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stique par réflexion d’une demi-circonférence circulaire, qui a reçu des rayons parallèles à son axe, est au diamètre de cette demi-circonférence, à peu près comme cinq à trois.

Comme toutes les caustiques sont produites par des rayons soit réfléchis, soit rompus, & que leur réflexion ou leur réfraction dépend de leur incidence, les caustiques changent nécessairement, selon que les rayons incidens ont une direction différente. Dans la caustique par réflexion formée au-dedans du demi-cercle, les rayons incidens sont supposés perpendiculaires au diamètre qui termine ce demi-cercle. Mais si ces rayons partoient tous d’une extrémité de ce diamètre pour aller frapper différens points de la circonférence concave, & qu’ils en fussent tous autant de cordes, il naîtroit une autre caustique. Elle seroit au diamètre de son demi-cercle générateur, comme quatre à trois, au lieu que la première étoit comme trois à deux.

M. Carré a donné dans les Mémoires de l’Académie 1703, pag. 183, la rectification des caustiques circulaires, des caustiques cycloïdales & paraboliques, & de leurs développées avec la mesure des espaces qu’elles renferment. On dit ordinairement, les caustiques de M. Tschirnhaus, comme on dit la Spirale d’Archimède, la Conchoïde de Nicomède, la Cissoïde de Dioclis, & les Développées de M. Huygens. Fontenelle.

CAUSUS. s. m. C’est-à-dire, Fièvre ardente. Espèce de fièvre continue, aiguë, accompagnée d’une chaleur brûlante & d’une soif qui ne peut s’éteindre. Ce mot est grec ϰαὺσος, il vient de ϰαιω, je brûle.

CAUT, AUTE. adj. Vieux mot, qui signifioit fin & rusé. Cautus, callidus, astutus. Le Roi d’Espagne (Philippe II,) est un grand Prince, sage, caut & avisé ; le plus puissant, & plus grand terrein de tous les Princes Chrétiens, & le seroit encore davantage, si toutes ses terres & Royaumes se tenoient, & étoient joints à l’approche l’un de l’autre. Sat. Ménipée. T. 1, p. 122.

☞ CAUTÈLE. s. f. Vieux mot, qui, dans quelques anciens Jurisconsultes, signifie la même chose que ruse & finesse.

Ce mot n’est en usage qu’en Droit Canonique, où il est synonyme à précaution, quand on parle des absolutions qu’on prenoit à cautèle pour se mettre en sureté de conscience. Cautio. Ainsi quand un Prêtre étoit excommunié, ou seulement interdit par une sentence, on disoit que, s’il vouloit déduire ses causes d’appel, afin d’être capable de dire la messe, il étoit obligé d’obtenir des Lettres d’absolution à cautèle. ☞ On conserve ordinairement l'expression latine ad cautelam, sans la franciser.

Aujourd’hui l’absolution à cautèle n’a d’autre effet que de donner droit d’ester en jugement, c’est-à-dire de vous donner permission de poursuivre votre droit en justice, & elle ne suspend point autrement la sentence : de sorte qu’un Prêtre excommunié qui a été absous ad cautelam, ne peut pas pour cela dire la messe.

CAUTELEUSEMENT. adv. D’une manière fine & cauteleuse. Vafrè, versutè, veteratoriè. Un chicaneur agit toujours cauteleusement quand il contracte. Ce mot n’est pas du bel usage, & ne se peut dire qu’en riant.

CAUTELEUX, EUSE. adj. Qui emploie la finesse & la ruse pour tromper. Vafer, versutus, versipellis, veterator. Il n’y a point de plaisir de traiter avec des gens cauteleux. Ce mot n’est en usage que dans le style simple, familier, ou comique, où il se prend toujours en mauvaise part. La Chapelle, en parlant de la sainte Baume, dit :

Le Démon cauteleux & fin,
En a fait l’abord effroyable,
Sachant bien que le Pèlerin
Se donneroit cent fois au Diable,
Et se damneroit en chemin. La Chap.

☞ CAUTÈRE. s. m. Terme de Chirurgie. Ouverture qu’on fait à la chair, dans quelque partie du corps, en la brûlant avec un bouton de feu ou avec une caustique, pour faire écouler les mauvaises humeurs. Voyez ces mots. Inusta lapide caustico plaga, ou causerium, qui signifie également le remède caustique & la plaie faite par ce remède. On fait un cautère, c’est-à-dire, une petite plaie ronde, avec un bouton de feu, un fer brûlant, ou avec un caustique quelconque, qu’on entretient en mettant dedans un petit pois, ou une boule de lierre, afin que les mauvaises humeurs du corps sortent par là. On a soin de panser tous les jours un cautère. On fait des cautères au bras, à la jambe, à la cuisse, & à la nuque.

Cautère signifie aussi le remède caustique avec lequel on fait cette plaie. Cauterium. Le cautère est actuel ou potentiel. Le cautère actuel est un bouton de feu, ou fer rougi, qu’on applique sur la partie, comme aux fistules lacrymales ; & aux chevaux sur les boutons de farcin. Les cautères actuels sont aussi ces fers recourbés, dont l’extrémité est faite en plusieurs fortes de figures, dont on se sert selon le besoin ; il y en a de cultelaires, d’olivaires, c’est-à-dire, de figure d’olive, &c. Le cautère potentiel, est un sel artificiel qui fait une brûlure sur la chair. C’est une substance dont le feu ne se développe que quand elle est appliquée sur le corps. Il se compose de chaux, d’eau forte, de cendre gravelée de figuier, de vigne, de tithymale, de troncs de choux, ou autres caustiques. Il s’appelle pierre à cautère. Lapis causticus. Ambroise Paré enseigne la manière de faire des cautères de velours, qu’il a ainsi nommés, à cause qu’ils ne font point de douleur, sur-tout quand ils sont appliqués sur des parties exemtes d’inflammation. On dit appliquer un cautère à quelqu’un, au bras, à la jambe, à la nuque.

Ce mot vient de ϰαίω (kaiô), uro.

CAUTÈRES. C’est un village situé dans cette partie des monts Pyrénées, qui est dans la Province de Bigorre. Il y a trois sources d’eau minérale, & quatre bains. Voyez le Dict. de James.

CAUTÉRETIQUE. adj. m. & f. & s. m. Terme de Médecine, qui se dit des remèdes qui brûlent, qui consument les chairs. Pyrotique. Causticus, pyroticus, a, um. Si un hydrophobe a été mordu à un endroit qui ne peut souffrir le fer, ni le feu, ni la ventouse, comme sont les extrémités des membres, & plusieurs endroits du visage, il faut alors avoir recours aux cautériques, ou pyrotiques, qui puissent consumer les chairs infcétées. Journ. des Sav. 1720, p. 172.

CAUTÉRISATION. s. f. Effet de la pierre caustique, opération par laquelle on applique un cautère, ou l’effet qui en résulte. Adustium, cauterium.

CAUTÉRISER, v. a. Appliquer un cautère. Cauterizare. Lapide caustico alicui plagam inurere. Cet homme s’est fait cautériser le bras.

On le dit aussi des caustiques qui corrodent les parties du corps humain. On a ouvert ce corps mort, on a trouvé ses boyaux, son estomac cautérisés par le poison, ou l’arsenic.

CAUTÉRISÉ, ÉE. part. Qui a des cautères, ou qui a été gâté par des caustiques ou corrosifs. Lapide caustico adustus.

Cautérisé, se dit aussi des fruits qui ont été battus de la grêle, ou bèquetés par des oiseaux ; qui ont des endroits creux & endurcis. Percussus grandine, aut avium rostro. Les poires de messire-jean sont sujettes à être cautérisées.

On dit figurément de la conscience d’un méchant homme, qu’elle est cautérisée. Vitiata, corrupta sceleribus conscientia ; pour dire, que les crimes y ont fait plusieurs taches, qu’elle est corrompue, endurcie.

☞ CAUTION. s. f. Terme équivoque. Il est quelquefois synonyme de cautionnement, acte par lequel on s’oblige à l’exécution de quelque engage-

ment.