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BUC

liaste d’Aristophane, parce qu’il étoit marqué de la tête d’un bœuf. D’autres disent parce qu’il avoit le front large, ou un regard farouche ; mais le Scholiaste d’Aristophane, à l’endroit que j’ai cité, dit qu’on n’appeloit point ainsi les chevaux à cause de leur forme ou figure, mais seulement à cause de la marque qu’on leur imprimoit.

Freinshemius dit que Philippe ayant fait consulter l’Oracle de Delphes, pour savoir qui seroit son successeur, l’Oracle répondit que ce seroit celui qui monteroit Bucéphale ; que ce Bucéphale étoit un très-beau cheval, bien tourné, mais très-farouche, qu’un certain Philonicus de Thessalie avoit vendu à Philippe 12 talens ; c’est-à-dire 13000 livres selon la supputation de Budé, qui met le petit talent à 1000 livres ; ou 17329 livres si c’étoit de grands talens, que Budé évalue à 1333 livres de notre monnoie. Aulu-Gelle dit qu’il fut vendu 13 talens, & donné à Philippe, ce qui revient selon lui à 312 sesterces monnoie Romaine, & selon le P. Proust, dans le Commentaire d’Aulu-Gelle, ad usim Delphini, à 13650 livres de notre monnoie. Quoi qu’il en soit, Philippe l’ayant fait enfermer long-temps, & enfin ayant ordonné qu’on le laissât aller à l’abandon, parce que personne ne le pouvoit monter ; Alexandre s’écria, Quel cheval leur ignorance ou leur délicatesse leur fait perdre ! Et l’ayant flaté quelque temps, il eut l’adresse de le monter, & enfin de le domter. Quand il en descendit, Philippe l’embrassant, cherchez, lui dit-il, mon fils, un Royaume digne de vous. La Macedoine ne vous suffit pas. Depuis ce temps-là Alexandre monta Bucéphale ; & s’en servit dans tous ses combats. Onésicrite & Arrien, Liv. V, chap. 3. disent qu’il mourut de vieillesse, après avoir vécu 30 ans, selon le premier de ces Auteurs. Plutarque assure qu’il mourut quelque temps après la bataille de Porus des blessures qu’il y reçut. C’est dit Hoffman, le sentiment commun. Voyez Bucéphalie. Quand Bucéphale étoit sellé & armé pour le combat, il ne souffroit point que personne le montât qu’Alexandre.

On emploie quelquefois ce nom pour signifier dans le discours familier, ou burlesque, un beau cheval, grand, vigoureux, un cheval de parade. Il parut monté sur un Bucéphale.

On dit aussi quelquefois en badinant des chevaux ordinaires, ou mêmes des rosses, ou mauvais chevaux : J’étoit sur mon Bucéphale, qui alloit assez bon train ; pour dire, sur mon cheval. Ah quel Bucéphale vous avez là ! pour dire, quel mauvais cheval ! par ironie.

BUCÉPHALIE. s. f. Ville bâtie dans les Indes par Alexandre quelque temps après la victoire remportée sur Porus, & nommée ainsi en mémoire du cheval Bucéphale, que ce Prince avoit perdu. Quint-Curce la nomme Bucephalon, ou Bucephalum, aussi-bien qu’Aulu-Gelle ; Ptolomée, Bucephala ; le Scholiaste d’Aristophane, sur la Ie Scène du premier Acte de la Comédie des Nuées, la nomme Alexandrie. Aulu-Gelle, Liv. V, ch. 2, dit que pendant la guerre des Indes, Alexandre dans un combat s’étant jeté trop imprudemment au milieu d’un gros d’ennemis, on lança sur lui une grêle de flèches, dont Bucéphale, sur lequel il étoit, fut blessé à la tête, & au flanc ; que malgré ses blessures, n’en pouvant plus, & ayant perdu presque tout son sang, il tira cependant son Maître de la mêlée, & l’emporta avec une extrême vigueur jusque dans un lieu où il fut hors de danger, & que là il tomba mort. Ce fut en ce même endroit, ajoute cet Auteur, qu’Alexandre fit bâtir la ville de Bucéphalie. Samson & d’autres après lui la prennent pour Lahor, ville de la Province de Pengad sur l’Hydaspe.

☞ BUCH. Pays de France, dans les landes de Bourdeaux, près de Medoc.

☞ BUCHAN ou BUGAN. Province d’Ecosse qui a pour bornes à l’orient & au septentrion, la mer d’Allemagne, à l’occident & au midi, les Provinces de Murray & de Marr.

BUCHAW, BUCKAU. Nom d’une ville de Suabe en Allemagne. Buckovia. Elle est sur le lac de Feder. C’est une ville Impériale. L’Abbaye de Buchaw. Les Chanoinesses de Buchaw. Cette Abbaye fut fondée sur la fin du IXe siècle par Adelinde, fille d’Hildebrand Duc de Suabe. L’Abbesse de Buchaw est Princesse de l’Empire, & les Chanoinesses doivent être non-seulement nobles, mais Comtesses ou Barones, c’est-à-dire, filles de Comtes ou de Barons.

BUCHE. s. f. Morceau de bois de chauffage, de grosseur & longueur déterminée. Plusieurs de ces morceaux forment la corde. Voy. Bois, stipes, truncus, caudes. Mettre une buche au feu.

Du Cange dérive ce mot de busca, qu’on a dit dans le même sens en la basse latinité.

On appelle figurément un homme stupide, une grosse buche. Stipes. Et on dit d’un homme pesant, qu’il ne se remue non plus qu’une buche ; qu’il vaudroit mieux parler à une buche.

Buche. Il y a une ferme du Roi qu’on appelle le gros de la buche. L’imposition de la buche, ou le droit de buche est un droit qui s’est levé à Paris sur les buches. Par Arrêt du Grand-Conseil du 13e Juin 1546, il est déclaré que les Secrétaires du Roi sont exempts du droit de buche. Et par un Jugement des Requêtes de l’Hôtel, du 9e Mars 1546, ils sont déclarés exempts du droit de buche, & le Fermier est appelé le Fermier de l’Imposition de la buche en la ville de Paris. Voyez l’Histoire de la Chancel. Liv. II. p. 101 & 102.

On appelle réparation à la buche, en termes d’eaux & forêts, les jugemens portant condamnation d’amende contre ceux qui ont commis des délits dans les bois du Roi en abattant & enlevant des arbres. L’Ordonnance a fait un tarif de la réparation civile, suivant la grosseur & la nature des arbres furtivement coupés, & l’on a coutume d’appeler ces sortes de jugemens des réparations à la buche. Journal du Palais. On en juge de même pour la réparation civile entre particuliers ; mais cette réparation n’est pas estimée à la buche sur le tarif de l’Ordonnance. On l’arbitre par l’affectation & par la destination du maître, Idem T. II.

On appelle Controlleurs de la buche, en termes de Police, de petits Officiers établis sur les ports de la ville de Paris, pour veiller à ce que les bois soient de la longueur & grosseur réglées par les Ordonnances, selon leur sorte & qualité.

Buche, en termes de marine, est une espèce de flibot dont les Hollandois & les Anglois se servent pour la Pêche du hareng.

Buche, en jardinage : on appelle ainsi la tige des orangers étêtés qui nous viennent de Provence & de Genes.

☞ BUCHEN. Petite ville d’Allemagne, au Cercle Electoral du Rhin, Evêché de Mayence.

BUCHER. v. a. absolu. Abattre du bois dans les forêts ; & en faire des buches. Ligna cædere. Il n’est plus en usage.

BUCHER. s. m. Pyramide faite de bois, sur laquelle on mettoit autrefois les corps morts pour les brûler. Bustum, pyra, rogus. Didon pria sa sœur de lui faire dresser un bucher, sur lequel ensuite elle se tua. Crœsus étoit sur le bucher, quand il prononça les paroles de Solon qui le sauvèrent.

Les Romains avoient pris des Grecs la coutume de brûler les corps : cela se faisoit avec beaucoup de cérémonie. Le mort couronné de fleurs, & revêtu de ses habits les plus magnifiques, étoit posé sur le bucher : les plus proches parens l’allumoient avec des torches, en détournant le visage, pour témoigner qu’ils ne lui rendoient qu’avec répugnance ce triste & dernier espoir. Dès que le bucher étoit consumé, des femmes préposées pour recueillir les cendres, les renfermoient dans une urne, que l’on portoit dans les tombeaux. ☞ C’étoit la mere, les sœurs ou les parentes du défunt qui ramassoient