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CE — CEA

☞ Quelquefois on ajoute, pour plus d’énergie, les particules ci & là, aux substantifs précédés de ce ou cet. Cette Dame-ci est plus honnête que cet homme-là. Ci indique un objet plus proche, là un objet éloigné.

Ce pronom a beaucoup de grace & d’énergie lorsqu’il est suivi du pronom relatif, qui.

Cette particule, en quelques manières de parler, se trouve retranchée devant que ; mais ces manières de parler sont vieilles, & ne s’emploient plus.

Voyez que c’est du monde & de l’orgueil humain.

P. Le Moine.

CE est aussi un substantif, & signifie la chose dont on parle. Voila ce dont il s’agit. En vertu de ce que dessus. Ce qui résulte de ce discours. Remarquez qu’il est plus élégant de répéter ce au second membre de la période quand elle a commencé par-là, que de le supprimer. Par exemple, ce qui est le plus déplorable, c’est ici ; c’est est mieux que, est. Ce qu’on souffre avec le plus d’impatience, ce sont les perfidies. Dans ces exemples, la particule ce signifie la chose qui est déplorable, ou qu’on souffre. Toutes ces expressions se rendent en latin par le pronom neutre id suivi du relatif quod. Mais quand on dit, ce furent les Romains qui domptèrent : alors la particule ce est sans nombre, & ne régit point le verbe qui suit. Au contraire le verbe substantif qui marche après, est déterminé au singulier, ou au pluriel par le substantif qui vient ensuite. Vaug. Corn. Le pronom ce, joint à quelques particules, sert à former d’autres pronoms, ceci, cela, dont nous parlerons en leur place.

Outre ce. Manière de parler qui n’est plus en usage ; on dit aujourd’hui, outre cela. Ad hæc, præterea, præter hæc.

On dit au Palais quand on infirme une sentence, qu’on a mis l’appellation & ce dont il a été appelé, au néant ; on sous-entend la sentence. C’est une formule de prononcer que les Cours supérieures se sont réservées. Les autres Juges prononcent par un mal jugé. Quelquefois on dit absolument, on a mis l’appellation & ce ; c’est-à-dire, que l’appelant a gagné sa cause. On dit, à ce qu’il soit dit ; pour dire, afin qu’il soit dit. A ce que j’entends, pour dire, comme on me fait croire.

Ce dit-il, ce dit-on. Ces phrases ne sont pas du bel usage, en écrivant ; & dans un discours soutenu, grave, sérieux, il faut dire, dit-il, dit-on. Inquit, aiunt.

Ce, pour il, dans ces phrases & autres semblables. Quelle heure est-ce ? Ce lui fut force de hazarder bataille ; il n’est plus en usage ; il faut dire, quelle heure est-il ? il lui fut force. Vaug. Et même cette dernière phrase a aujourd’hui quelque chose d’embarrassé ; on ne peut s'en servir que dans le discours familier.

Ce peu veut dire le peu de choses faites. Faites part aux pauvres de bon cœur, & avec joie, de ce peu que vous avez. Port-R. On ne dit jamais ce beaucoup, quoiqu’on dise fort bien ce peu.

Ce peu de lignes, pour dire la courte lettre, le billet, expression bourgeoise qui a vieilli.

On dit aussi adverbialement, c’en est fait. Actum est. C’est moi. Ego sum. C’est pourquoi. Quapropter. C’est à savoir. Scilicet, videlicet. C’est mon devoir. Ita placet.

On dit encore, quoique ç’en soit. Ut ut est. Ce, dit-il. Ait. Ce dit-on. Aiunt. Ce néanmoins. Ce fut un tel. Ce sont les gens de bien, &c.

On dit aussi c’est mon, par une basse ironie ; on sousentend avis. Ita censeo. Vraiment, c’est mon.

CEA.

CEADDE. s. m. Nom d’homme qui se prononce Cedde. Cealdas. S. Ceadde, Evêque de Lindish, puis de Lichfield en Angleterre, étoit de Northumberland, & vivoit au VIIe siècle. Il mourut en 672.

CÉANS. adv. Terme demonstratif du lieu où l'on est quand on parle. Hic, in hac domo, in his ædibus, hic intùs. Le maître de céans. N’y a-t-il personne céans ? Venez céans, c’est ici. Dieu soit céans. Monsieur... revint hier céans. De Fénelon. Ce mot n’est que du style familier.

Quoi ! je souffrirai moi, qu’un cagot de critique
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ?

Mol.

CEAU. s. m. Autrefois on disoit ceau pour ciel.

De roses y ot grand morceau
Si belles n’avait sous le ceau. Rom. de la Rose.

CEB.

CEBI-PIRA. s. m. Arbre du Brésil, dont l’écorce, qui est amère & astringente, entre dans des bains & des fomentations qui passent pour excellens dans les maladies qui ont pour cause le froid, dans les tumeurs des pieds & du ventre, & dans les douleurs de reins, que les Portugais appellent Curimentos. Elle est astringente & tant soit peu acrimonieuse. On s’en sert pour la galle, les dartres & les autres maladies cutanées de la même espèce.

CEC.

CECHIN. s. m. C’est la même chose que Sequin. Voyez ce mot.

CECI. Pronom démonstratif qui se dit pour, cette chose-ci, en parlant d’une chose presente ou peu éloignée. Hoc. Que veut dire ceci ? Ceci est étrange. Ceci n’a point d’exemple. Ce pronom ne se met devant & avec le verbe est, que lorsque le mot qui suit est adjectif, & jamais quand c’est un substantif. Par exemple, ceci est beau, ceci est admirable. Ceci n’est pas assez bien traité ; il faut le retoucher. Mais on ne dit pas ceci est mon chapeau ; ceci est mon gant ; ceci est mon livre, mon ouvrage ; ceci est ma maison ; ceci n’est pas mon cheval. il faut se servir de ce  ; en séparant ce de  ; & dire, c’est là mon chapeau, mon gant, mon livre ; c’est-là ma maison ; ce n’est pas là mon cheval. Voilà l’usage. Cependant il en faut excepter cette phrase de l’institution & de la consécration de l’Eucharistie, ceci est mon corps, ceci est mon sang, que l’usage a consacrée. Le P. Bouhours a eu la pensée de traduire, c’est-là mon corps ; c’est-là mon sang, disant que la manière ordinaire n’étoit point françoise ; que c’est-là marquoit en françois la substance même de la chose, comme il paroît par les exemples que nous venons de rapporter ; qu’ainsi c’est-la mon corps, signifie proprement en françois, & selon l’usage, cette chose, cette substance est mon corps, & n’est plus du pain ; que pour signifier le lieu d’une chose, par exemple, du corps de J. C. il ne faut pas dire, c’est-là mon corps, mais mon corps est là, ou là est mon corps. Cependant, comme cette phrase est consacrée, quoiqu’elle fût contre l’usage ordinaire, il n’y voulut rien changer.

On dit familièrement : ce n’est ni ceci ni cela ; c’est-à-dire, il ne s’agit point de tout cela.

CÉCILE. s. f. Nom de femme. Cæcilia. Les actes du martyre de sainte Cécile ne sont point sûrs. Fortunat de Poitiers, le plus ancien des Auteurs qui ont parlé de cette Sainte, fait entendre qu’elle mourut en Sicile.

Quelques-uns donnent aussi dans notre langue ce nom à ceux qu’on appelle en latin Cæcilius, & qu’ils appellent encore Céciliens. Il est mieux pour éviter l’équivoque de retenir le mot latin Cecilius, & de dire les Cecilius, la famille Cécilia, que de dire les Céciles ou les Céciliens, & la famille des Céciliens. Il paroît que nos Antiquaires en usent ainsi, & qu’ils retiennent le mot latin. D’ailleurs si l’on traduit Cæ-