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racine pilées ensemble, & on les mêle avec le vin dont on fait sa boisson, Voyez Lémery qui en parle d’après Guillaume Pison.

CAAPIA ou CAA-APIA, Tm. Nom d’une plante du Brésil. Caapia, Caa-apia Pisonis. Le Caapia de Pisonn est une petite plante basse, dont la racine est longue d’un ou de deux travers de doigt, de la grosseur d’une plume de cigne, & quelquefois du petit doigt, noueuse, garnie à ses côtés & à son extrémité de filamens longs de trois ou quatre travers de doigt, d’un gris noirâtre au dehors, blanche au dedans, presqu’insipide dans les premiers momens qu’on la tient dans la bouche, d’un gout par la suite un peu acre & piquant.

De cette racine s’elevent trois ou quatre tiges ou pédicules, ronds, de la longueur de trois ou quatre travers de doigt, portant chacun une feuille large d’un travers de doigt, & longue de trois ou quatre ; d’un vert luisant par-dessus, un peu blanchâtre par-dessous, chargée d’une nervure dans toute sa longueur, & traversée de quelques veines relevées au-dessus.

La fleur a son pédicule particulier ; elle est ronde, radiée, approchant de la fleur du Bellis, composée de plusieurs étamines, portant des semences rondes, plus petites que la graine de moutarde.

Cette racine a presque les mêmes qualités que l’ipecacuanha, ce qui lui a fait donner par quelques-uns le nom d’Ipecacuanha, mais mal-à-propos, comme l’a remarqué Pison lui-même. Elle arrête le flux de ventre, & fait vomir, aussi bien que l’Ipecacuanha, mais non pas si fortement, ce qui fait qu’on en peut donner une dose plus forte. La dose est depuis une demi drachme jusqu’à une drachme en poudre dans du vin, du bouillon, ou autre liqueur convenable. Les Brasiliens pilent toute la plante ; en expriment le suc & l’avalent. Ils se fervent aussi avec succès de ce suc pour guérir les plaies de fléches empoisonnées & les morsures des serpents, en le versant dans les plaies.

Pison ajoute qu’on trouve encore une autre espèce de Caa-apia toute semblable à celle que nous venons de décrire, à la réserve que ses feuilles sont un peu dentelées à leur bords, & velues, aussi bien que les tiges.

CAAPONGA. s. f. Nom que les habitans du Brésil donnent à une espèce de crête marine ☞ & de pourpier. Ils font bouillir & confire les feuilles & les jeunes tiges dans le vinaigre, & s’en fervent, comme nous des capres & des cornichons, pour exciter l’appétit.

CAAROBA. s. m. Arbre très-commun au Brésil. Voyez-en la description dans le Dict. de James. Ses feuilles sont amères au gout, elles passent pour un ingrédient excellent dans les fomentations, & les bains, lorsqu’elles sont séchées & broyées. ☞ Prises intérieurement, elles passent pour détersives, dessicatives, & bonnes contre les maladies chroniques. La conserve préparée avec ses fleurs, a les mêmes propriétés.

CAB.

CAB ou CABE. s. m. Nom d’une mesure de blé, selon Pollux & Hésychius. Cabus. Tirin, dans son Traité des mesures & des vases, dit que le Cabe étoit la même chose que le Chenix des Grecs ; que c’étoit la mesure de ce qu’un manœuvre mange par jour, telle que Caton la marque aux paysans dans son 56e chapitre, De Re Rustica ; qu’on l’appeloit autrement Parme cubique : que c’étoit la sixième partie du Satum, ou du boisseau ; qu’il contenoit quatre loges ou setiers hébreux, & qu’il revenoit à peu près à ce que les Italiens appellent boccale, & les Espagnols açumbre. R. Alphes, cité par Buxtorf, dit que le Cabe, contenoit autant que 24 œufs. Un Auteur Anglois, qui a écrit sur ces matières, lui donne un peu plus de 90 pouces cubiques de capacité. Tout cela revient à peu près au même, & il s’enfuit que le Cab étoit la 10e partie de l’éphi, & le tiers du hin ; que le quart du Cabe étoit un setier hébreu, qui étoit égal au setier attique, & qu’ainsi dans la faim de Samarie dont il est parlé, 2e Livre des Roix VI, 25, un quart de Cabe, ou un setier de fumier de pigeon, valoit cinq piéces d’argent, c’est-à-dire cinq sicles, qui font de notre monnoie sept livres quelques sous.

CABACET. Voyez CABASSET.

☞ CABACK. C’est ainsi qu’on appelle en Russie les Cabarets & les maisons où l’on boit du vin & des liqueurs fortes. Tous ces Cabacks appartiennent au Souverain. Il est le seul cabaretier de son Empire. Il afferme en argent ces sortes de maisons. Moyen très-sur d’augmenter ses revenus, dans des Etats d’une aussi grande étendue où les Peuples aiment à boire & à s’enivrer, principalement d’eau-de-vie.

CABAIE. s. f. Habillement des Gardes du Roi & des Mandarins de Loy. Ils ont, au lieu de robe, une Cabaie blanche avec le turban. Les Officiers la portent un peu plus longue que les Soldats. Routier des côtes des Indes Orientales.

☞ CABAIGNAC. Petit lieu du haut Languedoc, entre Toulouse & Carcassonne, vers la source du Girou.

CABAL, & CABAU. s. m. Terme de Coutumes. Le Ferron l’explique par peculium. On appelle cabal les marchandises qu’on prend de quelqu’un à moitié, au tiers, au quart de profit. Cabal, en langage Toulousain, veut dire, le fonds d’un Marchand.

CABAL. s. m. Livre Historique, mêlé de plusieurs narrations fabuleuses touchant le Musulmanisme. On trouve dans ce Livre, dont l’Auteur est inconnu, plusieurs traditions anciennes du Christianisme, & entr’autres, celle des’Anges Gardiens. D’H’erb.

CABALE. s. f. Quelques-uns écrivent KABALE. Ce nom a plusieurs significations, qu’il faut distinguer plus exactement qu’on ne fait dans tous nos Dictionnaires. Cabale est un mot Hébreu, קבלה Kabbalach, qui signifie proprement & précisément Tradition, & קבל, Kibbel, qui signifie, recevoir par tradition, recevoir de pere en fils, d’âge en âge surtout en Chaldéen & hébreu Rabbinique ; mais non pas comme on le dit mal-à-propos dans le Moréri, Tradidit, il a enseigné. De-là il se dit premièrement d’un sentiment, d’une opinion, d’une explication de l’Ecriture, d’une coutume ou pratique qui s’est transmise de pere en fils. Les Juifs, comme on le peut voir dans la préface de Maïemon sur la Mischna, croient que Dieu donna à Moïse non-seulement la Loi, mais encore [’explication de la Loi sur la montagne de Sinaï. Quand il étoit descendu, & qu’il s’étoit retiré dans sa tente, Aaron l’alloit trouver, & Moïse lui apprenoit les Loix qu’il avoit reçues de Dieu, & lui en donnoit l’explication, que lui-même avoit aussi apprise de Dieu. Quand il avoit fini, Aaron se mettoit à la droite de Moïse, Eléazar & Irhamar fils d’Aaron entroient, & Moise leur disoit ce qu’il avoit déjà dit à Aaron. Après quoi s’étant placés l’un à sa droite, & l’autre à sa gauche, venoient les 70 vieillards qui composoient le Sanhédrin, & Moïse leur répétoit encore tout ce qu’il avoit dit a Aaron & à ses enfans. Enfin, on faisoit entrer tous ceux du peuple qui vouloient, & Moïse les instruisoit encore comme il avoit fait les autres. De forte qu’Aaron entendoit quatre fois ce que Moïse avoit appris de Dieu sur la montagne ; Eléazar & Ithamar l’entendoient trois fois ; les 70 vieillards, deux ; & le peuple une fois. Or des deux choses que leur apprenoit Moïse, les Loix que Dieu imposoit, & l’explication de ces Loix, on n’en écrivoit que la première, c’est-à-dire, les Lois, & c’est là ce que nous avons dans l’Exode, le Lévitique & les Nombres. Pour Ce qui regarde l’intelligence & l’explication de ces Lois, on se