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CARLOVINGIEN. ENNE, f. m. & f. & adj. est le nom qu’on donne aux Rois de France de la seconde race. Carlovingus, ou, selon quelques-uns, Carolingus, Les Carlovingiens ont pris le nom de Charles Martel, père de Pepin le Bref, premier Roi de la race ou famille Carlovingienne, qui monta sur le trône en 751, & finit en 988. Il n’y a que quatorze Rois de France Carlovingiens. Le dernier Roi Carlovingien fut Louis V. Le Baron de Leibnitz a écrit les Annales des Empereurs Carlovingiens, depuis Charlemagne jusqu’à Henri l’Oiseleur. D’autres disent que ce nom lui a été donné de Charlemagne fils de Pepin, & second Roi de cette race, & qu’elle a pris son nom plutôt que celui du premier Roi Pepin, à cause de la gloire & des actions éclatantes de Charlemagne, le plus grand Prince de tous les Rois de cette race. Dans la décadence de la race Carlovingienne, les fiefs devinrent héréditaires. Le Gendre.

Rochefort dit Carlien pour Carlovingien, la race Carlienne, la maison Carlienne. Mezeray & Cordemoy disent Carlien ou Carlovingien, & d’autres Carlingue. Quelques-autres, comme Bardin, disent Carlien. Carlovingien est plus en usage. Heineccius remarque dans son ouvrage De Sigillis, P. I, c.VIII, n. VI, que les Sceaux des Carlovingiens sont bien travaillés ; ce qui vient de ce que Charlemagne fit revivre les Arts. Il décrit quelques-uns de leurs Sceaux au même endroit.

CARMAGNOLE. Carmaniola. Ville des Etats du Duc de Savoie en Italie. Elle est des dépendances du Marquisat de Saluces, quoi qu’elle soit dans le Piémont propre.

☞ CARMAIN. Petite ville de France, de la haute Gascogne, mais enclavée dans le haut Languedoc, à quatre lieues de Toulouse.

☞ CARMANCHA. Ville de Perse, & la dernière de ce Royaume, sur la route d’Amadar à Bagdat.

☞ CARMARDEN & CARMARTHE. Voyez Caer-marthen.

CARMATHE. f. Nom d’une faction Mahométane. Les Carmathes sont des rebelles de l’Arabie Heureuse, qui vers l’an de l’Hégire 300, ou dans le Xe siècle, se révoltèrent contre les Califes. L’an 319 de l’Hégire, 930 de J. C. le pèlerinage de la Mecque cessa, par la crainte des Carmathes, qui, en une seule fois, tuèrent plus de 20000 pèlerins. D’Herbelot.

CARMATIEN, ENNE. s. f. C’est la même chose que Carmathe, dont on vient de parler. Carmatianus, a. Les Carmatiens étoient une Secte musulmane en Arabie, qui s’éleva au Xe siècle, sous le Calife Almonetadir-Billa. Aboutaher, Carmatien, défit en 312 de l’Hégjre, 924 de J.C. la caravane de la Mecque ; en sorte que le pèlerinage cessa pendant douze ans. Fleury.

CARME. Ordre religieux, l’un des quatre Mendians, qui tire son nom & son origine du Carmel, montagne de Syrie, autrefois habitée par les Prophètes Elie & Elizée, & par les enfans des Prophètes, dont cet Ordre prétend descendre par une succession non interrompue. Voyez au mot Carmel. Ce que l’on peut dire de plus sur de son origine, c’est ce qu’en écrit Jean Phocas, Moine Grec de l’Île de Pathmos, qui visitoit les saints lieux en 1185. Il rapporte que sur le Mont Carmel, est la caverne d’Elie, qu’il paroît par des ruines des bâtimens qu’on y voyoit, qu’il y avoit eu là autrefois un grand Monastère ; que, depuis quelques années un Moine, Prêtre, & âgé, comme le témoignoient ses cheveux blancs, étoit venu de Calabre, & s’étoit établi en ce lieu par révélation du Prophète Elie ; qu’il y avoit assemblé dix frères, avec lesquels il y vivoit, dans le temps que lui, Phocas, écrivoit ceci. Gunther, Moine Latin, qui a fait la relation du voyage de Martin, Abbé de Paris, près de Bâle, dit la même chose. Voyez Leo allatius, Opusc, c. 3. Le B. Albert, natif du Parmésan, Chanoine régulier d’abord, puis Evêque de Verceil, & ensuite Patriarche de Jérusalem, donna à ces Solitaires vers l’an 1229, une règle contenant 16 articles, que le P. Papebroch a fait imprimer dans la vie de ce Saint, ch. 5. Acta SS. April, T. I, ad VIII, April. p. 778, en 1217, ou, selon d’autres, en 1226, le 3 Janvier. Honorius III approuva cette règle, & ordonna aux Hermites du Mont-Carmel de la garder, vu qu’ils l’avoient reçue avant le Concile de Latran, qui défendoit les nouvelles religions.

Après la paix désavantageuse que Frédéric II fit avec les Sarrazins en 1229, le Roi S. Louis en revenant de la Terre-Sainte amena des Carmes est France en 1254 & les établit à Paris, ainsi qu’en fait foi une lettre de Charles-le-Bel son arrière-petit-fils, de l’an 1322. Ils demeurèrent d’abord où sont à présent les Célestins. Leur règle avoit été confirmée par Honorius III dès 1217, & Innocent IV en mitigea la sévérité en 1245. Plusieurs Papes leur ont donné le titre de Frères de la bienheureuse Vierge Marie. Cet ordre est célèbre par la dévotion du Scapulaire, & par le grand nombre de Docteurs, de Prélats & de Saints qu’il a donné à l’Eglise. Il y eut dans le dernier siècle quatre Saints canonisés ; savoir, sainte Thérèse, S. André Corsin, sainte Magdelene de Pazzi, & le B. Jean de la Croix. Il a des Missions en Grèce, en Syrie, en Perse, au Mexique, au Pérou, au Brésil, aux îles Antilles, en Angleterre & autres lieux. Ces Missions sont partagées entre les Carmes de l’ancienne observance, que l’on appelle Mitigés, & les Carmes de la plus étroite observance, dits Déchaussés. L’ancienne observance n’a qu’un Général, auquel obéissent quarante Provinces, & la Congrégation de Mantoue qui a un Vicaire-Général. L’étroite observance a deux Généraux ; l’un en Espagne, qui a huit Provinces de son obéissance ; l’autre en Italie, qui a douze Provinces en diverses parties de l’Europe.

Il faut donc remarquer qu’il y a plusieurs réformes de l’ordre des Carmes, qui sont la Congrégation de Mantoue, établie dans un Monastère de l’ordre, situé dans les Alpes, en un lieu nommé Girone, dans le Diocèse de Sion, vers l’an 1432, par le P. Thomas Concète de Rennes en Bretagne, P. Helyot, T. I, c. 45.

Les Carmes de la Congrégation d’Alby, établie sous le Généralat du P. Baptiste, Mantouan, sous Léon X, & qui ne dura pas.

Les Carmes de l’étroite observance. Cette Congrégation fut établie à Rennes par le P. Pierre Bouhourt. Elle a environ 25 Couvens d’hommes, deux hospices & quatre Monastères de filles, qui forment une Province, qu’on appelle la Province de Touraine. On les nomme souvent Carmes de Bretagne. Les Carmes Billettes de Paris sont de cette Congrégation. Les Réformés de Flandre & d’Allemagne, s’appellent aussi de l’étroite Observance, & ceux qui ne sont pas réformés, s’appellent l’ancienne Observance. P. Heliot, Ibid. ch. 45 & 46.

Le P. Hardouin dans ses Opera varia, soutient que les Religieux Carmes s’appeloient primordialement en France Barrés, Barrati, & qu’ils furent appelés Carmes vers l’an 1290 à cause de l’Eglise ou Chapelle de Ste Marie de Carpino, du Carme ou charme, dont ils furent mis en possession au mont Ste Génevieve. Ainsi, selon ce savant homme, ils furent alors appelés Frères du Carme du mont Ste Génevieve : & par le laps de temps, il se fit une légère transposition dans leur nom ; en sorte qu’au lieu de dire comme auparavant, les Religieux du Carme, ou du Carmel du Mont, de Carpineto-Montis, on vint insensiblement à dire les Religieux du Mont-Carmel, de Monte-Carmelo.

Le Tiers Ordre des Carmes est différent de la Confrérie du Scapulaire. Selon Didace Martinez Coria, dans un Traité qu’il a fait sur ces Tierciaires, imprimé à Séville en 1592. Ces Tierciaires Carmes

descendent