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BRU

Le cœur de l’homme est brûlant d’ambition, de desirs, &c.

De son zele brûlant l’ardeur se ralentit. Boil.

Chaud, brûlant, ardent, emflammé, embrasé, considérés dans une signification Synonyme. Une chose est brûlante, quand on ne peut plus la toucher sans ressentir de la douleur. Voyez les autres mots.

BRULÉE. s. f. Nom d’une espèce de coquillage de mer, ainsi nommée à raison de sa couleur, ou plutôt de ses couleurs. Concha marina ambusta.

BRULEMENT. s. m. Action par laquelle on brûle. Ustio, crematio. Le brûlement, le viol, ont été défendus dans ces dernières guerres. Le brûlement des vaisseaux.

☞ BRULER. v. a. Urere, comburere. Verbe qui sert à exprimer l’action du feu, par laquelle les plus petites parties des matières sur lesquelles il agit, sont détachées les unes des autres, & mises dans un mouvement très-violent, en sorte que quelques-unes deviennent elles-mêmes de la nature du feu, oj sont au moins pénétrées par la matière du feu, ou sont au moins pénétrées par la matière du feu, pendant que les plus subtiles s’évaporent, ou sont réduites en cendres. Les corps sont enflammés, embrasés, consumés par le feu. Enflammés, lorsque le feu qui les pénétre se rend sensible aux yeux au-dela de leur surface. Embrasés, lorsque le feu a cessé de s’élancer, & qu’il en paroît seulement dans toute leur substance. Consumés, lorsqu’il n’en reste plus que la cendre. Brûler un homme tout vif, le brûler à petite feu. Brûler du bois, brûler de la paille, brûler des pastilles. La plûpart des païens brûloient les corps morts, au lieu que les Chrétiens les enterrent. De temps immémorial les Indiennes se brûlent dans le bucher de leurs maris. Les premiers Romains ne brûloient point les corps morts ; ils les enterroient, comme Pline l’a remarqué, liv. 7, ch. 54. où il dit, que la coutume de les brûler ne fut introduite chez eux, que lorsqu’ils apprirent qu’on déterroit les corps de leurs gens qui étoient morts à la guerre dans les pays éloignés. Plutarque néanmoins, dans la vie de Numa, dit que Numa fut inhumé, parce qu’il avoit défendu expressément par son Testament de brûler son corps. Ce qui prouce que les Romains, dès-ce temps-là, avoient accoutumé de brûler les corps. Cette coutume de brûler les corps, pratiqués par les Grecs & par les Romains, a été en horreur à quelques Nations. Hérodote rapporte que les Perses la détestoient, parce qu’ils croyoient que le feu étoit un Dieu. Les Egyptiens ne brûloient point aussi les corps morts, parce que, selon eux, le feu étoit une bête inanimée ; ils estimoient qu’il n’étoit pas permis de donner les corps morts à dévorer à des bêtes. Macrobe, qui vivoit sur la fin du quatrième siècle, assure, Liv. VII de ses Saturnales, que de son temps la coutume n’étoit plus à Rome de brûler les corps des morts. Cette coutume cessa chez les Romains sous l’Empire des Antonins.

Ce mot, selon Ménage & Guyet, vient de brusulare, selon d’autres de præustulare ; selon du Cange de bruscare, mot de la basse latinité, ou de l’italien brusciare.

Bruler signifie aussi employer quelque matière combustible pour faire du feu. On brûle tous les ans tant de voies de bois dans cette maison. Il y a des pays où l’on ne brûle que du charbon de terre, de la tourbe.

☞ On le dit de même des matières qu’on allume pour éclairer. Dans bien des maisons on ne brûle que de la cire. Le peuple ne brûle que de la chandelle, de l’huile. C’est faire usage de bougie, de chandelles, de lampes à huile pour éclairer.

Bruler se dit aussi de l’action des corps pénétrés par le feu, dont l’attouchement produit un sentiment de douleur. Cela me brûle. Voy. Brulant.

Bruler, se dit hyperboliquement pour signifier, échauffer ☞ excessivement, dessécher par une chaleur excessive. Le Soleil brûle les campagnes d’Afrique. Cela brûle le wang. Il a une fièvre qui brûle.

Bruler, se dit aussi ☞ par extension de l’effet que fait un froid excessif à-peu-près le même que celui qui est produit par une très-grande chaleur. Penetrabile frigus adurit. Voyez Froid. Quand la vigne est en bourgeon, il vient une gelée, un vent froid qui la brûle. Il y a certain brouillard ou rouille qui brûle les blés. La neige brûle les souliers, à cause d’un certain acide ou salpêtre qui y est contenu. L’eau forte brûle le drap & la peau.

Bruler dans un sens actif & figuré, signifie aussi, donner de l’amour ; Incendere, inflammare, ad amorem incitare. Il faut qu’après avoir brûlé tant de Castillanes, il fasse fondre quelques Portugaises. Voit.

On dit encore, Brûler de l’encens devant quelqu’un ; pour dire, L’idolatrer, l’adorer, le flater démesurément.

On dit adverbialement, tirer un homme à brûle pourpoint ; pour dire, le tirer de si près, qu’on ne le puisse manquer. Proximè catapultam admovere. Brûler la cervelle à quelqu’un. Il lui brûla la cervelle d’un coup de mousquet. Un coup de fusil lui a brûlé la cervelle. Tout cela se dit d’un homme qu’on tue d’un coup d’arme à feu. Dans l’origine on ne le disoit que quand on tiroit quelqu’un presqu’à bout portant, tellement que le feu du fusil ou fu pistolet brûloit la personne ; & c’est de-là aussi que vient cette expression, tirer à brûle pourpoint.

On dit aussi dans un sens figuré, qu’un argument est à brûle pourpoint, quand il est si convaincant, qu’on n’y peut répondre. Argumentum evidens, clarum, firmissimum.

Bruler un endroit se dit aussi figurément & dans le style familier, pour passer par un lieu, ou auprès d’un lieu, sans s’y arrêter : brûler un cabaret en voyage, c’est le passer sans s’y arrêter. Quelques-uns le disent des soldats, lorsque passant par quelque endroit, au lieu de s’y arrêter, comme il leur est marqué, ils se font donner en argent ce qu’on leur devoit fournir en vivres, & en fourrages. La discipline que le Roi a mise dans ses troupes ne permet plus ce désordre. On dit aussi brûler une poste, quand sur les mêmes chevaux on passe le lieu de la poste ordinaire marqué sur la route, pour ne les changer qu’à un autre lieu de poste.

Bruler, en termes de science hermétique, veut dire cuire la matière, la calciner, sublimer.

Bruler du vin, c’est mettre du vin sur le feu, pour le distiller & en faire de l’eau-de-vie.

Bruler le fer, l’acier, &c. Chez les Ouvriers qui emploient les métaux, c’est leur ôter leur qualité en les laissant trop chauffer. Les métaux brûlés ne font plus qu’une matière fragile qui n’est bonne à rien.

Bruler, v. n. Etre en feu, être embrasé. Ardere, Flagrare. Voilà une maison qui brûle. On voyoit de loin la flamme des vaisseaux qui brûloient. Le temple de Diane brûla la même nuit qu’Alexandre vint au monde. Les damnés brûleront éternellement dans l’Enfer, mais ils ne seront point consumés.

☞ Il signifie aussi simplement être très chaud. Ses mains brûlent. Les mains lui brûlent.

Bruler, figurément signifie, être agité d’une violente passion d’amour, d’ambition, de desir d’impatience. On peut brûler d’un chaste amour. S. Paul dit qu’il vaut mieux se marier que brûler. On a dit du Baron de Feneste, qu’il brûloit d’ambition. De la même ardeur que je brûle pour elle, elle brûle pour moi. Malh. J’aime à brûler d’une si belle flamme. Voit. Vous brûlez d’une soif qu’on ne peut assouvir. Boil. La plupart des gens brû-