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BER

branche, ou un pédicule, qui soutient une ombelle de fleurs blanchâtres, petites, auxquelles succèdent des graines menues, cannelées sur leurs dos, âcres & piquantes au goût. Celle-ci est le Sium umbellatum, repens, espèce plus commune que celle qui est nommée Sium, sive apium palustre foliis oblongis, dont les feuilles sont plus étroites & dentelées plus profondément. Il y a une troisième espèce de berle qu’on nomme la grande berle, & dont les feuilles ont à peu près le volume de celle du panais. La berle est antiscorbutique, apéritive & diurétique.

Le nom de berle étoit appliqué autrefois indifféremment à plusieurs plantes de différens genres, telles que le becabunga, qui est une espèce de Véronique, & à l’Œnantha. Plusieurs Auteurs ont fait mention d’une plante ombellifère & aquatique, nommée Sium Erucæ foliis, & qu’on croit être très-venimeuse. Vepserus a cru que cette dernière plante étoit la ciguë aquatique des Anciens. Daléchamp fait venir l’étymologie de Sium du grec, ἀπὸ τοῦ σείειν, à cause que cette plante est continuellement agitée par l’eau courante dans laquelle elle croît.

☞ BERLEBOURG. Berleburgum. Petite ville d’Allemagne, avec un château, dans la Vetéravie, au Comté de Witgenstein, sur la rivière d’Eder.

BERLIN. Berolinum, Berlinum. Ville du Cercle de la haute Saxe, en Allemagne, dans la moyenne marche de Brandebourg, sur la Sprée, capitale des Etats de Brandebourg, & la résidence ordinaire des Electeurs de ce nom. Berlin été fondé par Albert l’Ours, en 1162, & a de longitude 30° 58′ 34″, & de latitude 52° 33′ 0″. Kirk, Heffan & De Lisle. Maty, Corv. Il y a dans la Suisse une ville de ce même nom.

BERLINE. s. f. Espèce de Carrosse venue de Berlin, ville d’Allemagne, dont nous venons de parler. Currus Berolinensis. C’est de-là que ces carrosses ont pris leur nom. Quelques-uns néanmoins en donnent l’invention aux Italiens. Il y a des Ordonnances du Roi pour les Postes, qui défendent aux Officiers de courir la poste en berline. Dans les commencemens qu’on en vit à Paris, quelques personnes disoient brelingue, ou brelinde, mais mal. On dit berline, & l’étymologie montre qu’il le faut dire.

La Berline est une voiture commode pour aller en campagne, parce qu’elle est plus légère, & moins sujette à verser qu’un carrosse. C’est une machine posée sur deux brancards, soutenue par des soupentes. On y entre par des étriers ou marchepieds. Les berlines sont fort à la mode depuis quelque temps. On s’en sert même à la ville autant qu’en campagne. On y met des mantelets qu’on baisse dans le mauvais temps, & qu’on lève quand il fait beau, au lieu de glaces aux côtés. Il y a des berlines à ressort. Une berline a beaucoup de commodité, des poches, des accoudoirs, une cave, &c.

BERLINGOT. s. m. Berline coupée. On dit plus ordinairement, brélingot.

BERLU, ou BRELU. Terme bas & populaire. On dit d’un homme léger, inconsidéré, qui agit avec précipitation & sans attention, que c’est un berlu berlu, ou un brelu brelu ; car on ne dit jamais ce mot seul : on le répète toujours deux fois.

BERLUCHE. Voyez Breluche.

BERLUE. s. f. ☞ Eblouissement passager, qui fait voir les objets autrement qu’ils ne sont. Avoir la berlue. Donner la berlue. Oculos perstringere. Il est du style familier.

L’autre jour à l’Observatoire,
Les ennemis du tranquille sommeil
Voulurent, par malice noire,
Me faire voir des taches au Soleil ;
Leurs longs tuyaux, au lieu d’aider ma vue,
Me donnaient la berlue.

Avoir la berlue se dit figurément & familièrement pour, juger mal des choses, en juger de travers. Caligare. Quand vous avez avancé une telle proposition, vous aviez la berlue sans doute.

BERME. s. f. Terme de fortification. Relais. C’est un petit espace de trois ou quatre pieds entre le rempart ou la fausse braie, & le fossé : elle sert à recevoir les terres qui s’éboulent par le canon, afin que le fossé n’en soit pas comblé. C’est pour cela qu’on a coutume de palissader les bermes, ou de les défendre par une haie vive. On l’appelle aussi retraite, lisière, le pas de la souris.

☞ BERME, chez les Amydonniers, est un tonneau dans lequel ils mettent les recoupes de froment, ou le froment dont ils composent l’amydon, pour y fermenter & y recevoir les autres préparations.

☞ BERMEO, ou Vermeo. Petite ville d’Espagne, en Biscaye, sur la côte de l’Océan.

☞ BERMIERS, ou Bermieres. C’est ainsi qu’on appelle dans les salines, des ouvriers & des ouvrières occupés à bâtir & à porter la muire au tripot. Voyez Muire & Tripot.

BERMUDES. Les Isles Bermudes. Bermudæ, Æstivæ Insulæ. Îles de l’Amérique Septentrionale, ainsi appellées du nom de Jean Bermudo, qui les découvrit. Herrera les met au 33e degré de latitude Septentrionale ; mais les Anglois, qui les ont observées plus exactement, les placent au 32d 30′, au Levant de la Virginie & de la Caroline. Ces Îles sont par les 114d 3′ 48″, de longitude, & par les 32d 25′ 0″ de latitude nord. Harris. Les Bermudes sont fort petites. Corn. Maty. Les Anglois les nomment aussi les Isles de Sommer, Sommeriæ, du nom de George Sommer Anglois, qui y fut poussé par la violence des vents en 1609. Le Grand Atlas, & M. Corneille qui l’a copié, ne parle que d’une Bermude ; mais il y en a cependant plusieurs, comme il paroît par la carte même de l’Atlas. Maty s’est trompé quand il a dit que la plus grande des Bermudes porte le nom de Saint George ; elle s’appelle la Grande Ile, & celle de saint George est beaucoup plus petite. Voyez le grand Atlas.

BERMUDIENNE. s. f. Bermudiana. Cette plante tire son nom des Iles Bermudes, d’où nous vient sa semence. Elle a la fleur du lys, elle est composée de six pétales, dont le calice dégénère en un fruit triangulaire qui s’ouvre en trois endroits, & qui est partagé en trois cellules pleines de graines rondes.

BERNABITE. ☞ Voyez Barnabite. C’est ainsi qu’il faut dire.

BERNABLE. adj. Qui mérite d’être berné, moqué. Il est du style familier.

… Un mariage à me rendre bernable,
Si j’étois pour le faire assez peu raisonnable.

Rousseau.

Cet excellent Poëte François n’a pas apparemment été content de cette expression, puisqu’il l’a changée dans une édition suivante, où il a mis,

… Un mariage à me mettre en tutelle
Si j’avois pour le faire assez peu de cervelle,

BERNACHE. Voyez Bernacle.

BERNACHON. s. m. Le petit d’une bernache. Anaticula marina, anatis marinæ pullus.

BERNACLE, ou BERNACHE. s. f. C’est la même chose que la macreuse. Journ. d. S. 1671, p. 177. Voyez Macreuse. C’est un oiseau marin. Quelques-uns disent qu’il croit & sort de la Conque anatifère, & que ce poisson tire son origine du bois pourri des vaisseaux & de l’écume de la mer. D’autres disent que ces oiseaux croissent des feuilles des arbres où les coquillages s’attachent. Ces sortes de générations ne sont plus admises dans la Physique.

☞ BERNACLE. s. f. Concha anatifera. Le bernacle est un coquillage, dont la coquille est composée de cinq pièces. Les bernacles sont adhérentes aux rochers & aux vaisseaux. On croyoit autrefois qu’il sortoit de ce coquillage une espèce de canard. Acad. Fr.

BERNAGE. s. m. Vieux mot. Le train, le bagage, l’équipage d’un grand Seigneur. Comitatus, sarcinæ, impedimenta. Il signifie aussi la Maison du Roi, & toute sa suite. On trouve dans un ancien Auteur : le Roi tint Cour plenière, & en icelle manda tout son bernage : c’est pourquoi M. Ménage le fait venir de baronagium,