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par une seconde Bulle du 10 Juillet 1721. Voyez le P. Héliot, T. VII, c. 46. On appelle ces filles Religieuses du Calvaire, ou Calvairiennes.

CALVANIER. s. m. Terme d’agriculture. C’est un homme de Journée qu’on prend, pendant la moisson pour entasser les gerbes dans la grange. Messorius bajulus, messorii operis vectarius, administer. Un bourgeois qui donne sa terre à moitié fruits, est obligé de fournir des Calvaniers à son métayer.

CALVARDINE. s. f. Vieux mot, qui signifie perruque. Ascititia cæsaries. Borel croit que ce mot vient de calvus, chauve, parce qu’autrefois on ne prenoit la perruque que lorsqu’on étoit chauve.

CALVILLE. Voyez Calleville.

CALVINIEN, ENNE. adj. Qui appartient à Calvin, ou à sa secte. Calvinianus. Un sentiment calvinien. Une doctrine, une proposition Calvinienne. Les principes de Jansénius sont purement Calviniens. Genève est une ville toute Calvinienne.

CALVINISME. s. m. Secte, parti, doctrine, sentimens de Calvin & de ses sectateurs en matière de religion. Calvinismus. Calvini secta, hæresis. Le Jésuite Mainbourg a composé une histoire du Calvinisme.

Le plus pur Calvinisme est dans la ville de Genève, d’où il s’est répandu en France, en Angleterre & dans les Pays-Bas. Le Calvinisme a été entièrement détruit en France par la révocation de l’Édit de Nantes l’an 1685. Il est la religion dominante dans les Provinces-Unies depuis l’année 1572. Ce fut en cette année-là qu’il fut reçu dans ces provinces tel qu’il s’enseignoit à Genève, pour être la seule religion publique. Des treize Cantons Suisses, il y en a six qui font profession du Calvinisme ; de ces six néanmoins, il y en a deux qui sont partagés en Catholiques & en Calvinistes. Le Calvinisme est aussi répandu dans le Palatinat, mais l’Electeur Palatin est présentement Catholique. Il seroit trop long de rapporter toutes les erreurs que Calvin a enseignées : on peut juger du mérite de sa religion par celles que voici. 1°. La prédestination & la réprobation sont antérieures à la prévision de quelque œuvre que ce soit, bonne ou mauvaise. 2°. La prédestination & la réprobation ne dépendent que de la seule volonté de Dieu, sans aucun rapport aux mérites ou aux péchés des hommes. 3°. Dieu donne à ceux qu’il a prédestinés la foi, qu’ils ne peuvent perdre ; il leur donne une grâce nécessitante qui ôte la liberté, il ne leur impute point leurs péchés, quelque énormes qu’ils soient, mais il les couvre de la justice de J. C. 4°. Les justes ne sauroient faire aucune bonne œuvre, à cause du péché originel qui est en eux. 5°. Ils ne sont pas obligés de faire de bonnes œuvres, parce qu’ils font exempts de l’obligation d’observer la loi qui les commande. 6°. Les œuvres de justice ne méritent que l’enfer, &c. Ces points de religion, & plusieurs autres qu’on pourroit rapporter, ont paru si horribles & si contraires à la raison & au bon sens, que les Sectateurs de Calvin en ont rejeté plusieurs ; mais ils ont toujours soutenu des erreurs fondamentales qui les séparent de l’Eglise Catholique.

CALVINISTE. s. m. & f. Hérétique qui suit la doctrine de Calvin. Calvini sectator. En France, on appelle les gens de cette secte Huguenots, & Parpaillaux parmi le peuple. En Allemagne, on les confond avec les Luthériens & autres sous le nom de Protestans. Le P. Gaultier leur attribue cent hérésies dans sa chronologie ; & le P. François Feu-Ardent, Docteur de Paris, en parlant des erreurs des Calvinistes, leur en donne mille quatre cens, dans un ouvrage intitulé Theomachia Calvinisticæ.

Les Calvinistes prennent le nom de Réformés, qualité qu’ils sont osé s’attribuer en France sans être repris, pendant qu’ils y ont été. Les déclarations du Roi leur ordonnèrent de prendre seulement le nom de prétendus-Réformés. Les Luthériens haïssent mortellement les Calvinistes ; ils ont été toujours très-éloignés d’eux, quelques efforts que ceux-ci aient faits pour s’approcher des Luthériens, qui regardent les sentimens des Calvinistes sur la prédestination & sur la réprobation, comme des opinions Mahométanes, lesquelles renversent la Religion Chrétienne. L’Electeur de Brandebourg est Calviniste, mais la plupart de ses sujets sont Luthériens : il y en a aussi quelques-uns qui sont Catholiques. Les Calvinistes sont en très-petit nombre dans ses Etats. En Angleterre la religion dominante est celle des Episcopaux, & quoique ceux-ci diffèrent peu des Calvinistes pour ce qui est de la doctrine, ils ne sauroient cependant les souffrir ; le nom de Calviniste leur étant tout-à-fait odieux. Le parti des Calvinistes au contraire domine dans toute l’Ecosse, sous le nom de Puritain. Les Episcopaux en ont été bannis depuis peu, sous le Prince d’Orange, appelé le Roi Guillaume.

Calviniste se fait aussi quelquefois adjectif, & se dit pour Calvinien. Vous avancez-là des propositions calvinistes. À la calviniste. Phrase adverbiale : à la manière des Calvinistes.

CALVITIE. s. f. Terme de Médecine. Chute de cheveux, surtout du devant de la tête, qui ne peuvent plus revenir. Calvitium. La calvitie arrive en conséquence du desséchement de l’humidité qui nourrissoit les cheveux, causé par le grand âge, par la maladie, ou par l’usage excessif de la poudre.

CALUMET. s. m. Terme de relation. C’est un instrument des Sauvages de l’Amérique. Tabacaria Canadensium, Syrinx, fistula. C’est une espèce de grande pipe à fumer, faite de marbre rouge, noir ou blanc. La tête en est bien polie, & a la figure d’un marteau d’armes. Le calumet a un tuyau orné de poils de porc-épic & de petits fils de peaux de plusieurs couleurs. Le calumet a quelque chose de mystérieux parmi les Sauvages du nord. C’est le symbole de la paix.

CALUNTER. s. m. Terme de relation, C’est dans les villes de Perse un Magistrat, qui est à-peu-près comme le Maire dans les nôtres.

CALUS ou CAL. s. m. Le premier est le plus usité. Dureté qui se forme en quelque partie du corps humain, par un travail continuel qui durcit & épaissit la peau. Callus, callum. Les artisans ont des calus au fond des mains. Les Tailleurs ont du cal aux doigts où ils mettent les ciseaux.

Calus se dit aussi d’une dureté qui se forme sur l’endroit où il y a eu fraction d’un os ; La nature y envoie assez de matière pour le consolider, & empêcher qu’il ne se rompe de rechef.

Calus se dit figurément, en parlant de la dureté que l’ame a contractée contre toute sorte de tendresse,

☞ C’est un endurcissement d’esprit & de cœur qui se forme par la longue habitude. Il se prend en bonne & en mauvaise part. Ce Juge est incorruptible, il s’est fait un calus contre les sollicitations. L’impie se fait un calus contre les remors de sa conscience.

Calus, en Jardinage, est une reprise de la matière de la sève qui se fait en forme de nœud à la jointure d’une branche ou d’une racine.

Calus ou Acalus. s. m. Nom d’homme dans la Mythologie. Calus. Acalus. Calus étoit neveu & apprenti de Dédale, qui se précipita du haut d’une maison en bas par jalousie, & parce qu’il étoit devenu trop habile sous lui, & qu’il avoit inventé la scie, à l’imitation d’une mâchoire de serpent, la règle & la roue à potier. Minerve touchée de son malheur, le métamorphosa en perdrix, ce qui lui fit donner le nom de cet oiseau. Perdix.

Calus est Grec, il vient de καλὸς, qui signifie beau, bon.

CALYBÉ. s. f. Terme de Mythologie. Vieille Prêtresse du Temple de Junon, dont la furie Alecto prit la figure pour parler à Turnus.

CALYBITE. s. m. & f. Qui loge dans une cabane, dans une masure. Calybita, qui sub tuguriolo habitat. Ce mot n’est en usage dans notre langue que comme surnom de quelques Saints. S. Jean Calybite, que l’Eglise honore le 15 Janvier, étoit d’une