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CAR

en épics, & dont le fruit est partagé en deux cellules dans chacune desquelles est une semence plate, arrondie, & terminée en pointe comme un cœur. Lorsque cette semence est mûre, elle est jaunâtre ou d’un rouge pâle, raboteuse, sur-tout quand elle est sèche, & tout-à-fait insipide. La décoction de ses feuilles & de sa racine brise le calcul ; leur décoction guérit la dysurie, & leur infusion dans l’eau chaude, appaise la toux & les douleurs du calcul. Dict. de James.

CARINE. s. f. Terme d’Histoire ancienne. Carina. Pleureuse, femme qu’on louoit autrefois chez les Romains pour pleurer dans les funérailles. On les nommoit ainsi du nom de la Carie leur pays, d’où on les faisoit venir la plûpart. Cæl. Rhodig. L. XVI, c. 3.

Carine. s. f. Terme de l’ancienne Architecture romaine. Carina. Les Romains appeloient carines les édifices bâtis en forme de navire, comme nous appelons nef, de navis, navire, le milieu des Eglises Gothiques, ou leur grande voûte, parce qu’elle en a la figure. Nous pourrions encore appeler carine, ou nef, toutes celles qui n’ont point de croisée. Et ce nom reste en effet encore à présent à quelques-unes, comme à celle de S. Sulpice de Bourges.

Carine. Terme de Botanique. Les anciens Botanistes donnoient ce nom aux écorces dures & osseuses qui recouvrent les fruits, comme celles des noix. Carinæ putaminum bifidæ. Les deux moitiés d’une coquille de noix. Les modernes donnent maintenant ce nom à une cavité terminée à ses deux extrémités par des angles aigus, représentant à peu près celle d’un navire. Ainsi le pétale inférieur des fleurs légumineuses porte le nom de carine. On désigne par ce nom dans quelques plantes de l’espèce des gramen, ce sillon creusé en angle aigu qui se trouve dans la longueur de leurs feuilles, & ces feuilles ainsi creusées, s’appellent en Botanique carinées, carinatæ. Dict. de James.

☞ CARINOLA. Ville du Royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec un Evêché suffragant de Capoue.

CARINTHIE. En allemand Karnten. Province du cercle d’Autriche en Allemagne, qui fait partie de ce qu’on appeloit autrefois la Pannonie, ou selon d’autres de l’ancien Norique. Carinthia ou Carnithia. Elle est bornée au midi par la Carniole & par le Frioul, au couchant par le Tirol, & par l’Archevêché de Saltzbourg ; elle a au nord & au levant la Stirie avec le comté de Cilley. La Carinthie est un pays montagneux, marécageux, & couvert de bois ; il ne laisse pas d’être assez fertile, particulièrement en pâturages. On la divise en haute & basse Carinthie, qui prennent leur nom de leur situation le long de la Drava. La capitale de Carinthie est Clagenfurt. La Carinthie a titre de duché ; elle est sous la domination de la maison d’Autriche depuis 1331. La manière dont on installoit autrefois le Duc de Carinthie est singulière. C’étoit les paysans qui faisoient cette cérémonie, & qui s’étoient acquis cet honneur en mémoire de ce qu’ils avoient été les premiers du pays à recevoir l’Evangile. Voyez le mot suivant.

CARINTHIEN, ENNE. adj. Qui est de Carinthie. Carinthius. Les Carinthiens, disent les Voyages Historiques de l’Europe, T. VI, rendoient autrefois hommage à l’Archiduc d’Autriche en cette manière : le peuple s’assemble dans une vallée proche de la ville de Saint Veit ; un paysan monte sur un marbre couché dans une prairie. Il a une vache noire au côté droit, & une cavalle à gauche. L’Archiduc, habillé en paysan, & tenant une houlette à la main, mais précédé de Gentilshommes richement vétus, s’avance à pied vers cette pierre. Quand il est proche, le paysan demande qui il est ? Le peuple répond, que c’est son nouveau Prince. Le paysan demande, s’il est Juge équitable, s’il cherche le bien du pays, s’il aime la Religion, s’il protège la foi ? Après quoi il dit aux Officiers du Prince : qui pourra me chasser de-là ? Le Maître d’hotel lui ayant promis soixante deniers, les deux bêtes qui sont à ses côtés, les habits que porte le Prince, & exemption de toutes sortes d’impôts pour toute sa vie, il descend de dessus la pierre, touche doucement la joue du Prince & lui recommande la justice. Cela fait, le Prince monte sur la pierre, change sa houlette en une épée nue, promet bonne justice au peuple, va à la grande Eglise, où ayant pris ses plus riches habits, il retourne au même endroit de la prairie, & y reçoit le serment de fidélité des Carinthiens.

CARIOLE, ou plutôt, CARRIOLE. s. f. Petite voiture à deux roues, & néanmoins suspendue sur des moutons, & couverte ordinairement de cuir. Minor rheda. La cariole de Poissi. Cet homme a fait faire une cariole pour aller seul à la campagne.

Cariole se dit encore d’une grande charrette de voiture, où il y a plusieurs bancs, pour asseoir ceux qui veulent venir par cette voiture. Telle est la cariole de Châteauroux. Je suis venu dans la cariole ou par la cariole de Châteauroux. Ailleurs on l’appelle simplement charrette. Ainsi l’on dit la charette de Cosne.

Ce mot vient du latin carrus, dont il est diminutif.

CARIPI. s. m. Espèce de cavalerie chez les Turcs. Les Caripi, au nombre de mille, n’ont pas été nourris dans les serrails, & ne sont point esclaves comme les autres ; mais la plûpart sont Maures ou Chrétiens renégats, qui ont fait le métier d’aventuriers, qui sont pauvres, qui cherchent fortune, & qui par leur adresse & leur courage sont parvenus au rang des gens de cheval de la garde du Prince. Ils marchent avec les Ulufagi à main gauche derrière lui, & ont dix à douze âpres par jour, sans être obligés d’entretenir plus d’un cheval, s’il ne leur plaît. Vigenere.

Caripi signifie pauvre & étranger, & ils sont ainsi appelés, dit Chalcondyle, L. V, parce qu’on les prend de l’Asie, de l’Egypte & de l’Afrique.

☞ CARIPOUS. Peuples de l’Amérique méridionale, au nord du Brésil & de la rivière des Amazones.

☞ CARIQUEUSE. (tumeur) Epithète qu’on donne en Chirurgie à une tumeur qui par sa figure ressemble à une figue sauvage, nommée en latin carica, parce qu’elle croissoit en Carie.

CARIS. s. m. Ragoût que font les Indiens avec du riz, du beurre, des herbes, & quelquefois du poisson ou de la viande, & force poivre.

CARISEL ou CRESEAU. s. m. Grosse toile claire qui sert pour travailler en tapisserie, de même que le canevas. Tela cannabina. On en vend de blancs & de teints.

CARISET. s.m. ou RARESE. Etoffe de laine croisée, qui se fabrique en Angleterre.

CARISIE. s. f. Nom de poire. La carisie est mise au rang des mauvaises poires par la Quintinie.

CARISTADE. s. f. Caritas, eleemosina. Ce mot vient de l’espagnol caridad, qui signifie aumône ; mais il ne se dit qu’en riant. Demander la caristade. Donner la caristade. Il paroît que ce nom vient des provinces méridionales de France.

CARISTIES. s. pl. Caristia. C’étoit une espèce de fête chez les Romains qu’on célébroit au mois de Février à l’honneur de la Déesse Concorde. On institua les Caristies pour rétablir la paix entre les familles qui étoient brouillées. On faisoit un grand repas où l’on n’invitoit point les étrangers, mais seulement les parens & les alliés ; la joie qu’inspire le repas étoit regardée comme un moyen propre à réunir des esprits divisés. On appeloit aussi cette fête dies charæ cognationis. Le jour de la chère parenté. Ovide parle des Caristies dans ses Fastes. Voyez aussi Valère Maxime, L. II, c. i, Rosinus, &c.

Le nom de Caristies vient du grec χαρίσια (charisia), qui est le nom de cette espèce de fête, de χάρις (charis), grace, union, paix. M. Blondel écrit Caristies sans h, suivant l’usage, qui a retranché l’h de quelques mots qui s’écrivent en grec par un