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depuis Fuentibro qui est la source de l’Ebre, tirant une ligne vers l’océan, jusqu’au port de Laredo ; & ensuite vers celui de la victoire des Juliobrigiens, qui est Sautander, & de-là continuant le long de la mer jusqu’à la rivière de Sella sur les confins des Asturies d’Oviedo, en montant jusqu’à l’origine du mont Idubeda. De sorte que les Asturies de Santillane sont comprises dans l’ancienne Cantabrie. Les Cantabres étoient fort belliqueux. Quelques-uns, comme M. de Marca, disent aussi Cantabrien. Cantabre est mieux. Voyez M. de Marca, Liv. I, de l’Hist. de Béarn, où il traite fort au long des Cantabres ou Cantabriens.

Selon ce savant Auteur, Cantabre étoit aussi le nom d’une ligue de confédération des peuples voisins, fortifiés, dans l’âpreté des rochers, dont les Cantabres étoient les chefs, suivis des Asturiens & des peuples Callaïques ou de Galice ; comme ils l’avoient été autrefois des Varduliens & des Gascons. C’est en ce sens que César dit que les Aquitains furent assistés par les Cantabres contre Crassus, c’est-à-dire, par les Varduliens & les Gascons, surnommés Cantabres, à cause de la ligue avec les Cantabres, qui donnoient leur nom à tous les alliés.

CANTABRIE, Pays des Cantabres, habité, occupé par les Cantabres. Cantabria. La Cantabrie étoit une partie de l’Espagne Tarragonoise, qui comprenoit la partie occidentale de la Biscaye, & l’Asturie Santillane. M. de Marca se sert souvent de ce mot. Voyez l’Hist. de Béarn, L. I, ch. 19.

Le Royaume de Navarre étoit composé de la Cantabrie, de la Rioja & de la Bureva, que le Roi D. Sanche avoir détaché de la Castille, pour améliorer le partage de son fils, & de quelques places dans l’Arragon. P. d’Orléans. Le régiment de Cantabrie. On appelle encore la côte des quatre villes de Byscaye, côte de Cantabrie.

Cantabrie, est aussi le nom d’une ville épiscopale d’Espagne, située sur l’Ebre, mais dont il ne reste plus que des ruines sur une montagne, entre la ville de Logrone & celle de Viana. Le nom de cette ville fait juger à quelques Auteurs que les Cantabres, resserrés d’abord dans des limites assez étroites, avoient poussé dans la suite leurs conquêtes jusques-là. Cette ville étoit la capitale des Cantabres.

CANTABRIEN. Voyez Cantabre.

CANTAL. Montagne d’Auvergne. Le Cantal est élevé de 984 toises sur la surface de la Méditerranée. Maraldi. Acad. des Sc. 1703. Mém. p. 237.

Cantal. C’est une espèce de gros fromage qui prend son nom d’une montagne de la haute Auvergne, où il s’en fait beaucoup. On l’appelle quelquefois tête de Moine.

CANTALARRE. s. m. Les Ouvriers appellent ainsi le chambranle ou bordure simple d’une porte ou d’une croisée. Antepagmentum. Ce mot peut être formé de κοτά, autour, & labrum, lèvre ou bord.

CANTANETTES. s. f. pl. Terme de Marine. Petites ouvertures rondes, entre lesquelles est le gouvernail, & qui donnent la lumière au gavon. Fenestellæ.

CANTAR. Espèce de mesure. Voyez Alquier.

CANTABELLI. s. m. Espèce de vers qu’on appelle aussi vers de Mai, qui étant macérés dans l’huile, passent pour avoir les mêmes propriétés que l’huile de scorpion. Voyez le Dict. de James.

CANTARO. s. m. Poids dont on se sert en Italie, particulièrement à Livourne. Il y a trois sortes de Cantaros : l’un pèse 150 livres, l’autre 151, & l’autre 160.

Cantaro, est aussi une mesure de continence, dont on se sert à Cochin.

☞ CANTATE. s. f. Terme de Musique. Petit poëme fait pour être mis en musique, contenant le récit d’une action galante ou héroïque. Il est composé d’un récit qui expose le sujet, d’un air en rondeau, d’un second récit & d’un dernier air, contenant le point moral de l’ouvrage. Voyez les Cantates de Rousseau.

☞ On appelle aussi Cantate, la pièce de musique vocale accompagnée d’instrumens, composée sur le petit poëme de même nom, & variée de deux ou trois récitatifs, & d’autant d’ariettes. Il y a des cantates spirituelles ou de piété ; il y en a de galantes ; il y a des cantates françoises, des cantates italiennes. Les cantates françoises de M. Bernier, sont gravées. La cantate a passë depuis peu d’Italie en France. C’est une étrangère fantasque & capricieuse qui aura de la peine à se faire naturaliser, à obtenir un long séjour parmi nous, & qui n’y plaira qu’autant de temps qu’une nouveauté bizarre peut y plaire.

Le nom de cantate vient de l’Italien cantata.

CANTATÉ. Terme de Bréviaire. Il est latin. Le quatrième Dimanche d’après Pâques, est marqué du mot cantate dans les almanachs & éphémérides, à cause que l’introït de la Messe de ce jour, commence par ce mot. M. Bayle dit qu’il est certain que Luther fait ordonné Prêtre le Dimanche Cantâté de l’année 1507.

CANTATILLE. s. f. Petite cantate, dont la musique est ordinairement dans le goût Italien.

☞ CANTAZARO. Ville épiscopale d’Italie, au Royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure.

☞ CANTCHEOU, CANCHEU & CHANG-CHEU. Ville de la Chine, dans la Province de Kianfi, sur la rivière de Can.

☞ CANTECROIX. Petite Contrée des Pays-Bas, au Brabant, ou quartier d’Anvers, avec titre de Principauté. La petite ville de Lire en est le principal lieu.

CANTERME. s. m. Sorte de maléfice ancien. Maximien, Evêque de Syracuse, ayant trouvé chez lui des gens infectés d’un maléfice, nommé Canterme, les fit emprisonner. Fleury.

CANTHARE. s. m. Sorte de tasse dont on dit que Bacchus se servit dans son triomphe de l’Asie. Cantharus.

CANTHARIDE. s. f. Sorte d’insecte venimeux qui a des pieds & des aîles comme les mouches, & dont il y a diverses espèces. Cantharis. On l’appelle aussi mouche d’Espagne. Les cantharides se forment d’une espèce de vermisseaux qui naissent sur les blés & sur les feuilles du frêne & du peuplier. Les meilleures sont celles qui sont de différentes couleurs, qui ont sur les aîles des lignes jaunes transversales, & qui sont épaisses & récentes. On les fait mourir en les mettant au-dessus d’un vinaigre très-fort que l’on fait bouillir exprès, après quoi on les fait sécher. Elles peuvent se garder environ deux ans. Les cantharides sont très-âcres, & très-corrosives, de sorte qu’on ne s’en doit jamais servir intérieurement : elles sont ennemies de la vessie, qui en est même ulcérée, si on les applique par dehors, & qu’on les laisse un peu trop long-temps. On s’en sert fort souvent dans les vésicatoires, pour exciter des vessies sur la peau, & pour détourner par ce moyen quelque fluxion. Les cantharides ont pris le nom de cantharus, qui signifie cet animal qu’on appelle en françois fouille-merde, & en latin scarabæus venenosus. On applique des cantharides à la temple de ceux qui ont mal aux dents. Vossius a ramassé tout ce que l’on a dit des cantharides dans les chapitres 85, 86, 87, 88, 89, 96 & 98 de son IVe liv. de Idololatria.

CANTHEROU. s. m. Voyez Scarabée. C’est la même chose.

CANTHUS. s. m. Terme d’Anatomie. Le coin de l’œil, ou sangle de l’œil. Celui d’auprès du nez s’appelle le grand canthus, l’interne & le domestique, & par quelques-uns, arrosoir ou fontaine. L’autre qui est vers les temples, s’appelle le petit canthus, l’externe, ou le sauvage. Ce mot est grec, & est dérivé par du Laurens du verbe κνήθισθαι, qui signifie

démanger,