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BER

de Bérenger Archidiacre d’Angers. C’étoit un esprit fort médiocre, qui ne pouvant se faire de nom par la voie des sciences, dans lesquelles il ne brilloir pas, chercha à supléer au défaut de ses talens par la nouveauté de ses opinions, ainsi que le décrit Guimond, Moine de la Croix S. Leufroi & depuis Archevêque d’Averse, qui a écrit contre lui. D’abord il combattit le mariage, soutenant que l’on pouvoit user de toutes sortes de femmes ; il soutint ensuite que le Baptême des enfans étoit nul ; enfin il attaqua le Sacrement de l’Eucharistie ; & voyant que les plus déréglés même rejetoient les deux premières erreurs, il se borna tout entier à la dernière, & nia que Jésus-Christ fût véritablement & réellement présent dans l’Eucharistie. Il eut peu de disciples, qui, en quelque petit nombre qu’ils fussent, ne s’accordèrent pas dans leurs erreurs. Tous disoient que le pain & le vin ne sont pas changés essentiellement ; mais les uns soutenoient qu’il n’y a rien absolument du corps & du sang de Notre-Seigneur dans le Sacrement, & que ce n’est qu’une ombre & une figure ; d’autres, cédant aux raisons de l’Église, sans quitter leur erreur, disoient que le corps & le sang de N. S. y sont en effet contenus, mais cachés par une espèce d’impanation, afin que nous puissions les recevoir. C’étoit là, selon les Bérengariens, l’opinion la plus subtile de leur Maître. D’autres opposés à Bérenger, mais touchés de ses raisons, croyoient que le pain & le vin sont changés en partie, d’autres qu’ils sont entièrement changés ; mais quand on le présente à la Communion sans en être digne, la chair & le sang de Jésus-Christ redeviennent tout à-coup du pain & du vin. C’est ce Guymond, dont j’ai parlé, qui nous rapporte ces différens tours que les Bérengariens donnoient à l’hérésie de leur Chef. Voyez Bibliot. des PP. Tom. XVIII de l’édit. de Lyon, p. 440, 441.

BÉRÉNICE. s. f. Reine d’Egypte, épouse de Ptolémée Evergète, promit aux Dieux le sacrifice de ses cheveux, si son mari revenoit victorieux d’une grande bataille qu’il alloit donner. Le vœu fut exaucé, & la Princesse se dépouilla de cet ornement de sa tête, pour le consacrer dans le temple de Mars. A peine la chevelure y fut-elle déposée, qu’elle disparut, & Conon, célèbre Astronome de ce temps-là, pour consoler Bérénice, ou pour la flatter, voulut lui persuader que son sacrifice avoit été si agréable au Dieu Mars, qu’il avoit placé la chevelure parmi les astres.

☞ BERESCOW. Ville de Russie, dans la Province de Tobolsk, sur l’Oby.

BERETIN. s. m. Fruit que les Matelots trouvèrent dans les Iles Malaga, lors de l’expédition ou du voyage autour du monde par François Drake.

BERG. Le Duché de Berg. Bergarum, ou Montium Ducatus. Province du cercle de Westphalie en Allemagne, entre le duché de Clèves au nord, le comté de la Marck, & le duché de Westphalie au levant, la Wétéravie au midi, & le diocèse de Cologne au couchant. Il est aujourd’hui à l’Electeur Palatin. Voyez Imhoff. Notit. Imp. Proc. Lib. IX, cap. 4.

☞ BERGA. Petite ville d’Espagne, en Catalogne, sur la rivière de Lobrega, à cinq lieues de Puicerda.

BERGAMASQUE. Quelques-uns écrivent BERGAMASC. Pays d’Italie, dans l’état de Venise. Bergomensis ager, Bergomates. Il est borné à l’Orient par le Bressan, au nord par la Walteline, au couchant & au midi par le Milanois. Il n’y a point d’autre ville dans le Bergamasque que Bergame, qui lui donne son nom. Le Langage du Bergamasque est le plus grossier de toute l’Italie.

Bergamasque. adj. m. & f. Qui est du Bergamasque, ou qui appartient au Bergamasque. Bergomensis. Nous avons les Métamorphoses d’Ovide tournées en langue Bergamasque, par un Auteur qui n’a point d’autre nom que Baricocol Dottor di val Bambrena. Mascur.

BERGAME. Bergomum. Les Modernes disent Bergamum ; mais Pline, Liv. III. chap. 17. dit Bergomum. Ville d’Italie, dans le Bergamasque, province de l’Etat de Venise. Bergame est le siège d’un évêché suffragant de Milan. Bergame a été bâtie par les Gaulois Cénomanois. L’origine de son nom le peut confirmer ; car Cluvier, Ital. Ant. Lib. I. cap. 25. prétend avec assez de vraisemblance, qu’il est composé de Berg, qui en langue celtique signifie montagne, & de bonne, qui signifie demeure, domicile, comme on le voit encore dans l’Anglois ; de sorte que Bergomum n’est autre chose que demeure de la montagne ; & Pline, à l’endroit que j’ai cité, rapporte en effet, que Cornélius Alexander disoit que ce nom signifioit des gens qui habitent sur les montagnes ; mais cet ancien Auteur tiroir ce sens & cette étymologie de la langue grecque, parce qu’il ignoroit la langue celtique d’où elle vient. Le P. Célestin Capucin a fait en Italien l’histoire de Bergame. Historia quadripartita di Bergamo, in-4o. à Bergame. 1617.

Bergame. Tapisserie grossière faite d’un tissu de laine, de fil ou de coton, sur le métier, sans représenter aucunes figures. Aulæum levidense. On les appelle maintenant tapisseries de Rouen. Il y a apparence que la première fabrique vint de la ville de Bergame.

BERGAMOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Bergame. Bergomas. Après la mort de Philippe Duc de Milan, les Bergamois se soumirent aux Vénitiens, qui ayant perdu Bergame dans le temps de la célèbre bataille d’Aignadel que Louis XII leur donna le 14 Mai 1509, la reprirent vers l’an 1516, & l’ont toujours gardée depuis ce temps-là. Sur Bergame & les Bergamois, voyez l’ancienne Italie de Cluvier, Liv. I, ch. 25, & la Descript. d’Ital. de Léandre Alberti.

BERGAMOTE. s. f. Sorte de poire verte & ronde. Pirum bergomium. Bergamote de Bugey. Quelques-uns croient que cette poire a été ainsi nommée de Bergame, ville d’Italie. Mais Ménage prétend que ce mot vient du turc Bergamout, c’est-à-dire, poire du Seigneur ; Beg signifiant Seigneur, & armout poire. Bauhin en fait une description particulière, & l’appelle poire Royale. En fait des poires crues, je préfère celles qui ont la chair beurrée, ou tout au moins tendre & délicate, avec une eau douce, sucrée & de bon goût, & sur-tout quand il s’y rencontre un peu de parfum. Telles font les poires de Bergamote, &c. La Quint.

Il y a une Bergamote d’Eté & une Bergamote d’Automne. Mais il n’y a point de bergamote tardive, ou bergamote de Carême, comme quelques-uns l’ont voulu.

La Bergamote d’Eté s’appelle autrement la Milan de la Beurrière, ou poire de Milan, ou de la Beurrière. La Quintinie dit que c’est une poire du dixième Août, & la met parmi les poires médiocres.

La Bergamote d’Automne a sa chair tendre & fondante, son eau douce & sucrée, & un petit parfum. La Quint. Il y a une bergamote d’Automne qui est grise, verdâtre ; & c’est celle-là qu’on nomme simplement bergamote ou bergamote commune, ou de la Hilière, ou du Recous, &c. tout cela n’étant qu’une même chose. Il y en a une autre qui est rayée, c’est à-dire, marquée par bandes jaunes & vertes, & c’est ce qui la fait nommer la bergamote Suisse. Cette bigarrure se trouve dans le bois & dans le fruit ; à l’égard du mérite intérieur, il me paroît égal dans l’un & dans l’autre. La Quint. Le bois du poirier de bergamote est fort délicat, & sujet à la gale aussi-bien que le fruit. Id.

Bergamote crasane. Autre espèce de poire nommée communément crasane, & par d’autres bergamote crasane, bergamote à cause de sa chair, & crasane à cause de la sigure, qui paroît comme écrasée. La Quint.

Bergamote, est aussi une espèce d’orange différente des autres, qui a une odeur très-agréable. On l’appelle souvent cédrat. On prétend que l’origine de l’oranger bergamote vient d’un Italien qui enta une branche de citronnier sur le tronc d’un poirier bergamote, ce qui fait que les citrons qui en proviennent, participent des qualités du citronnier & du poirier.

Bergamote, se dit aussi d’une essence, qu’on appelle essence de cedra, ou de bergamote. Succus subtilissimus ex piro bergomio expressus. Voyez au mot Essence, Essence de cedra.