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BIS

BISELLIAIRE. s. m. Bisellarius. Ce nom se trouve dans une inscription rapportée par Gruter, p. mxcix, n. 2, Cn. Plaetorio. Viviro. Augustali. Biselliario. Ce mot vient de bisellium, qui, selon quelques-uns, est la même chose que le siège Curule, Sella Curulis ; & selon d’autres un siège plus grand, plus commode, plus honorable, qui se donnoit à certaines personnes aux spectacles, aux théâtres, & dans de semblables assemblées. Le droit d’avoir ce siège s’appelle, sur deux inscriptions trouvées en italie, Honor Bisellii, & par la dernière trouvée depuis quelques années, il paroît qu’au moins quelquefois on achetoit ce droit. L’honor bisellii étoit donc à peu près comme nous dirions en France droit de fauteuil ; & les Biselliaires seroient parmi nous ceux qui dans les assemblées auroient droit de fauteuil, tandis que les autres seroient debout ou assis sur des bancs, des tabourets, des plians, ou des chaises. Ce que nous venons de dire, montre que Scaliger s’est trompé dans les Tables des Inscriptions de Gruter, quand il met les Biselliaires parmi les artisans, comme si c’étoit ceux qui faisoient les sièges appelés bisellia, & non pas ceux qui, comme on l’a dit, avoient droit d’en avoir aux assemblées. C’est une remarque de Pitiscus. Au reste, ces grands sièges appelées Bisellia, étoient anciens. Varron en parle De Ling. Lat. L. IV, & dit que c’étoit des sièges une fois plus grands que les chaises ordinaires, ou bien deux sièges où deux personnes pouvoient tenir. C’est pour cela qu’ils étoient appelles Bisellia, comme qui diroit double siège.

☞ BISER. v. a. Terme de Teinturier. Reteindre une étoffe, la passer une féconde fois à la teinture. Iterum tingere, retingere. Ce mot vient du latin bis. Repasser en teinture, passer deux fois.

☞ BISER. v. n. Terme d’Agriculture, se dit des grains qui dégénèrent, qui noircissent d’année en année. Nigrescere, nigricare. C’est une maxime chez les Laboureurs, que les blés bisent d’année en année ; & cela est confirmé par l’expérience. Les Vocabulistes ne paloissent pas bien convaincus de cette vérité. Les Laboureurs croient, disent-ils, que le blé bise ou dégénère d’année en année, & qu’il finit par devenir seigle. Oui, ils croient ce que l’expérience leur apprend. Aussi ne manquent-ils pas d’aller de quatre ans en quatre ans, plus ou moins, chercher au loin de nouveau grains pour les semer dans leurs terres.

☞ BISERTE. Ville maritime d’Afrique, au Royaume de Tunis.

BISET. s. m. Pigeon sauvage, plus petit que le ramier, qui a la chair plus noire que les autres, & les pieds & le bec rouges. Columbus agrestis, saxatilis. Les bisets, ou pigeons sauvages, nichent dans la Flandre, & dans les pays septentrionaux. Observations sur les écrits modernes, tom. XVIII, pag. 30.

Belon, & Jules Scaliger disent qu’il a été ainsi nommé à cause de sa couleur noire ou bise.

Quelques-uns l’appellent le grand biset. Il est un peu plus petit que les pigeons domestiques. Son pennage est de couleur de rouille, enfumé, approchant de la couleur des raisins noirs. Ses plumes sont si livides, qu’elles en paroissent noires. On voit plus cet oiseau en automne qu’en aucune autre saison. Le biset ne fait des petits qu’une fois l’an. Il a le bec entièrement rouge, long environ comme celui du pigeon privé, & pointu par le bout. Il a toute la tête, le ventre & les ailes cendrées, excepté les grandes pennes, qui sont plus noirâtres. Son vol est très-long, & bien affilé ; ce qui est cause qu’il fend l’air d’une grande vîtesse. Il a le sommet de la tête verdâtre, & mélangé de plumes noires. Sa queue, en approchant du croupion, est cendrée, & noire dans le reste. Ses pieds sont rouges, rabotteux & munis d’ongles noirs. La femelle a le bec & les pieds d’un rouge moins éclatant. L’on fait cas de la chair du biset, & elle est plus délicate & plus serrée que celle du pigeon.

On dit aussi un caillou biset, en parlant d’un caillou noirâtre ; & ce nom est quelquefois substantif. La voûte qui est de biset, ou de caillou brisé brut, &c. Descript. Géograp. & Hist. de la Haute Norm. tome II, p. 231.

Biset. s. m. Grosse étoffe bise. Gérard Ségarelle laissa croître sa barbe & ses cheveux, se fit faire un habit de biset, avec un manteau blanc d’une grosse étamine, & prit une corde pour ceinture & des sandales, comme les Frères mineurs. Fleury.

BISETTE. s. f. Petite dentelle que font les paysannes pour leur usage, & qui est de peu de valeur.

BISETTIERE. s. f. Celle qui travaille à faire de la bisette.

BISEURS, ou Répareurs. s. m. pl. Qualité qu’on donnoit autrefois aux maîtres Teinturiers du petit teint, parce qu’il n’appartenoit qu’à eux de faire le bisage & le réparage. Il ne peut présentement y avoir dans Paris & les fauxbourgs que douze Biseurs & pareurs. Ce sont ceux qui composent la Communauté du petit teint.

☞ BISIGNANO. Bisidiæ, Disidiæ, Besidianum. Ville du Royaume de Naples, dans la calabre extérieure, avec un Évêché suffragant de Rosiano.

BISLINGUA. s. f. Terme de Botanique. C’est une espèce de Ruscus, ou de Houx frêlon. Elle est ainsi appelée, parce que du milieu de chacune de ses feuilles il en sort une autre plus petite, & qui a la même forme. On l’appelle autrement Hypoglossum. Mais ces mots bislingua, & Hypoglossum, ne sont point françois. Voy. Laurier Alexandrin, qui est le nom françois de cette plante, & sous lequel on en parlera

BISMUTH. s. m. Corps minéral à demi métallique, composé de la première matière de l’étain, qui est encore imparfaite. C’est un excrément métallique, provenant d’une portion incapable de former un vrai métal, & changé en un corps minéral, blanc, poli, ressemblant à l’étain, mais plus rouge. Sa substance est fort dure, pesante, aigre & cassante, & d’un grain gros, poli, blanc & éclatant. On l’appelle autrement étain de glaces, parce qu’étant brisé, il fait voir plusieurs substances polies comme une glace, & qu’il tient beaucoup de l’étain. On l’appelle aussi marcossite par excellence, à cause qu’il surpasse les autres en blancheur & en beauté. ☞ Il entre aisément en fusion, perd son phlogistique, & répand beaucoup de fumée. Etant calciné, il se vitrifie, & se dissout dans l’eau-forte & l’eau régale. Lorsque le Bismuth est mêlé avec les métaux, il les pénètre, il les blanchit, il les rend plus coulans, & empêche que le mercure ne les diminue trop dans l’amalgame que l’on en fait. Il faut en excepter cependant le Cobalt & le Zinc. Il contient un sel arsénical dont l’usage intérieur est dangereux. Son précipité est un magistère fort blanc, qu’on mêle avec des eaux & des pommades, pour en faire un fard qui embellit le teint des Dames, & qui guérit les altérations de la peau. On en tire aussi des fleurs qui effacent les taches du visage ; ce qui fait qu’on l’appelle autrement blanc de perle. Voy. la façon de le faire dans Charras. Voyez encore la Métallographie de Webster.

Alonso Barba dit qu’on en a trouvé depuis peu une mine en Bohème, & il le met au rang des métaux. Mais le bismuth est proprement le régule de la pierre appelée Cobalt, Cobaltum ; pierre d’où l’on tire l’arsenic, l’azur, le caffre, & le bismuth. M. Stalh, Médecin Allemand, a donné la préparation : il faut le consulter pour être parfaitement instruit sur cette matière.

☞ Le Bismuth qu’on appelle vierge, est fort rare. On le trouve dans les mines d’argent, dont il annonce la richesse. Il vient en graine, en feuilles & en cubes, & assez pur. On prétend que la chaleur souterraine lui procure toute la cuisson nécessaire, & il se fond très-aisément à la flamme d’une lumière. Il y a un Bismuth d’un gris cendré qui contient du cobalt & de l’arsenic. Il est ou solide ou à grandes stries, donne peu d’étincelles, & ne tombe point en efflorescence, lorsqu’on y répend de l’eau forte. Oryct. Le Bismuth en fleur est d’un gris jaune, souvent rouge, vert ou bleu. Cette mine est pesante, de couleur noire, & contient beaucoup de soufre ; ce qui lui fait répandre une odeur désagréable. Celui qui est sablonneux, prend ce nom, parce qu’il s’est formé dans une pierre de grais, d’une couleur tirant sur le noir. Il est rempli de cobalt, indépendamment de la partie sulfureuse qu’il contient.

On fait du bismuth artificiel, en réduisant l’étain en petites lames & petits morceaux, & en le cimentant