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BON

Joan. Rosin. Antiq. Rom. L. II, C. 19 ; L. III, C. 26, & L. IV, C. 9 ; Struvius, Antiq. Rom. Syntag. p. 122 ; Vossius, de Idol. L. I, C. 12 ; L. II, C. 61, parlent de cette Déesse, ou des sacrifices, &c. Trois inscriptions dans Gruter, p. LXXXI, 11 ; CCXXVII, 1 ; CCXXXVIII, 8', l’appellent Bona Ded. Une autre, p. LXXXII, n. I, lui donne aussi la qualité de Sainte.

B O N Æ D E Æ
S A N C T Æ
S A C R. &c.

BONNE ENTE. s. f. Sorte de poire. Voyez Doyenné. C’est son nom plus ordinaire.

Bonne Espérance. s. f. Terme de Mythologie. Divinité païenne. Bona Spes. Une inscription antique dans Gruter, p. MLXXV, n. 1, porte :

B O N Æ S P E I
A U G. V O T.
P P. T R

Soit que ce fut la même Déesse que l’Espérance, à laquelle ils donnoient quelquefois l’épithète de bonne ; ou plutôt qu’ils distinguassent ces deux Divinités.

BONNE ESPÉRANCE, (le Cap de) est la pointe méridionale de l’Afrique. Il fut découvert en 1498 par Vasquez de Gama, Portugais. On le nomma la Tête d’Afrique, le Cap des tourmentes, le Lion de la mer, parce qu’il est le plus dangereux & le plus long qu’on connoisse. Emmanuel Roi de Portugal, lui donna le nom de Bonne-Espérance, parce qu’après l’avoir doublé, on peut espérer de continuer heureusement sa navigation. Les Hollandois y ont un fort qu’ils appellent le Fort de Bonne-Espérance.

Bon Evénement. Terme de Mythologie. Les Anciens en avoient fait un Dieu, à l’honneur duquel il nous reste encore quelques inscriptions dans Gruter, p. CL, v. 7 & 8. Euphranor avoit fait une statue du Bon Evénement, que Pline décrit, L. XXXIV, C. 8. De la main droite il tenoit une patère, ou coupe, & de la gauche un épi & un pavot. On le voit aussi gravé sur quelques médailles. Varron, De Re Rust. L. I, C. I, met le Bon Evénement au nombre des douze Dieux Consentes, de la campagne, qui passoient pour les conducteurs & les Patrons des laboureurs. Le Bon Evénement est le dernier. On l’invoquoit au commencement des entreprises & des actions plus considérables. Voyez Struvius, Ant. Rom. Syntagma, C. I, p. 149.

Bonne-Fête. Fête solennelle, grande fête. Aller à l’Office les bonnes-fêtes. Il est familier.

Bonne fois. Une bonne fois, c’est-à-dire, sérieusement, absolument, définitivement, à n’y plus revenir. Il lui a dit une bonne fois, c’est-à-dire, définitivement. On dit aussi, une bonne fois pour toutes. Je vous prie une bonne fois pour toutes, ne me parlez plus de cette affaire.

Bonne foi. de bonne foi, en bonne foi, sont des phrases adverbiales qui équivalent à des adverbes affrimatifs ; sincèrement, véritablement, en conscience. Certè, verè, sincerè. De bonne foi le croyez-vous ? En bonne foi lui avez-vous dit cela ? De bonne foi, ou, en bonne foi, je l’ai fait, comme j’ai l’honneur de vous le dire.

Bonne fortune. Evénement heureux où le hasard a beaucoup de part. On le dit de tout ce qui arrive d’avantageux. On peut regarder ce qui vous arrive là comme une bonne fortune.

☞ En matière de galanterie, bonne fortune & faveurs sont des termes synonymes. C’est un hommes à bonnes fortunes. Savoir couper à table & servir ses convives avec dextérité ; mener une intrigue avec adresse ; avoir quelque habileté dans les jeux de commerce & dans la musique ; voilà avec un peu de jargon, ce qui procure tant de bonnes fortunes à nos aimables gens.

Bonne Grâce, se dit de l’agrément d’une personne qui a bonne mine, bonne façon. Corporis venustas, dignitas. Et on dit, se recommander aux bonnes grâces de quelquun ; pour dire, lui demander la continuation de son amitié. Gratia, benevolentia. On dit aussi, vous avez bonne grâce de vous mêler de cette affaire ; tant en parlant sérieusement, qu’ironiquement.

☞ On appelle aussi bonne grâce un lez d’étoffe qu’on attache vers le chevet & les pieds du lit, pour accompagner les grands rideaux.

BONS-FIEUX. Freres Pénitens du Tiers Ordre de Saint François, appelés communément les Bons-Fieux. C’est une Congrégation de cet Ordre qui commença à Armentière, petite ville de Flandre, l’an 1615, par cinq Artisans fort pieux, qui ne pouvant être reçus chez les Capucins, firent une petite Communauté qui subsista ainsi jusqu’en 1626, qu’ayant pris la Règle du Tiers Ordre de Saint François, ils se soumirent au Provincial des Récollets de la Province de Saint André, & au Directeur du Tiers Ordre du Couvent d’Arras. En 1670, ils soumirent leur Congrégation aux Evêques des lieux où leurs maisons étoient situées. En 1679, Louis XIV leur donna la direction de ses hôpitaux de terre & de marine à Dunkerque, à Bergue, & à Ypres. Chaque famille ou maison est gouvernée par un Supérieur, un Vicaire & trois Conseillers. Chaque famille a aussi un Directeur ecclésiastique de la part de l’Evêque, pour y faire la visite. Le peuple a toujours appelé ces Tertiaires Bon-Fieux, ou Bons Fils. Ils suivent la Règle de Leon X, pour le Tiers Ordre de Saint François, excepté qu’ils commencent leur Avent à la Toussaint, au lieu de la S. Martin. Ils ne portent point de linge, & couchent tout habillés sur des paillasses. Voyez le P. Héliot, T. VII, C. 44.

Bon henri. Bonus henricus. Chenopodium folio triangulo, Inst. R. Herb. Sa racine est vivace, grosse, épaisse, chargée de quelques fibres, jaunâtre, amère & âcre au goût. Elle pousse plusieurs feuilles triangulaires, assez semblables à celles des épinars, ou du pied de veau. Elle donne aussi plusieurs tiges hautes d’un pied, en partie droites, en partie couchées sur terre, cannelées, creuses, succulentes, & garnies de feuilles plus petites que celles du bas, également charnues, & pareillement triangulaires, vertes en dessus, & quelquefois couvertes en dessous d’une poussière blanche, & d’un goût nitreux. Ses fleurs naissent en épis à l’extrémité des tiges, comme l’amaranthe : chaque fleur est à cinq étamines soutenues par un calice verdâtre découpé en cinq parties ; le pistil devient une semence noire, taillée en rein, & renfermée dans une enveloppe qui a servi de calice à la fleur. On mange les fleurs de bon henri, de même que celles des épinars ; c’est pourquoi on les a pris pour des épinars sauvages. Il est bien émollient, & par cette raison anodyn : on s’en sert en cataplasme pour soumager les oduleurs de la goutte. Appliqué extérieurement, il est vulnéraire & détersid, préservant les plaies des vers & de la pourriture.

Bon homme, se dit d’un vrai homme de bien, qui ne peut faire de mal. Vir probus, vir frugis ; & d’un homme simple, qui ne songe à aucune malice, qui a peu d’esprit, ou de pénétration, qui n’entend point de finesse, qui croit légérement. Vir simplex. On le dit tout de même d’une femme, ou d’une fille. Que vous êtes bonne  ! est-ce qu’on épouse un homme riche pour l’aimer ? On se marie simplement pour se mettre à son aise. On dit, les soldats pillent le bon homme ; c’est-à-dire le paysan. On appelle un vieillard, un bon homme. Senex. Une vieille femme, une bonne femme. Vetula.

Bons-Hommes. C’est le nom de certains Religieux que le Prince Edmond établit en Angleterre en 1259. Ils portoient un habit bleu, & professoient la règle de S. Augustin. Quelques-uns croient que leur institut étoit celui du bienheureux Jean le Bon, qui vivoit en ce temps-là, & qui les faisoit appeler Bons-Hommes. On appeloit aussi Bons-Hommes les Religieux de l’Ordre de Grandmont. Ils furent établis dans le bois de Vincennes, près de Paris, & les Minimes qui leur succéderent dans cette maison, en prirent le nom de Bons-Hommes. Cependant aujourd’hui on appelle Bons-Hommes les Minimes d’un autre Couvent, que ces Religieux ont à Chaillot au-dessous de Paris ; & ceux de Vincennes ne s’appellent plus guère que