète d’honneur. Mais toutes ces qualités avoient autrefois leurs noms propres, & on appeloit parâtre, marâtre, filiâtre, les beau-pere, belle-mere, & beau-fils ; & 'serourge, ou sereur, celui qui avoit épousé notre sœur, dont les exemples sont fréquens dans les coutumes, & dans Boutiliers.

BEAUPRÉ. s. m. Terme de Marine. C’est le mat d’un vaisseau le plus avancé, qui est sur la proue, incliné ou couché sur la poulaine. Sa voile s’appelle sivadière. Le mât qu’on ente au-dessus s’appelle le tourmentin, ou le petit beaupré. On dit qu’un vaisseau est beaupré sur poupe ; pour dire, qu’il suit le plus près qu’il peut un autre vaisseau. Quand le mât de beaupré a douze toiles, cinq pieds de long, sa vergue à huit toises, deux pieds de long, & le mât de perroquet de beaupré a trois toises, un pied de long. Le mât de beaupré est enchâssé par le bout d’en bas sur le premier pont dans le mât d’avant, ou demi saine, & passe directement au-dessus de l’éperon : il est garni d’une hune, d’un mât de perroquet & de deux vergues, comme aussi de deux chouquets, qui servent à tenir ledit mât de perroquet & le bâton du pavillon. Le mât de beaupré doit avoir les deux tiers du grand mât, & sa grosseur doit être égale à celle du mât de misaine par le plus gros, & la moitié du diamètre par le bout. Caron. Mettre le beaupré en terre, c’est se mettre sans danger si près de terre, que le mât de beaupré qui est à l’avant du navire, y puisse toucher. Denys. P. I. C. 6.

☞ BEAUPORT. Abbaye de France, en Bretagne, diocèse de S. Brieu, Ordre de Prémontré.

☞ BEAUPREAU. Petite ville de France, en Anjou.

☞ BEAUPTEIS. Petite rivière de France, en Normandie, qui se perd dans la Doue.

BEAUQUENE. Bourg de France, en Picardie, au Doyenné de Dourlens, est à 19°, 54’, 7″ de longitude, & à 50°, 5’, 12″ de latitude. Cassini.

☞ BEAUREGARD. Petite ville de France, l’une des onze Châtellenies de la principauté de Dombes.

☞ BEAUREGARD. Bourg de France, en Auvergne.

☞ BEAU-REVOIR. Bourg de France en Picardie, à la source de Lescaut.

Beau-revoir, s. m. Terme de Chasse, qui se dit quand le limier bande fort sur la botte & sur le trait, étant sur les voies.

BEAU-SIRE-DIEU. s. m. Nom d’une cérémonie qui se pratique tous les Dimanches par les Dames Chanoinesses de Remiremont. Voyez Barbette.

☞ BEAUSSE. Voyez Beauce.

BEAUTÉ, s. f. Ce qui plaît à nos sens, & sur-tout à l’ame, en conséquence d’une certaine proportion agréable qui se trouve entre les parties du même tout. Qualité de ce qui est beau, résultant de la régularité, de la proportion de ses parties, & du mélange agréable des couleurs. Pulchritudo, species, decor, venustas, formositas. Socrate définissoit la beauté, une tyrannie de peu de temps ; Platon l’appeloit une principauté établie par la nature ; Carneades, un règne solitaire ; d’autres, un royaume sans armes & sans gardes. Quelqu’un dit que la beauté est le plus puissant & le plus foible ennemi de l’homme ; qu’il ne lui faut qu’un regard pour vaincre ; qu’il ne faut que ne la pas regarder pour triompher d’elle. Selon le P. Bouhours, c’est-là sophistiquer ses pensées. Il se dit principalement de l’agrément des femmes, soit dans le visage, soit dans la taille, soit dans leurs autres qualités naturelles. Il y a des beautés Grecques & des beautés Romaines. On appelle une beauté Romaine, celle dont l’air est grave & majestueux, & qui a de grands traits, un grand front, le nez un peu grand, la bouche médiocrement ouverte, les lèvres bien rebordées. Au contraire on appelle beauté Grecque, une personne qui a tous les traits petits & mignons, le nez un peu retroussé, & l’air badin, vif & enjoué. La beauté des femmes Tartares, c’est de n’avoir point de nez ; celle des Indiennes, d’avoir de longues mamelles & de longues oreilles ; & celle des Mores, d’être noires & camuses. La beauté a un droit naturel de commander aux hommes ; & la valeur n’a qu’un droit acquis par la force. Fonten. La jalousie de la beauté n’est pas moins violente que celle des amans. S. Evr. La beauté la plus rare est fragile & mortelle. Vili. Un peu de fierté sied bien à une femme qui est jeune & belle ; La jeunesse & la beauté donnent de grands privilèges. Bell. Lorsque l’âge ou quelque accident imprévu effacera votre beauté, dont vous êtes idolatre, vous avouerez que ce n’étoit que vanité. Flechier. Chez les Poëtes, Minerve est la prudence, Venus est la beauté. Boil. La plus grande partie des femmes doivent leur beauté à leurs ornemens. Rochef. La beauté est différente à raison des âges différens. La beauté d’un jeune homme est d’avoir le corps propre à toutes sortes d’exercices. Il faut encore qu’il soit agréable à voir. La beauté d’un homme fait, & qui est dans l’âge de vigueur, est de pouvoir supporter toutes les fatigues de la guerre, & d’avoir je ne sais quoi dans le visage qui le rende agréable à voir, & redoutable tout ensemble. Enfin, celle d’un vieillard consiste à pouvoir faire toutes les fonctions nécessaires, & cela sans se plaindre, comme ne sentant aucune des incommodités qui affli-