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CAS

rus, le mont Amanus, l’Issus, les portes de Cilicie, Tarse, l’Île de Chypre, l’île de Rhodes, &c. & par conséquent ce pourroit être le passage qui donne entrée dans l’Albanie. Ptolémée les place aussi beaucoup plus au midi que ce passage. Voyez sa cinquième planche ou table de l’Asie ; & Pline, Liv. VI, c. 11. 14 & 34. On les appelle quelquesfois les portes de Teflis.

La mer Caspienne, que quelques-uns appellent mer Caspie ; mais Caspienne est plus en usage, ou plutôt seul en usage. On la nomme aussi dans l’antiquité, la mer d’Hircanie ou Hircanienne. Pline dit, L. VI, c. 13, qu’elle s’appeloit Caspienne depuis Cyrus. On l’appelle aujourd’hui communément de ce nom, & on lui donne encore ceux de mer de Sala, de Bacha, de Kisan, de Tabaristan, &c. Mare Caspium ou Hircanum. Il semble cependant que c’étoit la partie orientale que l’on appeloit proprement mer d’Hircanie, & la partie occidentale Caspienne ; mais on ne garde point exactement cette distinction, & l’on a donné indifféremment ces deux noms à toute cette mer, à cause que les Hircaniens & les Caspiens habitoient les côtes méridionales & les pays voisins de cette mer ; les premiers du côté de l’orient, & les seconds à l’occident. D’autres disent qu’elle prit ces noms des montagnes Caspiennes, qui la resserroient du côté du couchant, & des montagnes Hircaniennes qui la bornoient au levant.

Quoi qu’il eh soit, c’est un grand lac qui n’a de communication sensible avec aucune mer, quoique Pline & les Anciens ne l’aient regardé que comme un golfe de l’Océan Scytique, ou qu’ils aient cru que cette mer avoit communication avec le Palus-Mæotide. Cependant toute l’Antiquité n’a pas pensé ainsi. Hérodote & Diodore de Sicile conviennent que la mer Caspienne n’est jointe à aucune mer. C’est sa vaste étendue qui lui a fait donner le nom de mer. Clitarque dit dans Pline qu’elle est aussi grande que le Pont-Euxin. Eratosthène lui donnoit cinq mille quatre cens stades du nord au midi ; c’est-à-dire, environ 225 lieues ; quatre mille huit cens stades, c’est-à-dire, 226 lieues dans un autre sens, & encore 1400 stades qui font environ 60 lieues. Nous ne savons pas au juste l’étendue de cette mer. On croit que l’opinion la plus probable est celle qui lui donne 260 lieues du levant au couchant, & environ 200 du nord au midi. Cela revient à ce que dit Eratosthène. Oléarius écrit que sa longueur depuis l’embouchure du Volga Jusqu’à Férabath dans la Province du Mesanderan, est de huit dégrés, qui font six vingts lieues d’Allemagne ; & sa largeur du levant au couchant, de six dégrés, qui font 90 lieues. Tout cela paroît copié d’après Pline.

Quinte-Curce a écrit, Liv. IV, c. 4, que les eaux de la mer Caspienne sont plus douces que celles des autres mers. Cela n’est pas vrai, excepté du côté de l’Hircanie, qu’elles ne sont en effet ni douces, ni salées. Hoffman a donc eu tort d’assurer absolument & généralement que les eaux de la mer Caspienne sont douces. Cette mer est extrêmement poissonneuse, & Quinte-Curce dit qu’elle nourrit des serpens d’une longueur prodigieuse. Il ne sort aucune rivière de cette mer ; & il y en entre un grand nombre & de très-grandes, comme le Volga, le Jaik, le Chefel, le Jehun & l’Araxe. On ne sait ce que deviennent toutes ces eaux. On conjecture qu’elles s’écoulent par des conduits souterrains, ou dans la mer Noire, ou dans le golfe Persique, ou au travers de la terre dans l’Océan de l’hémisphère opposé ; ou qu’elles vont sourdre en différens endroits de la terre pour faire des fleuves comme par exemple l’Euphrate, le Tigre, &c.

CASQUE. s. m. Arme défensive pour couvrir la tête & le cou d’un Cavalier, qu’on appelle autrement heaume. Galea, cassis. Boileau, en parlant de l’inconstance de l’homme, conclut,

Il tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc,
Aujourd’hui dans un casque, & demain dans un froc.

Autrefois en France les Gendarmes avoient tous le casque. Le Roi le portoit doré ; les Ducs & Comtes argenté ; les Gentils’hommes d’ancienne race le portoient d’un acier poli, & les autres amplement de fer. Le Gendre.

Ce mot vient de cassicum ou cassicus, diminutif de cassis. Ménage. Sa racine a signifié une chose vide & creuse. On dit en espagnol casco, pour signifier la tete, ou un morceau d’un pot de terre cassé. On dit aussi casquer, comme le montre Nicot, en rapportant ces mots d’une Ordonnance de François I, touchant les services que sont obligés de rendre ceux qui tiennent des fiefs du Roi. Et celui qui tiendra fiefs ou trois cens livres de revenu par an, fera un homme de pied avec le corps de hallecret, le casquet & la pique.

On trouve aussi des casques sur les médailles ; & l’on y reconnoit les différentes façons de casques à la grecque, à la romaine. C’est la plus ancienne armure de tête qui paroisse sur les médailles, & la plus universelle. Les Rois, les Empereurs & les Dieux-mêmes s’en sont servis. Celui qui couvre la tête de la figure de Rome a d’ordinaire deux aîles ; comme le Pétase de Mercure ; celui de quelque à Rois est paré de cornes de Jupiter Ammon, ou simplement de taureau, ou de bélier, pour marquer une force extraordinaire. P. Jo.

Casque, signifie aussi figurément la tête. Caput. Il en a dans le casque ; pour dire, il a un peu la cervelle brouillée, soit de vin, soit de folie. En ce sens, il est bas. Il manque un clou à son casque ; pour dire, il est un peu fou.

Casque de Pluton. Les Cyclopes, selon la fable, en fabriquant la foudre de Jupiter, firent aussi un casque pour Pluton. Ce casque avoit la propriété de laisser voir tous les objets, sans que celui qui le portoit pût être vu lui-même. Persée emprunta ce casque admirable, dit Hygin, pour aller combattre Méduse.

Casque, qu’en termes de Blason on appelle aussi timbre, se met sur l’écu pour son principal ornement. C’est la vraie marque de Chevalerie & de Noblesse. Les Allemans mettent plusieurs casques sur leurs armes, quand ils ont plusieurs fiefs ou titres qui leur donnent des voix différentes dans les Cercles de l’Empire. Les Ecclésiastiques mettent aussi le casque sur leurs armoiries, quand ils sont Seigneurs temporels : & quelques Evêques le pratiquent en France, comme les Evêques de Cahors & de Gap. En Allemagne, les Electeurs Ecclésiastiques mettent autant de casques qu’ils ont de fiefs qui leur donnent séance dans les Cercles. Il y a eu un Archevêque de Cologne qui en a porté jusqu’à six. Les auteurs donnent divers noms à ces timbres ou casques. L’Impérial est celui sur lequel s’éleve une aigle ; le Royal celui qui est couronné ; le timbre d’exclamation, celui qu’on portoit dans les tournois, lorsque les Hérauts crioient pour faire connoître ceux qui entroient dans la lice ; le timbre éloigné, celui qu’on portoit quand on alloit chercher les aventures ; le timbre de hurte, celui qui étoit affilé en pointe par le devant pour faire glisser le coup ; le timbre de vol, celui qui avoit un vol au-dessus ; le timbre de défense, qui étoit entièrement fermé ; le timbre de tourbe, celui qui étoit tout uni pour les courses, qu’on appeloit la tourbe ou la foule, lorsqu’on couroit plusieurs ensemble ; & que l’on combattoit comme dans une mêlée, &c.

En Blason, on distingue les casques ou timbres par la forme & la situation. Ceux des Rois sont d’or, ceux des Princes & des grands Seigneurs, d’argent ; & ceux des simples Gentils’hommes, d’acier poli. A l’égard de la forme, ceux des Souverains sont ouverts, & tarés de front, & ont la visière levée ; les autres sont à demi-fermés & à divers nombres