Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/1002

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
994
COU

pour la course & les combats. Equus bellator. Les bons coursiers viennent de Naples. On ne se sert guère de ce mot que dans le style élevé, ou dans la Poësie. Ce jeune Héros ne prenoit plaisir qu’à dompter un coursier, & à le couvrir de sang & de poussière dans les combats. S. Evr.

Son coursier écumant sous un maître intrépide,
Marche tout orgueilleux de la main qui le guide. Boil.

Instruit dans l’art par Neptune inventé,
Rendre docile au frein un coursier indompté. Racine.

Aussitôt Phaéton prend les rènes en main ;
Les coursiers du Soleil à sa voix sont dociles. Boil.

COURSIÈRE. s. f. terme de Marine, qui se dit d’un pont-levis, & couvert depuis le gaillard jusqu’au château de proue, servant pendant le combat pour la prompte communication d’une partie du vaisseau à l’autre. Forus. On l’appelle le pont de coursière.

COURSON. s. m. terme d’Agriculture, c’est la branche de vigne taillée & racourcie à trois ou quatre yeux. Pollex, custos, resex, palmes præsidiarius. Ainsi on dit : il est sorti trois ou quatre belles branches du courson de l’année. Le courson de l’année a donné de fort belles branches. Les règles de la taille des vignes demandent qu’on laisse toujours un courson pour renouveller le sep, au cas qu’il vienne à manquer ; & ce courson se laisse toujours au pié du sept. Liger.

Courson se dit aussi des arbres, quand la branche de l’année précédente en ayant poussé trois ou quatre fort belles, on est obligé de n’en conserver qu’une d’une grandeur raisonnable, c’est-à-dire, de cinq ou six pouces. La Quint. Il se fait immanquablement aux moignons & aux coursons, une décharge de sève, qui produit des branches favorables, &c. Idem. ☞ C’est pourquoi on conserve quelquefois des coursons pour remplir un vide, ou pour faire sortir quelques branches bien placées.

☞ COURT, COURTE. adj. Brevis. Terme relatif à la quantité de l’espace & du temps. Il signifie qui a peu d’étendue ou peu de durée. Il est opposé à long. On alonge ce qui est court. M. l’Abbé Girard. Habit court. Cheveux courts. La perdrix a la chair très-courte. Cerises à courte queue. Il a le cou très-court.

☞ Ce mot vient du grec κύρτος Nicod. Ménage le dérive du latin Curtus.

☞ On dit d’une personne qu’elle est courte, lorsqu’elle a la taille petite & entassée. Il est gros & court, &c. Acad. Fr.

☞ On dit qu’un homme a la vue courte ; pour dire, qu’il ne voit pas de loin.

☞ En termes de chasse, on dit longue levrette, & court levrier.

☞ On dit aussi dans le sens figuré, vous avez les bras trop courts pour atteindre là. On dit aussi, c’est là le plus court pour vous, c’est là votre plus court. Le chemin le plus court, ou simplement le plus court, pour signifier le moyen de terminer plus promptement quelque chose.

☞ On dit aussi être court, se trouver court d’argent ou de quelque chose que ce soit ; pour dire, n’avoir pas assez d’argent, ou de quelque chose que ce soit. Il vouloit acheter cette terre, mais il s’est trouvé court d’argent.

Court se dit encore figurément en parlant des choses spirituelles. Parum perspicax, hebetior, obtusus. Cet homme a l’intelligence courte, des vues courtes. Il a eu la mémoire courte, il est demeuré au milieu de son sermon. Fallax, hebes. La prévoyance, la prudence humaine est trop courte. Minus sagax, minus perspicax.

Court signifie aussi qui a peu de durée : cette fausse nouvelle a donné une courte joie. Cet homme a la courte haleine. On appelle les jours d’hiver, les jours courts. Harangue courte & bonne. Vie courte & bonne, &c. Acad. Fr.

☞ On dit proverbialement courte prière pénètre les Cieux.

Court est un nom que les Anatomistes donnent à cinq ou six muscles du corps humain. Le 4e muscle du bras est appelé le court, parce qu’il est plus court que le 3e. Il prend son origine de la partie postérieure & supérieure de l’humérus, & va s’insérer à l’olécrane comme le précédent. Dionis. Le 3e des extenseurs du carpe s’appelle aussi le court, parce qu’il est plus court que le second, qu’on nomme le long. Il prend son origine de la partie la plus basse de l’humérus, & étant couché le long du rayon, va passer sous le ligament annulaire, & se terminer à l’os du carpe qui soûtient le doigt du milieu. Quelques-uns ne le distinguent pas du second, & les appellent bicornis, ou radiale externe. Ceux qui les distinguent, se fondent sur ce qu’ils ont deux origines & deux insertions, & que leurs corps se peuvent séparer. Le court est encore le troisième des muscles extenseurs du pouce, ainsi appelé par opposition au second, qui est & que l’on nomme le long. Ils ont tous deux la même origine, qui est la partie supérieure & externe de l’os du coude. De-là celui-ci passant sous le ligament annulaire, va s’insérer au troisième os du pouce, qu’il sert à étendre. Le second des muscles supinateurs du rayon est un autre muscle appelé court, pour le distinguer du premier, nommé le long. Il a son origine à la partie inférieure du condyle inférieur & externe de l’humérus, & tournant autour du rayon, va de derrière en devant s’insérer en sa partie supérieure & antérieure. Ce muscle avec le long fait tourner la main, en sorte que la paume regarde en haut. Le 6e & le 7e des muscles péroniers de la jambe s’appellent aussi le long & le court. Celui-ci prend son origine à la partie inférieure du péroné, & va s’insérer à l’os du métatarse, qui soûtient le petit doigt. Ces muscles tirent le pié en arrière.

Court. adv. d’une manière abrégée & courte. Breviter. Cet Avocat a coupé trop court en cet endroit de son plaidoyer.

☞ Pour faire court, pour couper court, expression familière ; pour dire, la chose en peu de mots, en passant sous silence bien des choses qu’on pourroit dire ; ut multa præteream, ut paucis absolvam.

Il soupe, il crève, on y court.
On lui donne maints clysteres.
On lui dit, pour faire court :
Qu’il mette ordre à ses affaires.

La Fontaine.

Pour faire court, la grenouille trop fière,
Voulant s’enfler, éclate comme un verre.

Chev. de s. Gilles.

Quand on lui a fait cette objection, il est demeuré court, il n’a sçu que répondre. Celui qui ne va au bien que pour la réputation, s’arrête tout court dès qu’il n’a plus de témoins. S. Evr. Prendre un Marchand de court, c’est lui demander le paiement d’une lettre de change, d’une obligation, d’une dette, lorsqu’il a peu ou point de fonds dans sa caisse. Ce Marchand a fait banqueroute, parce qu’on l’a pris de court, que ses créanciers l’ont trop pressé. Repentè, subitò. Il faut tenir les femmes de court, veiller sur leurs actions, leur donner peu de liberté. Il avoit été tenu de court par son père. On dit dans le même sens, tenir la bride courte à quelqu’un. Arctiùs atque severiùs aliquem habere, coercere. Les chevaux neufs se doivent tenir de court. Un cocher qui tourne court, est en danger de verser. In vestigio ipso, in loco angustiore. Les Orientaux chevauchent court ; pour dire, n’alongent pas leurs étriers tant que nous. On dit aussi, couper court à quelqu’un ; pour dire, l’interrompre