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BES

BESAS. s. m. Terme du jeu de dez, qui signifie, deux as du même coup de dé. Pasq. Rech. Liv. VIII. ch. 30. On s’en seRt aussi au jeu de Trictrac. L’usage veut à-présent que l’on dire beset.

BESCHE. Voyez Bêche.

BESCHER. Voyez Bêcher.

BESCHOTER. Voyez Bechoter.

BESCU. adj. Vieux mot. Borel croit qu’il signifie qui a deux pointes aiguës. Bâtons bescus, comme bistardes.

BESER. v. n. Ce mot se dit en Basse-Normandie & autres lieux, des vaches qui mouchent, comme on parle en Anjou ; c’est-à-dire, qui courent quand elles sont piquées des mouches. Ménage, Dict. Etym. Il y a bezer à la fin de l’article ; & c’est ainsi que, con-formément à la prononciation, il est dans Nicot, qui dit que de-là est venu, aller à saint Bezet, ou Trottet.

BESESTAN, ou BESESTIN. On nomme ainsi à Andrinople, & dans quelques autres principales villes des Etats du Grand Seigneur, les lieux où les Marchands ont leurs boutiques, & étalent leurs marchandises. Voyez Bezestin.

BESET. Voyez Besas.

BESI. Mot originairement céltique. Nom générique qu’on donne à plusieurs espèces de poires, en y ajoutant le nom du pays dont on les a tirées. Voyez Besi d’Heri, Besi de la Motte, Beri Chacemontel, vulgairement Chaumontel. Acad. Fr.

BESICLES. s. f. pl. Sortes de Lunettes attachées à un bandeau qui se lie autour de la tête. Conspicillum, vitrum occularium. Voyez Lunettes, où l’on a parlé de l’invention des besicles.

Le vieux Ronsard ayant pris ses besicles,
Pour faire fête au Parnasse assemblé,
Lisoit tout haut ces Odes par articles,
Dont le public vient d’être régalé. R.

On dit proverbialement, qu’un homme n’a pas mis ses besicles, quand il se trompe, faute d’attention, d’examen.

Ce mot vient à duobus circulis, ou cyclis, qui composent des lunettes ; ou selon Pasquier, de bis oculi, doubles yeux.

BESI DE CAISSOY. s. m. Sorte de poire, qui s’appelle autrement Roussette d’Anjou. C’est une petite poire de Décembre & Janvier, de la grosseur à-peu près d’un blanquet : le fond du coloris est jaunâtre, chargé par-tout de rousseur ; la peau peu unie, la chair rendre, mais pâteuse ; beaucoup de pierre & de marc ; l’eau peu agréable, tirant au goût de cormes. Quelquefois néanmoins on en voit d’assez bonnes. La Quint. Tom. I, Part. III, pag. 369.

Ce mot vient de besi, qui en breton signifie poire, & de Caissoy, nom du lieu d’où apparemment elle est venue, comme dans les suivantes.

BESI-D’HERI. s. m. Espèce de poire très-ronde, de la grosseur à peu près d’une grosse balle de jeu de paume ; le coloris jaune, & d’un vert blanchâtre, la queue assez droite & longue, & mûrissant en Octobre & Novembre. La Quint. Le besi-d’heri se conserve pendant l’hiver. Besie-d’hery. Dery en vieux Gaulois signifie bois, & besie, poire. De sorte que besiedery signifie poire de bois. Pirum Sylvestre. Ce mot se trouve encore dans la langue irlandoise. London-dery en Irlande signifie Londinum Sylvestre ; car c’est une colonie de Londres établie dans le bois d’Irlande. M. Huet.

On devroit écrire besi de hery ; mais l’usage, qui se met peu en peine de la raison, fait écrire besi d’heri. La Quintinie écrit quelquefois besideri.

Besi-d’heri-landry. Espèce de poire que l’on nomme plus communément. Poire de Leschasserie ; &. quelques-uns, Verte-longue d’hiver. Voyez Leschasserie.

Besi des essars. Autre espèce de Poire, dont la Quintinie ne fait pas grand cas.

Besi de mapan. Espèce de poire qui se mange au mois d’Août, & que la Quintinie estime peu.

Besi de la motte. Autre espèce de poire qui se mange en Octobre. La Quintinie, Part. III, c. 2.

☞ BESIGHEIM. Petite ville d’Allemagne, dans le Cercle de Suabe, au Duché de Wurtenberg.

BESIERS. Voyez Beziers.

BESIGUE. Voyez Besaigue.

BESLANT. Voyez Bêlant.

BESLEMENT. Voyez Bêlement.

BESLER. Voyez Bêler.

☞ BESLIS. s. m. Nom qu’on donne en Turquie aux valets de pied des Gouverneurs & des Bachas.

BESNARDES. s. f. Terme de Serrurier, est le nom qu’on donne aux serrures qui s’ouvrent des deux côtés.

Besnardes, On appelle portes besnardes, celles qui ont des serrures appelées besnardes, & on l’écrit souvent sans s, bénarde.

BESOARD. Voyez Bezoard.

BESOCHE. s. f. Terme d’Agriculture & de Jardinage. Instrument de fer avec lequel on fait les labours dans les terres pierreuses. C’est la même chose qu’un hoyau, qui selon Nicot, en quelque pays s’appelle besoche. Ligo. Il se fait des labours de plusieurs façons, à la bêche, à la houe, dans les terres aisées ; à la fourche, & à la besoche ; dans les terres pierreuses. La Quint. Prononcez bezoche, comme écrit quelquefois Nicot.

BESOGNE. s. f. Travail, occupation à quelque chose que ce soit, opera, labor. Il faut qu’un chacun mette la main à la besogne. L’Avocat a sa besogne, aussi-bien que l’artisan.

☞ On dit aussi de l’ouvrage même qui résulte de ce travail, bonne besogne. Il a gâté la besogne, cette besogne est bien faite. Opus.

En parlant d’un homme qui ne s’applique qu’aux choses de sa vacation, de sa profession, on dit que c’est un homme qui ne songe qu’à faire sa besogne. Ac. Fr.

Besogne faite. s. f. Terme de Manufacture de laine, qui est en usage dans les fabriques de Poitou. Il se dit des serges, étamines, draps, tiretaines, &c. encore en toile, & telles qu’elles sortent du métier, avant que d’avoir reçu aucun aprêt.

Besogne, se dit aussi figurément dans le style simple & familier, de tout ouvrage d’esprit.

Muse, on admire votre besogne,
Mais vous n’avez ni feu ni lieu. Main.

Besogne, dans le même sens, se dit encore de toute affaire importante & embarrassante.

Le séjour de Catalogne
Vous peut tailler de la besogne. Voit.

Besognes. s. f. plur. Hardes qu’on porte avec soi, dont on a ordinairement besoin : il se dit particulièrement des hardes ou besognes de nuit. Sarcinæ, sarcinulæ.

Besogne, se dit quelquefois en style vieux & badin pour chose.

Enfin c’est bien pauvre besogne
Que de belle eau claire entre nous :
A tout hasard garnissez-vous
De quelque baril de Bourgogne.

C’est-à-dire, c’est bien pauvre chose, c’est bien peu de chose. Dans quelque cas que ce soit, ce mot ne peut s’employer que dans le style familier.

Besogne, se dit proverbialement en ces phrases. Il ressemble au Bahutier, il fait plus de bruit que de besogne. Vous nous faites de belle besogne ; pour dire, vous ne faites rien qui vaille. Selon l’argent la besogne ; pour dire, que les ouvriers travaillent selon qu’ils sont payés. Besogne qui plaît est à demie faite. On dit aussi, tailler de la besogne à quelqu’un ; pour dire, non-seulement au propre, lui préparer de la besogne pour travailler, mais aussi au figuré, lui susciter bien des affaires. On dit aussi d’un fainéant, d’un méchant valet, qu’il aime besogne faite, & qu’il s’endort sur la besogne ; pour dire, qu’il travaille nonchalament.

Besogne, se dit aussi d’une espèce de bateau foncet.