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CAR

carrosse vient de carrus, carrum. Schrieck fait venir le nom françois carrosse, & le mot latin carrum, de l’hébreu חרוץ, carots, plaustrum, chariot.

Un carrosse coupé, est un carrosse qui n’a qu’un fond sur le derrière, & qui n’a tout au plus sur le devant qu’un strapontin. Currus accisus. Un carrosse à glaces, c’est celui qui est garni de glaces. Laminis cristallinis instructus, ornatus. Un carrosse drapé, est un carrosse de deuil, garni de drap dehors & dedans. Pullatis intra extraque pannis opertus. L’attelage d’un carrosse s’entend de six chevaux avec un volontaire, pour servir à la place de quelqu’un des autres à qui il arriveroit quelque accident. Ce Prince a trois attelages de carosse. L’attelage ordinaire n’est que de deux chevaux.

D’où vient cet embaras, ces carrosses de file ?
Quel spectacle nouveau fait accourir la ville ? Vill.

On appelle un homme à carrosse, une Dame à carrosse, ceux qui se distinguent du peuple par l’équipage d’un carrosse qu’ils entretiennent, qui font rouler carrosse. La sottise de l’esprit humain est telle, qu’il n’y a rien qui ne lui serve à aggrandir l’idée qu’il a de lui-même ; & si l’on y prend garde, il s’estime davantage à cheval, ou en carrosse, qu’à pied. P. Royal.

Les carrosses de louage sont de deux sortes. Les carrosses de remise & les carrosses de places, appelés communément Fiacres. Ces derniers à Paris ne sont pas si propres que les carrosses de remise. On les appelle carrosses de places, parce qu’on les trouve sur les places publiques à Paris, où ils attendent qu’on les loue ; & les autres, carrosses de remise, parce qu’ils ne sont point fut les places. Pour le nom de Fiacre, il vient du nom de celui qui a établi ces carrosses, & les a le premier fournis au public à Paris, & qui se nommoit Fiacre.

☞ Il y a aussi des carrosses publics pour aller d’une ville à une autre. Voyez Voiture publique.

Les Historiens, & sur-tout ceux d’Italie, ont appelé carrosse, le principal étendard d’une armée, qui étoit attaché à un arbre gros comme un grand mât, avec des cables, sur un chariot couvert d’écarlate, & tiré par quatre paires de bœufs caparaçonnés & couverts de satin blanc avec une croix rouge sur le milieu. Il avoit au haut une croix d’or fort brillante, & l’étendard étoit blanc chargé d’une croix rouge. Personne n’osoit prendre la fuite, tant qu’ils subsistoit debout. Il étoit à la garde d’un Capitaine, avec huit Trompettes & huit soldats d’élite, & il y avoit un Aumônier qui disoit tous les jours la Messe auprès. Les Auteurs en attribuent l’invention à Héribert, Archevêque de Milan vers l’an 1124. L’Empereur Othon IV, avoit un semblable carrosse. Plusieurs autres Princes en ont eu aussi, comme les Rois de Hongrie, & même les Sarrazins.

On appelle proverbialement un cheval de carrosse, un homme sans esprit, grossier & brutal.

CARROSSIER. s. m. Ouvrier qui fait & qui vend des carrosses. Rhedarum opifex. Ceux de ce métier sont plus connus sous le nom de Selliers. Dans leurs statuts ils ont la qualité de Selliers, Lormiers, Carrossiers ; & ils font à Paris un corps séparé d’avec les Bourreliers.

On appelle encore carrosser, un cheval propre pour le carrosse, principalement quand il n’est bon qu’à cet usage. Ce cheval est trop haut & trop matériel pour faire un cheval de maître, il n’est bon qu’à faire un carrossier. Il étoit monté sur un grand carrossier qui se secouoit d’une étrange manière,

CARROUBE ou CARROBE. Voyez CAROUGE.

CARROUBLE. s. m. Baudelot dans son histoire de Ptolémée Aulétès, p. 102, donne ce nom pour un nom de poisson. Je ne l’ai point trouvé ailleurs, & je ne sais quel poisson ce peut-être.

CARROUS. Voyez Carrousse. C’est la même chose, si ce n’est que carrous n’est plus en usage,

CARROUSEL. s. m. Course de chariots & de chevaux, fête magnifique que font des Princes, ou des grands Seigneurs pour quelque réjouissance publique ; comme aux mariages, aux entrées des Rois, &c. Ludus equestris. Elle consiste en une cavalcade de plusieurs Seigneurs superbement vêtus, & équipés à la manière des anciens Chevaliers, qui sont divisés en quadrilles. Ils se rendent à quelque place publique, où ils font des courses de bagues, des joutes, tournois & autres exercices convenables à la Noblesse. On y ajoute quelquefois des charriots de triomphe, des machines, des danses, des courses de chevaux, &c. & c’est de-là que ces fêtes ont pris leur nom. Les Maures y introduisirent les chifres & les livrées, dont il ornèrent leurs armes & les housses de leurs chevaux, avec plusieurs applications mystérieuses. Les Goths & les Allemands y ajoutèrent l’usage des cimiers, des masses de héron & des aigrettes. La plupart des machines sont des inventions des Italiens.

☞ Ces combats, qui tenoient de l’ancienne Chevalerie, prirent la place des Joûtes & des Tournois sous le règne de Henri IV. Depuis Louis XIV, ils ont cessé d’être de mode.

On appelle aussi carrousel, le lieu, la place où l’on a fait un carrousel.

Ce mot vient de l’italien carrosello, diminutif de carro. Men. Le P. François Menestrier Jésuite, a écrit des carrousels, des joûtes & des tournois. Il y décrit la pompe ou la marche des carrousels, le lieu ou la carrière des carrousels, les sujets des carrousels, les machines des carrousels, les récits & l’harmonie des carrousels, les personnes qui entrent dans la pompe des carrousels, les comparses, & toutes les actions ordinaires des carrousels.

Tertullien en son livre des Spectacles, attribue à Circé l’invention des carrousels, & veut qu’elle ait été la première à dresser le cirque & des courses en l’honneur du Soleil son père. De sorte que quelques-uns croient que ce mot vient de carrus solis, ou de caro del sole. Mais il y a plus d’apparence qu’il vient des chars & carosses qu’on y menoit.

CARROUSSE. s. f. Bonne chère qu’on fait en buvant ; & en se réjouissant. Larga & hilaris compotatio. Ils ont été trois jours chez un tel à faire carrousse. Ce mot est populaire & vient de l’allemand garhaus, qui veux dire, tout vuidé ; on sous-entend le verre ; d’où on a fait depuis carrous, & puis carrousse. Men. Borel le dérivent de κάρα, gaudium,

CARROY. s. m. Vieux mot, qui se trouve dans Marot. Place publique, grande & spacieuse où peuvent aller & venir les cars ou les carres, c’est-à-dire, les chars ou chariots. Forum.

 
Quand fut en plein carroy
Sur un haut lieu se mit en bel arroy. Marot.

CARRUCHEN. s. m. Espèce de petite carpe qu’on a apportée depuis peu de Hambourg en Angleterre. Hist. de l’Acad. des Sc. 1742, 31.

CARRURE. s. f. ☞ La largeur du dos par les épaules & un peu au-dessus. Voila un homme d’une belle carrure. Les Tailleurs se servent de ce mot en parlant de la taille d’un pourpoint, ou d’un corps de jupe, qui se dit particulièrement de l’espace qui est entre les deux épaules. Spatium inter humeros interjectum. On dit carrure de devant, carrure de derrière.

☞ CARS. Ville d’Asie dans l’Arménie, vers les sources de l’Euphrate & les frontières de la Géorgie.

CARSAYE. s. f. ou CRESEAU. s. m. Etoffe qui se fabrique en Angleterre,

CARSE. s. f. Mesure. Voyez Carre.

☞ CARSISTE. Voyez Carciste.

CARTAGE. Voyez Carthage.

☞ CARTAGER. v. n. Mot qui n’est en usage que dans l’Orléannois, pour signifier, donner à la vigne un quatrième labour. Cette quatrième façon devient nécessaire, quand la vigne a été fumée depuis la dernière recolte, principalement si l’année a été pluvieuse, à cause des herbes que le fumier & les pluies fréquentes font pousser.

CARTAHU. s. m. Terme de Marine. C’est une Ma-