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CAP

captieux, & sophistiques. Clause captieuse dans un contrat. Tour captieux.

On qualifie souvent une proposition de captieuse, on la condamne comme captieuse. Or une proposition captieuse est une proposition qui sous un bon sens qu’elle pourroit avoir, en cache un mauvais, qu’elle a effectivement, & auquel elle conduit. On le dit quelquefois des personnes. Il faut se défier de ce chicaneur, c’est un homme captieux, & sujet à surprendre les gens.

☞ CAPTIF, IVE. adj. souvent employé substantivement. Esclave fait à la guerre. Captivus. On ne le dit guère qu’en parlant des guerres anciennes. Les Grecs ayant pris la ville, passèrent les hommes au fil de l’épée, & emmenèrent les femmes captives. Echanger les captifs. Les captifs étoient amenés en triomphe à Rome, & suivoient le char du vainqueur.

☞ On le dit en particulier des esclaves faits par un Pirate ou Corsaire, & plus particulièrement des esclaves Chrétiens que les Corsaires de Barbarie font dans leurs courses. Les Religieux Mathurins & ceux de la Merci sont établis pour la rédemption des captifs.

☞ Dans le style soutenu, on le dit de toutes sortes de prisonniers, tant des héros captifs, que figurément de ceux qui se sont laissé asservir sous le joug de quelque dangereuse passion. Ame captive. Cœur captif. La longue vie est le supplice d’une femme qui a mis tout son bonheur à traîner après elle une foule de captifs. Voit. Cette beauté a fait bien des captifs. Un captif mal gardé est pour nous une honte. Mol.

☞ Tenir quelqu’un captif, c’est le tenir dans une extrême sujétion. Ce mari tient sa femme captive.

☞ CAPTIVER. v. a. Rendre captif, ne se dit point au propre, mais il est employé dans le sens figuré, pour marquer le pouvoir qu’a sur le cœur la beauté & tout ce qui plaît. Ses apas, ses charmes captivent tous les cœurs, pour dire, qu’il n’y a personne qui puisse s’en défendre, y résister.

Loin ce bizarre amour, dont l’ardeur violente,
D’un plaisir criminel inspirant le poison,
En captivant le cœur, aveugle la raison. Vill.

On dit, captiver la bienveillance de quelqu’un, pour dire, la gagner, s’en rendre maître, en être assuré. Il est du style familier. Acad. Fr. 1740.

Captiver, dans la signification d’assujettir. Captiver l’esprit, l’humeur d’un jeune homme. Il y a des hommes qu’on ne sauroit captiver.

☞ Dans le style de l’écriture, captiver son esprit, son entendement sous le joug de la foi. Animum summittere ad ea quæ divinitùs credenda proponuntur ; captivare intellectum in obsequium fidei. Style de bible.

Captiver (Se). v. récip. Se contraindre, s’assujettir. Adstringere se. Ce Marchand ne fera jamais fortune ; il ne sauroit se captiver. Il faut se captiver auprès des grands.

Captivé, ée. part.

CAPTIVERIE. s. f. On nomme ainsi dans le Commerce des Nègres, qui se fait par les François au Sénégal, de grands lieux destinés à renfermer les captifs que l’on traite, & dans lesquels on les tient jusqu’à ce qu’ils soient en assez grand nombre pour être transportés aux vaisseaux, & envoyés aux îles.

CAPTIVITÉ. s. f. Esclavage, privation de la liberté. Captivitas. Il y a bien des pauvres Chrétiens qui languissent en captivité chez les Infidèles. Il a été plusieurs années prisonnier, & sa captivité ne lui a point abattu le courage. Les Israëlites furent longtemps en captivité. La captivité de Babylone.

Ton Dieu n’est plus irrité :
Réjouis-toi, Sion, & sors de la poussière ;
Quitte les vêtemens de ta captivité,
Et reprens ta splendeur première. Racine.

On appelle captivité des Juifs, le temps que les Juifs passèrent à Babylone, où Nabuchodonosor, après avoir pris la ville de Jérusalem, les fit conduire avec Joachim ou Joakin leur Roi, le souverain Pontife, les Prophètes Ezéchiel & Daniel, &c. Ils y restèrent jusqu’à ce qu’ils furent délivrés par Cyrus. La durée de cette captivité n’est pas douteuse, puisque l’écriture la fixe à soixante-dix ans ; mais les Auteurs ne conviennent pas du temps qu’elle commença. Le P. Pétau prétend que ce sur la première année du règne de Nabuchodonosor & la quatrième de Joakin. Ussérius la fait commencer une année plus tard. Tirin & quelques autres la font commencer vers l’an 13 de Josias. Cajetan, Génébrard & autres, mettent son commencement en la neuvième année du règne de Nabuchodonosor, & le P. Labbe prétend prouver qu’elle commença la dernière année du règne de Sédécias, lorsque le Temple fut brûlé mais son sentiment n’a pas prévalu sur ceux de Pétau & d’Ussérius, qu’on regarde comme les plus vraisemblables. Quoi qu’il en soit, ce fut le grand Cyrus qui mit fin à cette captivité prédite par Jérémie, en permettant aux Juifs dispersés de retourner à Jérusalem, & d’y rétablir le Temple de Dieu sous là conduite de Zorobabel.

Captivité, signifie figurément grande sujétion, empire tyrannique, ou rude. Servitus. Les Princes d’Orient tiennent leurs sujets en captivité. Ce maître tient ses valets en captivité.

Captivité, se dit aussi figurément des attachemens volontaires qu’on se fait pour contenter ses passions, & particulièrement son ambition & son amour. Un bon courtisan est dans une perpétuelle captivité auprès de son Prince. Un Amant languit dans une agréable captivité auprès de sa Maîtresse, On le dit aussi dans les matières de piété, pour marquer un dévouement entier au service de Dieu.

Un cœur qui vous possède, a tout ce qu’il desire,
Il règne, il est heureux dans sa captivité.

L’Ab. Tetu.

☞ CAPTUNACUM ou CAPTONACUM, & OPATINACUM. Nom d’une ancienne Maison Royale de France, dans la Neustrie. C’est presque tout ce qu’on en sait.

CAPTURE. s. f. Prise au corps de quelque débiteur, ou criminel, par des Archers ou Sergens, pour le mener en prison. Comprehensio. Ce Prévôt a pris un chef de bandit, c’est une belle capture. On a envoyé des Exemts & des Officiers pour faire la capture de ce rebelle, de ce banqueroutier. Par l’Ordonnance de 1670, les Prévôts des Maréchaux sont tenus, lors de la capture, de laisser copie de l’inventaire des meubles, hardes & autres choses dont les accusés sont saisis.

Capture, se dit aussi du butin que l’on prend sur l’ennemi. Præda. Ils ont fait là une bonne capture Dans cette acception, il est familier.

On appelle encore capture, la saisie des marchandises prohibées, faites par les Gardes des Fermes du Roi.

CAPUANUS. s. m. C’est le nom d’une des taches de la lune. C’est la treizième du catalogue du P. Riccioli, qu’il a plû aux Astronomes de nommer Capuanus.

CAPUCE. s. m. Morceau d’étoffe qui couvre la tête des Augustins déchaussés, & de la plupart des Religieux de S. François, & qui d’ordinaire est fait en pointe. Cucullus. C’est la même chose que capuchon.