Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
BRU

males fut abolie par le VIe Concile, appelé in Trullo.

BRUME. s. f. Terme de Marine. C’est ainsi qu’in nomme un brouillard épais : & on appelle un temps embrumé, quand l’air est couvert de brouillars. Nebula. On dit sur la mer que dans le temps de brume tout le monde est matelot ; parce que dans le temps d’un brouillard épais, chacun dit son sentiment pour la route.

Brume. On donne encore le nom de brume à une certaine vapeur, à un certain brouillard qui s’éleve sur les cascades ou cataractes des eaux. La brume que forme la cataracte du fleuve Niagara, est si élevée, qu’on l’apperçoit de cinq lieues ; & lorsque le Soleil paroît, on voit toujours un bel arc-en-ciel dans cette brume. M. l’Abbé de Chaulieu, en parlant des avantages dont joüit l’Île de Cythère, p. 39 du 2e tom. de ses Œuvres de l’édit. de 1733 dit que

Là jamais ni brouillard, ni brume,
N’obscurcit la clarté du jour,
Et jamais dans ce beau séjour
N’enfanta catharre, ni rhume. Chaulieu.

Ce mot vient du grec βραχεῖα ἠγέρα. Jos. Scaliger dit que ce mot vient de Bromius Bacchus, dont les sacrifices se faisoient environ le solstice d’hiver. Le mot bruma signifioit le plus court jour de l’année.

BRUN, une. adj. Qui est de couleur sombre & obscure, tirant sur le noir Fuscus, subniger. Du drap brun, gris-brun, rouge-brun, vert-brun.

Brun. s. m. Signifie couleur brune. Cette étoffe est d’un beau brun, tire sur le brun, sur le gris-brun.

Ce mot vient du flamand bruin, ou de l’allemand braun, qui signifient la même chose. Mén. Octavius Ferrarius dit qu’on a donné ce nom à cette couleur, à cause qu’elle approche de celle des prunes, ou de la couleur des armes brunes, dont ont croit qu’on a fait aussi bronze & bronzer, à cause que le Italiens disent abronzare ; pour dire, enduire d’une couleur brune. Quelques-un croient que c’est un vieux mot françois, à cause de Brunehaut, qui signifioit une Dame brune.

Brun, se dit aussi des personnes qui ont le poil noir, ou qui n’ont point la peau extrêmement blanche. Un beau brun, une belle brune. Les gouts sont différens ; l’un aime la blonde, & l’autre la brune : & l’on dit des inconstans, que tout leur est bon, qu’ils courent après la blonde & la brune.

Brun, Brune, adj. se dit aussi figurément, mais dans le style comique, pour sombre, mélancolique. Obscurus, tetricus. Cet homme est d’une humeur bien brune.

On dit aussi, que le temps est brun : qu’il fait brun : ou absolument on dit la brune, quand la nuit approche. Il est familier.

On appelle un clair-brun, celui qui a les cheveux entre le blond & le noir foncé.

Bai-Brun, se dit des chevaux qui sont de couleur de châtaigne, mais fort obscure. Badius. Le Soudiacre Bonitus, dans la vie de S. Théodore, qu’il écrivoit, ou qu’il augmentoit il y a plus de 600 ans, dit qu’en latin on appelle Brunus, une espèce de cheval que les Grecs appellent Dardanus, c’est-à-dire, un cheval brun, ou, comme il parle, d’un blanc obscur. Equumquem albus ac perobscurus color exornat ; où Bollandus remarque que brunus s’est dit en effet pour fuscus, dans les Auteurs du moyen âge ; mais que ce mot n’est point latin, non plus que Dardanus n’est point grec dans ce sens. Act. Sanct. Febr. T. II. p. 33.

Brun-rouge. Quelques-uns appellent ainsi un ocre rouge d’une couleur foncée, dont on se sert dans la peinture.

☞ En termes de peinture, on dit les bruns d’un tableau, pour dire les ombres. Voy ce mot. Mais quand on dit qu’un tableau est brun, on entend alors que le peintre a forcé les ombres, a donné, comme on dit, dans le noir.

Brun, s. m. Nom d’homme. Brunus. S. Brun, Archevêque & Apôtre de Prusse, où il fut décollé avec 18 autres Missionnaires, est nommé Brunus, & non Bruno, en tous les manuscrits de sa vie écrite par Ditmar, Evêque de Mersbourg, qui avoit étudié avec lui. Chast. Cependant on dit aussi quelquefois Brun en françois pour Bruno, ou Brunon.

Brune. s. m. On appelle ainsi le temps du soir, lorsque la nuit approche ; le temps qui est entre le coucher du soleil & la nuit. Vesper, vesperus, vespera, vespertinum tempus. Sur la brune ; c’est-à-dire, au temps, ou vers le temps qu’on appelle brune. Cet homme craint les Sergens, il n’ose sortir que sur la brune. Cette façon de parler vieillit. Il fait brun, la nuit approche. Sur la mer on dit, le brun de la nuit ; pour dire, l’obscurité.

BRUNE. s. f. Fille de l’Hôpital-Général. On appelle les filles de l’Hôpital Général les Brunes.

Brune. s. f. Toile qui se fabrique à Rouen.

BRUNDUZE, ou BRUNDUSE. Voyez BRINDE.

BRUNECHILDE. s. f. Voyez BRUNEHAUD.

BRUNEHAUD. s. f. Nom de femme. Brunechildis. Ce mot s’est formé du latin. Brunechildis est la même chose que Brunehildis ; car ç’a été la coutume d’écrire ch, au lieu de h simplement ; michi, pour mihi, nichil, pour nihil. Outre cela un l avec la voyelle qui le précéde, comme al, el, &c. se change communément en au, ainsi childis a dû se changer communément en haud, la terminaison latine is étant retranchée. Brunehaut, fille d’Athanagil, Roi des visigoths, établis en Espagne, épousa Sigebert I. Roi d’Australie. Frédégonde fût avec Brunehaud la furie de la Maison Royale de France. God.

Je trouve aussi Bruneheul dans quelques vieux Auteurs. Mérovée, fils de Chilperic, étant allé à Rouen pour la délivrance de ladite Reine Bruneheul, se trouva tellement épris de sa beauté, qu’il ne cessa qu’elle ne lui aût accordé mariage. Parad. Ann. de Bourg, p. 58. Il dit Brunehceul & Brunechaud dans son Hist. de Lyon, Liv. II. c. 14. Brunecheul fonda l’Abbaye d’Aisnay. L’on écrit qu’elle donna tant de biens à cette Abbaye, qu’il s’y nourrisoit ordinairement 300 Religieux, de manière qu’on l’appeloit l’Ordre de Brunehaud. D’ailleurs elle fit des levées pour la réparation des chemins en Bourgogne, dont on trouve encore en quelques lieux des vestiges, qu’on nomme les levées de Brunehaud. Ces deux noms donnés aux Religieux d’Aisnai & à ces levées, montrent que l’usage est depuis très-long-temps de dire Brunehaud. Brunehaud signifie Dame Brune. Voyez BRUN.

BRUNELLE. s. f. Terme de Botanique. Brunella. Plante vulnérable. Sa racine est menue, fibreuse, & s’étend obliquement en terre ; elle donne quelques tiges de neuf à dix pouces de long, carrées, velues, en parti appliquées contre terre, droites en parties, branchues, noueuses, & garnies à chacun de ses nœuds de feuilles opposées, semblables à celles de l’Origan, mais d’un vert plus brun, un peu plus velues, & dentelées sur leurs bords. Ses fleurs terminent les tiges & les branches, & sont ramassées en une tête allongée, écailleuse, cylindrique, disposée en manière d’épi. Chaque fleur est un tuyau lavé de pourpre, découpée par le haut en deux lèvres, dont la supérieure est en casque, & l’inférieure est divisée en trois parties, la moyenne desquelles est creusée en cuilleron. Le calice de la fleur, qui est un cornet verdâtre, long de quatre lignes, est divisé en deux lèvres, dont la supérieure est à trois pointes, & l’inférieure à deux. Il renferme dans son fond quatre semences petites, ovales. Il y a plusieurs autres espèces de Brunelle qui diffèrent de celle-ci, qui est la plus commune, soit par leurs feuilles, soit par leur

grandeur,