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approchant de celui qu’on rend à Dieu même ; de là les livres Carolins.

Quelques Auteurs ont douté de la vérité & de l’antiquité de ces livres ; il y en a qui les attribuent à Angilran, Evêque de Mets ; d’autres à Alcuin ; & d’autres disent que ce furent les Evêques de France qui les composèrent, & qui y mirent la longue préface que nous y voyons vers l’an 790. Car le Pape Adrien ayant envoyé à Charlernagne les Actes du II Concile de Nicée, il les fit examiner par les Evêques, & ce fut la réponse qu’ils y firent. Les Livres Carolins furent envoyés au Pape Adrien environ le temps du Concile de Francfort, par Angilbert Abbé de Centule, & le Pape y répondit par une grande lettre adressée à Charlemagne, dans laquelle on ne peut assez admirer la douceur avec laquelle il répond à un écrit si plein d’emportement & de mauvais raisonnemens. ☞ Malgré cela on persista en France à rejeter les décrets qu’on n’entendoit pas ; & cette opposition ne cessa que quand on eut démêlé la véritable pensée des Grecs, & réduit à leur juste sens des expressions qui avoient paru outrées. Les Livres Carolins ont été imprimes premièrement par M. du Tillet, Evêque de Meaux, sous le nom d’Eriphile en 1549 avec un Concile de Paris, sur un ancien manuscrit. Hincmar les cite.

La Bulle d’or s’appelle aussi la Bulle Caroline, parce qu’elle fut faite par l’Empereur Charles V en 1656. Georges Bejer a imprimé la Constitution Caroline avec des scholies, & un abrégé du droit criminel selon la Constitution Caroline. Jour. des Sav. C’est une Ordonnance qui renouvelle les anciennes loix pour l’instruction & la décision des matières criminelles, & qui est suivie dans tous les Tribunaux de l’Empire. Elle a été imprimée à Paris en 1734. On dit substantivement la Caroline.

CAROLIN. Voyez Carlin.

Carolin. s. m. Monnoie de Suède. Carolinus. Les Sénateurs ont tenu une assemblée dans laqu’elle on proposa la diminution des espèces de cuivre & des Carolins. Gaz. 1722. p. 63.

CAROLINE. Plante. Voyez Carline.

Caroline. Contrée de l’Amérique Septentrionale. Carolina. C’est une partie de la Floride, qui se trouve le long de la mer du Nord entre la Virginie & la presqu’Ile de Tegasta. Elle est comprise entre le 29e & le 36e degré de latitude. Les François s’y établirent en 1562, & y bâtirent le fort de la Caroline. C’est pour cela qu’on l’appelle aussi Floride françoise. Les Anglois en sont les maîtres depuis 1660.

Caroline. s. f. Monnoie d’argent de Suède, qui vaut 7 marcs & demi, chaque marc valant huit roustiques ou six doubles au soleil, ce qui fait vingt sols de Suède, & revient environ à 19 de France, ou à 15 d’Hollande.

CAROLUS. s. m. Monnoie hors d’usage qui valoit il y a quelques temps dix deniers. Coroleus. Elle étoit marquée d’un K, parce qu’elle fut fabriquée du temps de Charles VIII Roi de France, & que le K étoit la première lettre de son nom. Cette monnoie ne passa pas le règne de Charles VIII. Louis XII la décria. Cependant elle se convertit, pour ainsi dire, en monnoie de compte ; car quoique nous n’ayons point d’espèce qui vaille 10 deniers, on se sert encore parmi le peuple du terme de Karolus, pour marquer cette somme. Le Blanc. Henri III refusa de donner bataille à Charles Duc de Maïenne pendant la Ligue, parce qu’il ne falloit pas hasarder un double Henri contre un Carolus ; car il avoit alors avec lui le Roi de Navarre qui depuis a été le Roi Henri IV. Il y a eu aussi des pièces d’or d’Angleterre valant 13 livres 15 sols, qu’on appeloit Carolus.

On dit proverbialement, quand on veut bien mépriser une chose, qu’elle ne vaut pas un carolus. On dit d’un homme riche, qu’il a bien des carolus.

CARON. s. m. Terme de Charcutier. Lardi segmens. Bande de lard d’où le maigre est ôté.

CARONCULE. s. f. Terme d’Anatomie, qui proprement signifie petite portion de chair. Caruncula, diminutif de caro. Il est fait du latin, qui est un diminutif de caro, chair. On donne ce nom à différentes parties du corps humain. La caroncule du coin de l’œil est une petite éminence qui est au grand coin de l’œil. Bartholin & quelques Anatomistes la prennent pour une glande lacrymale, & disent qu’elle est placée sur le point lacrymal pour empêcher que nous ne pleurions continuellement. Dionis prétend qu’ils se trompent ; que ce n’est point une glande lacrymale, mais seulement la réunion de la membrane intérieure des paupières. ☞ C’est une petite masse rougeâtre, grenue & oblongue, située entre sangle interne des paupières & le globe de l’œil.

Les caroncules mammillaires ou papillaires, carunculæ papillares ou mammillares, sont de petits corps ou parties des reins, ainsi appelées parce qu’elles ressemblent au mammelon. Rondelet prétend les avoir trouvées le premier ; mais c’est Carpi. Elles ont la forme des glandes & sont plus dures, & moins rouges que la chair. Elles ont la grosseur d’un pois, mais elles sont un peu plus larges par enhaut, & plus étroites par enbas, avançant un peu en pointe à l’endroit où elles sont percées, pour laisser tomber l’urine dans le bassinet.

Quelques-uns appellent caroncules cuticulaires, carunculæ cuticulaires, ce qu’on appelle communément nymphe. Voyez ce mot.

Les caroncules myrtiformes, carunculæ myrtiformes, sont quatre petites éminences charnues, qui sont dans la fosse naviculaire, situées de manière que chacune occupe un angle, & qu’elles forment toutes ensembles un carré. On les appelle myrtiformes, parce qu’elles ressemblent à des baies de myrte. Carunculæ myrteæ ou myrtiformes. Elles sont situées dans les parties naturelles des femmes, assez près de l’entrée ; elles sont rougeâtres, fermes & relevées dans les vierges, & elles sont jointes l’une à l’autre par leurs parties latérales, par le moyen de quelques petites membranes. Dans les femmes & sur-tout dans celles qui ont eu des enfans, elles sont séparées les unes des autres. Ces caroncules ne sont que des rides & des inégalités du vagin ; ce qui en rend l’entrée plus étroite.

☞ Quelques-uns prétendent avec plus de vraisemblance que c’est le coït qui leur donne naissance, & qu’elles ne sont autre chose que des portions de la membrane même de l’hymen déchirée, qui se sont retirées. Ces caroncules seroient donc une preuve de la défloration. Mais l’existence de l’hymen est-elle bien constatée ? Voyez Hymen.

CAROPHYLOIDE. s. f. Pierre figurée qui représente le clou de giroffle. Elle est de la nature du Talc & a la forme d’une cloche ; on y voit au-dessus une étoile à plusieurs rayons.

CAROS. Voyez Carus.

CAROSSIER. s. m. Arbre qui croît en Afrique, en Guinée, au royaume d’Issiny. C’est une espèce de Palmier. Il porte un fruit qu’on nomme carosse, qui est gros comme une prune, & qui n’est presque qu’une peau collée sur un noyau. Ces peuples le concassent, le brassent, & en font leur toro. Voyez Toro.

CAROTER. Voyez Carotter.

CAROTIDAL, ALE. adj. Terme d’Anatomie. Qui a rapport aux carotides. Carotidalis, e. Le conduit carotidal. Winslow. Le canal carotidal de l’os pierreux. Idem.

CAROTIDE. s. f. Terme d’Anatomie. C’est le nom qu’on donne à deux artères du cou, qui portent le sang au cerveau, & qui montent le long des côtés de la trachée artère, avec la veine jugulaire interne. Il y en a une de chaque côté. Carotides venæ : La droite vient du rameau droit souclavier ; & la gauche de l’artère aorte immédiatement. Les