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CAU

CÉDON. s. m. Petite plante qui fleurit blanc, & en pyramide. Il faut écrire sedum.

CÉDRAT. s. m. Espèce de citronnier, dont le fruit est très-doux & odoriférant. Malum citreum dulcissimà medullâ. Quelques-uns écrivent Cédrac, aulieu de Cédrat ; mais mal. La Quintinie dit que c’est un oranger, & non pas un citronnier. Les feuilles de l’oranger, nommé Cédrat, ont le même goût que l’orange même, & pouroient contribuer a faire de la limonade. La Quint. Le fruit de cet arbre s’appelle aussi Cédrat ou Cédra.

CÈDRE. s. m. Cedrus. Se prend souvent en François pour le bois du cèdre du Liban. On dit, un câdre, une bordure de cèdre. On imite la couleur de cèdre par la teinture rougeâtre qu’on donne aux ouvrages qu’on veut faire passer pour bois de cèdre ; mais l’odeur sert à en faire la différence, le véritable cèdre ayant une odeur fort aromatique. On appelle à Paris cèdre, le bois de l’Acajou rouge, parce qu’il est rougeâtre & d’une odeur aromatique, qui tient un peu du santal. Ce dernier est très-amer au goût. On ne connoît point le caractère de l’Acajou rouge. Du Tertre en parle en son second volume de son Histoire des Antilles, p. 159.

Cèdre. s. m. Cedrus. Est le nom de deux ou trois arbres bien différens les uns des autres. Il est très-difficile de concilier les Anciens avec les nouveaux sur ce qu’on doit appeler proprement cèdre. Par les descriptions de Dioscoride & de Théophraste, ce n’est point un arbre conifere : peut-être ne connoissent-ils pas notre cèdre du Liban. Mais sans entrer dans ces discussions, dans lesquelles on ne peut avancer que des conjectures, nous conserverons ce nom de cèdre aux arbres & arbrisseaux auxquels nos prédécesseurs l’ont voulu attacher ; mais pour les distinguer, nous leur ajouterons le nom du pays, où apparemment on les a trouvés plus communément. L’arbre que nous nommons à présent cèdre, vient du Mont-Liban, & c’est une espèce de Mélese. Voyez Mélese, où l’on en parle amplement. Les Anciens faisoient mention de deux cèdres, l’un de Phénicie & en Cilicie, qu’on appelle Oxycèdre, & ils le comparoient au Genévrier ordinaire, dont cependant il étoit différent par ses fruits, qui étoient beaucoup plus gros, & qui étoient rougeâtres. Voyez Genèvrier. Et ils nommoient enfin cèdre de Lycie, cedrus Lycia, cedrus folio Cupressi, un arbrisseau dont les feuilles approchent de celles du Cyprès. Ses fleurs sont de petits chatons fort courts. Ses fruits sont des baies rougeâtres, rondes, beaucoup plus grosses que celles du Genévrier, & qui contiennent plusieurs semences. Ce cèdre croît en Languedoc, & il y en a deux espèces qui se distinguent toutes les deux par leur hauteur, & la grosseur de leurs fruits. M. De Tournefort a trouvé deux espèces de ce dernier cèdre dans son voyage du Levant. Elles s’élèvent en arbre : elles sont très-puantes ; au lieu que celui qu’on vient de décrire n’est point si désagréable, son odeur approchant du Cyprès & de la Sabine.

Le bois de cèdre est presque immortel & incorruptible, parce qu’il est fort amer, & que les vers n’aiment que ce qui est doux. C’est pourquoi les Anciens se servoient de planches de cèdre pour écrire les choses d’importance, comme on peut recueillir de ce passage de Perse ; Et cedro digna loquutus. On en bâtit des palais & des navires. Cet arbre est toujours vert, & aime les lieux froids & les montagnes ; & si on lui taille sa cime, il meurt. Le cèdre du Liban est semblable au sapin, que les Grecs appellent ἐλάτη (elatê), les Latins, cedrus major, cedrus Phœnicia, Syriaca, ou en un mot cedrelate. Son écorce est polie, lissée & sans mousse, excepté la partie qui est depuis la terre jusqu’aux premières branches, lesquelles environnent l’arbre presque depuis la terre jusqu’à la cime en guise de roue. Elles poussent par certains intervalles toujours en diminuant jusqu’en haut, de sorte qu’elles représentent une pyramide. Ses feuilles sont semblables a celles du pin ou mélese, mais plus courtes, & ne sont point piquantes. Bruyn, dans son Voyage de la Terre-Sainte, dit que les feuilles des cèdres du Liban qu’il alla voir, sont semblables a celles du romarin ; que les petites feuilles qui sont aux branches montent en haut, & que le fruit pend en bas. Ce fruit est fait en pommes semblables à celles des pesses, mais plus longues, plus dures & plus nourries, & sont difficiles à détacher de leurs queues. Elles contiennent une graine semblable à celle des cyprès, & jettent une résine grasse, épaisse, transparente, d’une odeur forte, qui n’est point coulante, mais qui tombe goutte à goutte. Les Arabes l’appellent kitran ou alkitran. Salomon donna plusieurs villes au Roi Hiram, pour les cèdres qu’il lui avoit envoyés pour bâtir le temple de Jérusalem. Fernand Cortez fit bâtir un Palais à Mexique, où il y avoit sept mille poutres de cèdre, la plûpart de douze cens pieds de long, & douze de tour, à ce que dit Herréra. Il y avoit un cèdre abattu en Cypre qui avoit treize cens pieds de long, & si gros, que trois hommes avoient de la peine à l’embrasser. Il servit à la galère de Démétrius. Bruyn dit que des deux plus remarquables qu’il vit sur le Mont Liban, l’un avoir cinquante-sept paumes de tour, & l’autre quarante-sept.

Ce mot vient du grec ϰεδρος (kedros), qui a la même signification, qui vient de ϰαίρω (kairô), uro, de ϰυώδης (kuôdês), suavè olens. Le cèdre brûlé rend une odeur fort bonne.

On dit proverbialement ; depuis le cèdre jusqu’à l'hyssope, pour dire, depuis le plus grand jusqu’au plus petit. Cette phrase est prise de l’Ecriture, troisième Livre des Rois IV, 33, où il est dit que Salomon avoit écrit sur les arbres depuis le cèdre, qui est sur le Mont Liban, jusqu’à l’hyssope d’une masure. On dit aussi dans le même style de l’Ecriture, les cèdres du Liban, pour signifier les Grands, les Puissans du siècle, les orgueilleux.

On a donné pour devise à un Collège célèbre, un cèdre chargé de fleurs & de fruits, avec ce vers du Tasse, Mentre che spunta l’un, l’altro matura. Et pour marquer la pureté du Cardinal Horace Spinosa, un cèdre, avec ce mot, A putredine tuta. Le même arbre, & ce mot Italien, Nel fiore il frutto, est la devise qu’un Italien fit pour marquer la fécondité virginale de la Sainte Vierge.

Cèdre de Gaza ou Gaze. C’est un fruit dont Bruyn parle dans son Voyage du Levant, p. 303. Il en décrit deux, dont l’un avoit deux caïeux, qui au bout se terminoient en pointe. Le fruit étoit d’une grosseur extraordinaire ; sa longueur jusqu’à la pointe ayant 14 pouces, & son diamètre étant de 5 pouces trois quarts : l’autre avoit treize pouces de long & six de diamètre. Ce fruit a peu de suc. On le peut manger comme des limons doux.

Cèdre doux. Espèce de Citronnier qu’on appelle aussi Cédrat. Voyez Cédrat.

On appelle aussi cèdre, une espèce de citrons, dont se fait une certaine boisson, que l’on nomme Aigre de cèdre. Acad. Fr.

CÉDRIE. s. f. Résine qui sort du cèdre. Cedria. C’est une liqueur, qui pour être bonne, doit être grasse, épaisse, transparente, d’une odeur forte, & telle qu’en la versant elle ne coule point trop vite, mais qu’elle tombe également goutte à goutte. Elle a deux qualités bien opposées : elle conserve fort long-temps les corps morts, parce qu’elle en dessèche & consume les humeurs superflues, sans endommager les parties solides. ☞ C’est pour cela que les Egyptiens s’en servoient dans leurs embaumemens ; & au contraire elle putréfie les chairs molles & délicates des corps vivans, sans qu’on en souffre aucune douleur ; ce qui vient sans doute de la chaleur des corps vivans, qui donne de l’agitation aux parties de cette résine, & en augmente la force.