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a-t-on appelé proprement camelot, l’étoffe qui se fait de poil de Chameau. Le camelot est appelé par quelques Auteurs modernes Capellotum de capella, chèvre, parce qu’il se fait de poil de chèvre. De-la s’est fait Camelot, en changeant le p en m, Camelot, pour Capellot. Ce changement a fait croire que ce mot venoit de camelus, chameau, parce qu’il se faisoit de poil de chameau, ce que les Bollandistes taxent d’ignorance. Act. SS. Maii, Tom. II, p. 88.

On dit proverbialement d’un homme qui a pris de mauvaises habitudes qu’on ne lui peut faire quitter, qu’il est comme le vieux camelot, qu’il a pris son pli.

CAMELOTÉ, ÉE. adj. Travaillé à la manière du camelot. Etoffe tissue ou ondée en forme de camelot. Pannus cilicii operis more contextus.

CAMELOTIER. s. m. C’est ainsi qu’on appelle une sorte de papier très-commun.

CAMELOTINE. s. f. Petite étoffe faite à la manière du camelot. Pannus tenui filo cilicii operis more contextus. On dit aussi du camelin d’Amiens.

☞ CAMELOTTE. s. f. On appelle reliures à la Camelotte, celles qui sont d’usage pour les livres de bas prix, dans lesquelles il y a moins de façons & d’apprêt.

CAMERERA. s. f. Mot Espagnol, qui signifie Dame de la chambre de la Reine, & que nous retenons dans notre langue, celui de Camerière n’étant point en usage. Cameraria, Cameræ Præfecta. La Comtesse d’Altamira est Camerera Mayor de la Reine.

CAMERIER. s. m. Premier Officier de la Chambre d’un Pape, ou d’un Cardinal, d’un Prélat Italien, qu’on appelle autrement Maître de Chambre. Camerarius. On dit à Rome le Camérier du Pape, & parmi les Moines & les Chanoines, le Chambrier. Ces mots sont bornés à cet usage. Danet. Il y a des Communautés Religieuses où l’on dit Camérier, & non Chambrier, comme dans l’Abbaye de S. Claude au Comté de Bourgogne. Le Pape a des Camériers extra muros. Des Camériers secrets de cape & d’épée, & d’autres Camériers secrets ; des Camériers d’honneur. Cet Office de la Maison du Pape, se donne à des personnes de distinction. Gaz. 1722, p. 44.

CAMERIERE. s. f. Il y a en Espagne dans la Maison de la Reine une Camerera Major, que nous pourrions appeller Grande Camerière : mais l’usage n’autorise point ce mot & l’on retient le mot Espagnol. Camerera.

☞ CAMERINO. Ville d’Italie, autrefois dans l’ombrie, & aujourd’hui dans la marche d’Ancone, entre Macerala & Spolète, avec un Evêché suffragant du Saint Siége. Camerinum, Camerina.

CAMÉRISTE. s. f. Camerière, Dame de la Chambre d’une Princesse. Cameraria. Dona Louise Guerra, Camériste de la Reine de Portugal. Gaz. 1741, p. 119. On trouve aussi ce mot dans le Dict. de l’Acad. Fr.

CAMERLINGAT. s. m. Dignité ou charge de Camerlingue. Camerarii dignitas.

CAMERLINGUE. s. m. Cardinal qui régit l’Etat de l’Eglise, & administre la Justice. Camerarius Ecclesiæ. C’est l’Officier le plus éminent de la Cour Romaine, parce que tout le bien du Saint Siège est administré par la Chambre dont il est le Président. Le Siège vacant, il fait battre monnoie, & marche en cavalcade accompagné de la garde des Suisses & autres Officiers, & il publie des Edits. Il a sous lui un Trésorier, & un auditeur appelés Généraux, qui ont une juridiction séparée, & douze Prélats appelés Clercs de chambre. Du Cange dit qu’on a aussi appelé Camerlingues, les Trésoriers du Pape, & des Empereurs.

C’est aussi un Officier de l’Ordre de la Chausse. Il y avoit dans cet Ordre deux Conseillers & un Camerlingue, qui ne pouvoient refuser ces emplois, sous peine de vingt-cinq ducats d’amende. P. Hélyot, Tom. VIII, p. 159. L’Intendant des Finances du Royaume de Bohême s’appelle Camerlingue.

☞ CAMERONIENS. s. m. pl. Cameroniani. Les Cameroniens ainsi nommés d’Archibale Cameron, étoient un parti de Presbytériens d’Ecosse qui ainsi que leur chef Cameron, se séparèrent des autres Presbytériens, qui avoient accepté la liberté de conscience accordée par Charles II. Les Cameroniens regardèrent même ce roi comme déchu de la Couronne & se révoltèrent. Mais on les réduisit en peu de temps, & enfin en 1690, sous le règne de Guillaume III, ils se réunirent aux autres Presbytériens. Dict. Ang.

CAMESTRES. Terme de Logique. Nom que l’on donne au second mode de la seconde figure du syllogisme. Un syllogisme en camestres, est un syllogisme dont la première proposition est universelle affirmative, la seconde universelle négative, & la conclusion universelle négative, selon cette régle : Asserit a, negat e ; verùm generaliter ambæ. Tout homme sage est modéré dans ses plaisirs ; nul débauché n’est modéré dans ses plaisirs. Donc nul débauché n’est homme sage.

CAMILLE. s. m. Nom d’homme. Camillus. Le Prince Camille, troisième fils de Louis de Lorraine, Comte d’Armagnac, & Grand Maréchal de Lorraine. Quand on parle des anciens Romains, on dit Camille, si l’on met ce nom seul : Camille s’exila lui-même pour prévenir sa condamnation. Mais si l’on y joint leurs noms, ou leurs prénoms, il faut retenir le nom Latin Camillus : Marcus Camillus défit les Falisques & les Veies. C’est ce Camille, qui retournant d’exil dans le temps qu’on pesoit aux Gaulois les deux cents livres d’or qu’on leur avoir promises pour les obliger à lever le siège de Rome, les prit au dépourvu, les chargea, & les obligea de se retirer avec perte. Ce même M. Furius Camillus triompha quatre fois, & fut cinq fois Dictateur.

Camille. s. f. est aussi un nom propre de femme. Camilla. La Camille de Virgile est une femme extraordinaire. Quand nous parlons des Italiennes qui portent ce nom, nous retenons le plus souvent la terminaison Latine & Italienne en a. La Segnora Camilla étoit sœur de Sixte V.

Camille. s. m. & f. est aussi le nom des jeunes garçons ou des jeunes filles qui servoient dans les choses secrètes, comme les noces & les sacrifices, & en particulier du jeune enfant qui servoit le Flamen Dialis, ou Prêtre de Jupiter.

Ce mot venoit de l’ancienne langue des Etruriens, à ce qu’il paroît, & se disoit pour Casmillus, comme on le peut conjecturer par le 543e vers du onzième Livre de l’Enéide de Virgile.

Nomine Casmillæ, Matrisque vocavit
Nomine Casmillæ, mutatâ parte, Camillam.

Ce nom dans cette ancienne langue signifioit Ministre. C’est pour cela que les Etruriens appeloient Mercure en leur langue Camille ; c’est-à-dire, Ministre des Dieux. Bochard, dans son Hierozoicon, L.II, c. 36, croit que ce mot étoit composé de deux mots Hébreux, ou Phéniciens, קסמי אל, Kosmé el, devins, ou Prêtres de Dieu. Car קסם signifie deviner. De Kosmé el, on fit Kosmel, & Casmil, & en ajoutant la terminaison Latine Casmillus. Le même Bochart, dans son Chanaan, L. I. c. 12, tire Casmillus de חדם hhadam, qui signifie ministrare, comme il paroît par l’Arabe hhadama, & de אל, El, Dieu. Vossius croit qu’on pourroit dériver Camillus, de Chemarim, qui se trouve au IVe L. des Rois, ch. XXIII, v. 5, & que l’on traduit Aruspices, Sacerdotes, Sacrificuli. Il doute cependant de la bonté de cette étymologie, parce que le mot Latin étoit originairement Casmillus ; & non pas Camillus. Voyez Varron, Lib. IV. De Ling. Lat. où il dit que les Samothraces usoient du même mot