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menaçoient d’envahir toute la Chrétienté. Le dessein de ce souverain Pontife étoit que ces Chevaliers s’opposassent continuellement aux courses que les Turcs faisoient dans la mer Egée & dans l’Hellespont, ou détroit de Gallipoli. Leur principale demeure devoit être à Lemnos, que Calixte III avoit reprise sur les Turcs. Ils devoient avoir un Grand-Maître électif des Frères Chevaliers & des Prêtres, comme les Chevaliers de Rhodes. Leur habit étoit blanc, avec une croix rouge, & pour leur entretien le Pape leur donna les biens de quelques Ordres militaires & hospitaliers qu’il supprima. Lemnos ayant été reprise quelque temps après, cet Ordre fut aboli. P. Helyot. T. VIII, C. 58.

Bethléem, Titre d’Evêché, en France, dans le Nivernois. Les Barbares ayant chassé les Chrétiens de la Terre-Sainte, Rainaud, Evêque de Bethléem, suivit l’an 1223, Gui Comte de Nevers, en France, & ce Seigneur lui donna l’administration d’un hôpital qui étoit à Clameci, petite ville du Nivernois. Depuis on établit en ce même lieu un titre d’Evêque de Bethléem, à la nomination des Comtes & Ducs de Nevers, qui a subsisté jusqu’à présent. Comme cet Evêque n’a point de territoire, il ne fait que soulager les autres Prélats, riches ou infirmes, dans les pénibles fonctions de l’épiscopat. On a bien rencontré, quand on a dit que personne ne peut prendre à plus juste titre la qualité de Serviteur des Serviteurs de Dieu, que cet Evêque.

BETHLÉÉMITE, ou BÉTHLÉHÉMITE. s. m. Qui est de Bethléem. Bethlehemites. Les anciens Traducteurs ne font point difficulté de se servir de ce mot. Emplis ton cornet d’huile, & viens que je t’envoie à Isay Bethléhémite. Louv. Ainsi en ont usé Olivétan, & tous les autres Traducteurs de Genève, Chasteillon, &c. Mais Jacques le Fevre d’Etaples, & M. de Saci, ont évité ce mot ; ils disent toujours : qui est de Bethléem, ou de Bethléhem,

Bethleemite. Nom de Religieux. Bethleemita. Les Bethléemites, qu’on appelle aussi Porte-étoile, sont un Ordre Religieux, dont plusieurs Auteurs ont parlé sans rapporter l’origine de leur Ordre, ni en quels lieux étoient leurs Couvens, si l’on excepte Matthieu Paris, qui dit que l’an 1257, on leur accorda une demeure en Angleterre à Cambrige ; que leur habit étoit semblable à celui des Frères Prêcheurs, & que les Bethléémites n’étoient distingués que par une étoile rouge à cinq raieS, avec un petit rond bleu au milieu, qu’ils porterent à cause de l’étoile qui apparut aux Mages, & qui les conduisît à Bethléem, d’où on leur donna le nom de Bethléémites. Voyez le P. Hélyot, Hist. des Ordres Relig. T. III. C. 46.

Il y a aussi des Bethléémites aux Indes Occidentales, qui font profession de servir les malades & de les recevoir dans leurs hôpitaux. Innocent XI leur permit de faire des vœux. Avant ce temps-là ils formoient une Congrégation séculière du Tiers-Ordre de S. François, fondée par le Frère Pierre de Beancourt, natif de l’Île de Ténérife ; mais originaire de Normandie au XVIIe siècle.

Il y a encore aux Indes Occidentales les Religieuses Hospitalières Bethléémites. Voyez le même Auteur, Ch. 47.

BETPHAGÉ. Bethphage. Bourgade de la Terre-Sainte, assez près de Jérusalem à côté du mont Olivet. Ce fut là que le Fils de Dieu commença son entrée triomphante à Jérusalem, six jours avant sa passion. Etant près de Bethphagé & de Béthanie vers la montagne qu’on nomme des Oliviers. Bouh. Le P. Bouhours, dans la vie de S. Ignace, L. II, écrit Betfagé, s’en allant à Betfagé qui est tout proche. Bouhours. Mais dans sa traduction du Nouveau Testament, il écrit Bethphagé, comme on vient de le voir, & Bethphagé est mieux.

BETHPHÉGOR. Nom de lieu, qui signifie en hébreu, maison, c’est-à-dire, temple de PHégor. Voyez Béel-phégor ; & si vous voulez, Voss. De Idol. L. II, C. 7.

BETHSAÏDE. Bethsaïda. Ville de Galilée, dans la Décapole, sur le bord de la mer de Tibériade, dans la Tribu de Zabulon, Philippe étoit de la ville de Bethsaïde, d’où étoient aussi André & Pierre. Bouh. Jean I, 44. Dans la suite elle fut appelée Juliade, Julias.Le P. Lubin. Bethsaïde signifie maison de chasse, ou maison de victuailles, d’alimens. Il est formé de בית, beth, maison ; & צידה tsaida, chasse, ou généralement chose bonne à manger, aliment.

BETHSAMES. Bethsames. C’est un nom hébreu, qui signifie maison du ministère, ou maison du soleil. Il est composé de בית, maison, & שמש, soleil. La prononciation hébraïque, que les Protestans conservent dans leurs Versions malgré l’usage, est bethschemesch, bethscemes, ou bethsemes. C’étoit une ville sacerdotale de la Tribu de Juda, Jos. XV, 10, & ensuite ville Lévitique, Jos. XXI, 16. C’est à Bethsames que les vaches des Philistins ramenerent l’Arche. I Liv, des Rois, VI, 12.

Il y avoit encore deux autres Bethsames. L’une dans la Tribu de Nephthali, Jos. XIX, 38, & l’autre dans la Tribu d’Issachar, au pied du mont Carmel.

Il est évident que c’étoient les Phéniciens qui avoient donné ce nom à ces villes, puisque la seconde dont nous avons parlé, n’étoit point aux Israélites, qui n’avoient pû la prendre. Liv. des Jug. I, 33. De là il s’ensuit bien clairement, 1°. Que la langue phénicienne étoit la même que la langue hébraïque : 2°. Qu’apparemment ils nommèrent ainsi ces villes, parce qu’ils adoroientle soleil.

Quelques-uns appellent aussi Bethsames, ou Bethsémes, l’Héliopolis d’Egypte. Voyez Maty. Il est vrai que Bethsemes en hébreu & Héliopolis en grec signifient la même chose, ville du soleil ; mais l’usage n’est point de dire en françois Bethsames pour Héliopolis, ni Héliopolis pour Bethsames. Le dernier se pourroit souffrir en latin.

BETHSAMITE. s. m. & f. Bethsamites, Bethsamita. Habitans de Bethsames. Cinquante mille Bethsamites d’entre le peuple, & septante de leurs chefs moururent subitement pour avoir regardé l’Arche à découvert avec une curiosité peu respectueuse. God.

Il y a plusieurs interprètes qui prétendent que Dieu n’en fit mourir que soixante & dix. C’est un sentiment commun parmi les Rabbins, qui expliquent différemment cet endroit de l’Ecriture. Le Targum ou Paraphrase chaldaïque de Jonathan dit que Dieu frappa septante Bethsamites & 50000 hommes de tout le peuple qui s’étoit assemblé là. D’autres anciens Rabbins disent que Dieu ne fit mourir que 70 hommes, mais qui en valoient 50000, parce que c’étoient les principaux du peuple ; ou bien qu’il fit mourir 50000 hommes, dont chacun en valoit 70, ou valoit autant que les septante Conseillers du Sanedrin. Abarbanel trouve ces explications trop tirées : il croit que ces 50000 sont tous ceux qui moururent à cause de l’Arche, tant Philistins, que Bethsamites, & qu’il n’y en eut que septante de ces derniers, de sorte que c’est comme si l’Ecriture disoit, Dieu fit mourir septante Bethsamites ; ce qui joint aux Philistins, qui étoient aussi morts à cause de l’Arche, fait en tout 50000. Cette interprétation est ingénieuse, & vient bien au texte hébreux, & même aux anciennes Versions.

Des Auteurs Chrétiens l’expliquent encore autrement. Quelques-uns disent que le sens est : de 50000, qui étoient là assemblés, ou de 50000 Habitans de Bethsames, Dieu en frappa de mort septante. Tirin, Sanctius, Serrarius, Muiana, Mendoza, croient qu’on peut l’entendre de cette manière. Bochart veut qu’on le prenne ainsi : Dieu fit mourir septante Bethsamites, cinquante de mille, c’est-à dire, la vingtième partie des coupables. De toutes ces explications, c’est la moins bonne. Au reste, un grand nombre d’autres Auteurs veulent qu’il y eût effecivement cinquante mille septante Bethsamites, à qui leur curiosité coûta la vie. Tel est le sentiment entr’autres de S. Grégoire, de Théodoret, de Denys le Chartreux, Mendoza, Calvin, Junius, Corn., à Lapide, Serrarius.

BÉTHULIE. Bethulia, Ville de la Terre-Sainte, dans la Tribu de Zabulon, & non pas dans celle de Siméon, comme quelques-uns l’ont cru. Elle étoit sur une montagne, & elle est fameuse par l’action hardie de Judith, la mort d’Holoferne & la défaite des Assyriens qui assiégeoient cette ville.

Il y a eu aussi la Béthulie des Francs, qui étoit une